Sur l’esprit français
de résistance.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et
élu local.
Je réapparais depuis mon dernier
article écrit il y a plusieurs semaines. J’étais pris professionnellement puis
je suis parti en Russie avec des universitaires, des experts, des diplomates et des parlementaires
français, comme observateur international à l’occasion de l’élection
présidentielle du 18 Mars 2018. Nous avons retrouvé sur place d’autres
observateurs de nombreuses nationalités différentes, envoyés par les
organisations inter nationales ou des
ONG s’intéressant à la sincérité du scrutin. On connait le résultat : M.Poutine
a été réélu. Je n’ai pas à commenter. J’avais été affecté à des milliers de
kilomètres de Moscou, dans une métropole de plus d’un million d’habitants,
située dans l’Oural du sud, aux portes de la Sibérie. J’ai parcouru, un peu, la steppe enneigée et
parfois glaciale. Nous avons rencontré des électeurs voulant voter et contents
d’exercer ce droit élémentaire, vraie première élection libre selon eux, sans
que nous soyons dupes des imperfections
voire d’irrégularités qui affectent aussi d’ailleurs des pays habitués à
l’état de droit, nul n’étant parfait, ce qui n’excuse rien. La démocratie selon
nos critères à nous, s’apprend. Je suis revenu non pas comme Ulysse qui est un
héros mythologique, ni comme celui qui conquit la toison, je reste lucide, pour
reprendre le cours ordinaire de ma vie. Et je renoue avec les commentaires
franco-français à la suite des attentats de Trèbes commis par le même homme…et
qui m’ont choqué comme tout le monde. On
ne peut s’habituer à la barbarie.
Le président
de la république en rendant mercredi 28 Mars un hommage national au colonel de
gendarmerie- Arnaud Beltrame défini à
juste titre comme un héros qui s’est sacrifié-on l’a égorgé semble- t- il ce qui est significatif - pour sauver la vie d’une otage , a évoqué
l’esprit français de résistance, avec
raison. Ce militaire ne doit être récupéré par personne. Il appartient à
sa famille et à la nation tout entière. Il n’y a pas naturellement que les français qui ont résisté au cours des
ans et qui ont le monopole de ne jamais céder .Winston Churchill avait promis
au peuple anglais du sang, du labeur, des larmes et de la sueur le 13 Mai 1940.
D’autres peuples ont résisté à l’invasion, aux tyrans de toute nature, ont fait
tomber les murs , détruit les camps et se sont libérés en espérant vivre mieux
dans la paix, ce qui est parfois difficile à obtenir on le voit actuellement dans beaucoup de pays
en guerre civile ou de conquête. Mais les français qui portent des valeurs
universelles ont beaucoup donné au cours des siècles pour la résistance à
l’oppression , pour les libertés en général
et pour montrer l’exemple : il y
a ainsi un esprit français -qui n’est pas du chauvinisme ou du narcissisme- qui
est fait de nos qualités collectives voire de nos défauts, de notre culture, du
sens de nos devoirs envers les autres et du message d’harmonie, de
cartésianisme et de fraternité à délivrer. France Gall chantait « résiste,
prouve que tu existes, cherche ton bonheur partout , refuse ce monde égoïste ».
C’est beau mais très individuel. Il faut
que chacun d’entre nous à son niveau de moyens et là où il se trouve, assume
ses devoirs et ne revendique pas que des droits, participe à la revitalisation
et à l’ambition de la nation, sans se laisser séduire par des sirènes qui
nagent dans des eaux troubles et n’abordent dans aucun port, et conforte les
valeurs républicaines traditionnelles ou rénovées puisqu’il semble que tout le
monde ne les partage pas ou ne les comprend pas de la même façon. Les principes
ne sont pas intangibles , et ils ne sont pas toujours figés dans le marbre : il
est possible de les revisiter en les appliquant cependant. Personne n’est
infaillible : « Pour grands que soient les rois ils sont ce que nous
sommes : ils peuvent se tromper comme tous les autres hommes »(Corneille).
Il ne s’agit
pas pour le quidam de devenir héroïque. Personnellement je n’en ai ni l’étoffe
ni l’ambition ne sachant pas d’ailleurs dans quel domaine exceptionnel je
pourrai y parvenir : il me faudrait un évènement inattendu où je me dépasserai
malgré moi, à mon insu. Le colonel Beltrame a agi volontairement, après une
prise de décision ultra rapide, en ayant
pesé ses risques, mais en décidant que c’était son devoir
en conscience. Fermez le ban et képi bas.
Il aurait pu s’abstenir, diriger l’assaut et se protéger personne ne lui
en aurait voulu. Le sacrifice n’est pas encore inclus dans les obligations du
militaire ni dans sa déontologie. Mais il l’est dans ses gênes, dans son
choix de servir, dans sa volonté de défendre une cause qui le dépasse. On
devrait s’en souvenir en permanence pour tous ceux (y compris pompiers,
infirmiers, médecins) qui ont fait le choix de notre sécurité et qui parfois
sont attaqués quand ils viennent dans des cités ou ailleurs pour exercer leurs
missions. Les français doivent être cohérents. Ils ne peuvent porter aux nues
les forces de l’ordre à la suite d’attentats contre Charlie ou au bataclan, et
dans le même temps voir des bavures partout lors d’interventions difficiles contre des « petits jeunes » mais
anciens et actuels délinquants -sauf infractions avérées car personne n’est au-
dessus des lois, ni en dessous d’ailleurs- et toujours choisir le voleur contre
le gendarme comme à guignol. Cela ne fait plus rire.
La
résistance nous renvoie automatiquement aux figures légendaires des siècles
passés et plus près de nous du général de Gaulle, de pierre Brossolette et jean
Moulin, du commando Kieffer et de tous ceux anonymes qui ont donné leurs vies
pour que nous vivions libres .Des héros inconnus comme le soldat sous l’arc de
triomphe. Le président a cité aussi Jeanne d’Arc qui a réussi car
elle ne savait pas que c’était impossible.
Tous avaient
une certaine idée de la France.
Certes
résister à l’agresseur ou à ceux qui nous menacent , qui ne respectent pas la
vie des autres ni la leur au passage ou les libertés pour imposer leurs
croyances et certitudes et qui ont décidé froidement de tuer le plus de monde
possible, est un devoir absolu. Mais
encore faut- il en avoir l’abnégation, la dimension et le courage. Il faut admettre que tout le monde n’est ni
doué ni enclin à agir, et que le confort personnel permet de commenter de
loin. Pourtant la sécurité est l’affaire
de tous. L’Etat ne peut mettre des policiers et gendarmes partout ; personne ne
peut deviner même pas les spécialistes des mentalités ou des psychologies complexes sauf à être des
pythies, le moment du passage à l’acte
de quelqu’un qui dissimule ses intentions, ses idées , qui manipule les proches
et les autorités, qui se prépare et attend un ordre ou décide tel jour d’aller
au combat dans l’extase de son délire. Nous devons donc être collectivement
convaincus que notre sécurité nous
appartient, que l’on ne doit pas constamment exiger ce qui nous plait, que nous
avons un devoir de modération, que les responsables politiques, syndicaux ou
médiatiques ne doivent pas tout monter en épingle ou dire non systématiquement
à toute proposition, et que de notre
union qui n’exclut ni désaccord ni « lutte » pour ses droits dépend notre
protection. Nos agresseurs ont identifié depuis longtemps la faiblesse des
démocraties et des peuples qui aiment contester, être contre tout et son
contraire, qui respectent le droit et les libertés. Il ne faut pas en rajouter
par des polémiques stériles, politiciennes ou idéologiques. Il faut se dominer
et agir tant à titre préventif qu’après coup sans rajouter de la loi aux lois,
même si parfois elle est nécessaire.
L’indignation
c’est bien mais après. Que signifie résister à notre époque ?
On a connu la terreur de 1793 à thermidor an
II en 1794, et les attentats à Paris à la fin du 19ème siècle par exemple. Les
plus anciens dont je suis se rappellent ce que leurs parents et grands parents
leur ont dit en l’ayant entendu de leurs parents avec les conflits dans la
première moitié du 20ème siècle, puis
l’ont vécu avec le nazisme et la shoah ; le communisme et le
goulag ; les guerres de décolonisation ou les « évènements » sur des
territoires extérieurs à la métropole ; les insurrections diverses et les guerres civiles ; ou pour ceux qui
sont des anciens plus jeunes, les boat-
people qui fuyaient le Vietnam, les khmers rouges au Cambodge, ( liste non
exhaustive) ,et des réfugiés et des victimes de toute nature. Résister avait une signification claire. On
luttait pour sa vie, pour celle du voisin, pour la survie d’une communauté,
pour la nation, pour continuer à exister collectivement. Actuellement nous
luttons sur des territoires extérieurs, nous nous associons à des libérations,
nous participons à rétablir la paix. Nous ne voulons asservir personne,
conquérir aucun Etat ou imposer par la force nos lois et valeurs. Nous voulons
vivre libres selon nos choix. Notre
ennemi identifié -que nous partageons avec d’autres pays- est le terrorisme,
qui est un moyen pour implanter une
idéologie l’islamisation radicale -ou aussi islamisme souterrain puisqu’il n’apparait pas
officiellement, n’a ni chef ni revendications précises à formuler et qui
utilise des citoyens français nos compatriotes pour nous détruire,
car ils estiment que leur échec ou leur mal être est de notre faute, de
celle de notre société injuste et prétendue islamophobe qui les exclurait et qui ne les respecte
pas, ou qui ont d’autres raisons personnelles. Mais qui ont utilisé et profité
de nos structures, qui ont étudié dans nos écoles, et qui ont bénéficié de nos
règles de droit et valeurs républicaines, des avantages sociaux. Islamisation
radicale qui veut gouverner par la
charia, la religion se confondant avec l’état séculier. On ne peut que se
défendre, résister. On ne peut « dialoguer » par définition et principe avec
celui ou ceux qui ont décidé de nous tuer.
Essayer de comprendre est déjà pris comme un recul. Résister c’est ne
pas céder , ne pas s’altérer sous l’effet de la peur, du chantage ou pour
d’autre motif honorable. On joue notre peau et ce que nous sommes
collectivement. C’est plus facile à dire qu’à faire car l’islamisme radical ne connait que la force
on le voit , et envoie à la mort ses soldats réels ou prétendus. On ne discute
pas avec un tel ennemi on le combat et tous nous devons soutenir les pouvoirs
publics, même si des divergences sont légitimes sur les meilleurs moyens à
retenir y compris les règles de droit à
utiliser (voir le débat sur les fichés S).
On peut
s’interroger pour savoir pourquoi depuis tant d’années on a laissé des
quartiers être gérés par des grands
frères ou être mis en coupe réglée par des bandes de délinquants et de trafiquants de drogue. Nous avons une responsabilité collective à
avoir abandonné les services publics y compris dans les zones rurales au
prétexte d’économies, de rationalisation pour acheter la paix sociale ou pour
éviter des émeutes dans les banlieues ou ailleurs sous des prétextes fumeux . Quand
il n’y a plus de rapports humains , que l’ordinateur ou la machine les remplace, la société se déshumanise et les conséquences suivent. On connait portant la réalité depuis des années et les rapports s’amoncèlent
de spécialistes qui ont enquêté sur place comme le professeur gilles Kepel ou
georges Bensoussan et son livre sur les territoires perdus de la république. Les
politiques pour des raisons diverses et toutes tendances confondues ont manqué
de courage. Comment a-t-on pu tolérer
que des policiers ou des gendarmes soient caillassés voire pire quand ils
veulent intervenir dans certains lieux et contre des voyous, que les pompiers,
médecins ou infirmiers qui portent
secours soient maltraités par certains ?
On a vu pour l’attentat de Trèbes que
les journalistes de la télévision qui voulaient
filmer l’intérieur de l’immeuble où habitait le terroriste, s’étaient fait
rejeter violemment par des habitants criant « dehors vous n’avez rien à faire chez nous ». Les
médias vont -ils réfléchir à cette leçon ? ! A force de voir des bavures
policières partout quelque soit la cause de l’intervention (voir l’évolution du dossier
Théo et attendons l’évacuation de la ZAD
de notre Dame des landes où l’Etat joue son autorité) ) et sauf infraction
avérée la police ayant droit aussi à la présomption d’innocence et le port de
l’uniforme n’étant pas une provocation, on crée un climat délétère qui favorise
ceux qui passent à l’acte en leur
donnant une approbation implicite sinon une justification.
Résister veut dire qu’il ne faut pas suivre la
tendance du jour, avec son cortège d’approximations et d’exagérations, ses
dénonciations cathodiques, sans que les
faits soient définitivement avérés. La loi ou le diktat de la minorité - non légitime, non élue sans
aucune responsabilité - ne doit pas prévaloir et il faut cesser de crier à la
discrimination et au racisme généralisé y compris de la part de l’Etat. On ne
peut nier les actes antisémites, voire anti -musulmans, et parfois anti -blancs
ou chrétiens. Ce sont des comportements graves qui doivent être sanctionnés
sévèrement par la justice car ils sapent le savoir vivre ensemble. Mais il ne faut pas poser comme postulat que
la haine l’emporte ; la très grande majorité
des citoyens considère son voisin
même lointain dans sa diversité et ses opinions, la laïcité acceptée est la base de notre république, et
pour cohabiter en harmonie il faut
admettre que l’autre a des droits dans le respect de nos lois, valeurs, coutumes et art de se comporter. Résister c’est donc d’abord réfléchir, ne pas
réagir à chaud, tolérer et respecter.
Résister
c’est aussi considérer que le peuple est représenté à la suite d’élections où
tout le monde peut se présenter y compris ceux qui rejettent le système
démocratique. Il y a peu de pays où ce droit existe ! Résister c’est
encourager la justice même si elle est imparfaite comme tout ce qui est régi
par des êtres humains et qui est un arbitre neutre dans un Etat de droit. On
demande aux tribunaux de tout juger, l’histoire, l’humour, les idées dont certaines sont
automatiquement des délits .
Il faut essayer
de résister à la judiciarisation de tout (comme avocat avec cette affirmation je me tire une balle dans le pied mais tant
pis). On n’a pas besoin d’une police de la pensée qui devient alors unique. Les
juges n’ont pas à se substituer au citoyen qui a une conscience et aussi une cervelle – peut être moins «
grosse » ce qui est à voir que
certains intellectuels ou donneurs de leçons patentés et auto-proclamés -et
surtout du bon sens , qui sait
distinguer ce qui lui convient ; cessons de nous infantiliser pour tout ou rien , de nous dire comme à des
gosses ce qui est bon ou non, et que
ceux qui ont la charge de gouverner fassent leur métier en réformant dans le
sens de l’égalité ( par exemple en supprimant tous les régimes spéciaux y
compris celui des parlementaires ou les petits avantages et privilèges entre
amis ) et de l’efficacité plutôt que de polémiquer, en faisant adopter des lois
claires, lisibles, compréhensibles , et applicables concrètement. On sait que
c’est la loi qui affranchit et la liberté (échevelée ) qui opprime. Laissons
les juges interpréter le droit, protéger les libertés individuelles et
publiques, trancher les contentieux, et ce sera déjà beaucoup pour eux.
Résister c’est se rappeler que notre pays est irrigué
et structuré par la laïcité qui
manifestement n’est pas entendue et vécue comme il conviendrait : elle
n’interdit rien, elle ne s’oppose pas aux croyances personnelles et à la
volonté d’exercer sa religion au grand jour. Elle a été créée pour combattre
les excès du clergé - catholique faut- il le rappeler ? - qui voulait
s’immiscer dans la gestion politique, et prendre ou participer au pouvoir
donc imposer des normes.Les religieux de toute confession doivent demeurer des directeurs de
conscience, point à la ligne. Ceci concerne toutes les religions, y compris
celles qui mélangent spiritualité et art
de gouverner. Il ne faut pas confondre sphère privée avec la religion, et
sphère publique avec les élections qui conduisent au pouvoir.
Résister
c’est comprendre l’autre et appliquer ce
que Voltaire disait : « je ne partage pas vos idées mais je me ferai
tuer pour que vous puissiez les exprimer ». Me laisser tuer est un grand
mot je n’en ai pas le goût, mais favoriser l’expression sauf pour ceux qui
passent à l’acte violent fondé sur un dogme, et le débat oui.
Résister
c’est aussi partager et agir sur le plan social pour faire en sorte que les
inégalités se comblent que chacun ait les mêmes chances et se prenne en main
pour réussir. Remarquons que les terroristes même issus de nos banlieues ne
laissent jamais un message où ils se plaindraient de n’avoir pas de travail,
d’avoir été discriminés, ou qu’ils ne peuvent pas développer un trafic de
stupéfiants juteux de la faute de l’Etat ou de la police. Ils ne réclament pas
du boulot mais la possibilité de rejoindre le paradis d’Allah au plus vite par
TGV (quand il n’y a pas grève) où une
vie heureuse les attend. Je n’ai pas encore entendu de revendications sociales
au delà de la volonté d’appartenir à Daech.
Il va de soi cependant que l’exclusion réelle ou supposée après une
phase de délinquance - ce qui est la caractéristique de nos terroristes - pourrait entrainer le désespoir qui pourrait être un mobile très secondaire voire
inexistant à retenir, car rien n’excuse le crime aveugle. La fin ne justifie
jamais les moyens. Résister c’est donc
éduquer, former, tendre la main à ceux qui décrochent , qu’ils le veulent
ou non d’ailleurs, plutôt que de les assister , les
laisser dériver et déraper. Et ne pas croire qu’en déversant des milliards un
peu partout - sauf dans les campagnes ce qui m’irrite comme élu rural -même
s’il faut aménager les territoires urbains ou péri urbains, faciliter les
déplacements, créer des structures publiques - résoudra les problèmes. Ils sont aussi
culturels, philosophiques, spirituels, avec des besoins de reconnaissance.
Résister
c’est aussi faire mettre en sourdine les excités de profession et ne pas tendre un micro complaisant aux plus braillards , ceux qui rêvent de refaire
le monde, de créer une société de
partage selon eux , d’une autre vie, de
relations participatives ,d’un autre modèle de société. L’utopie est utile mais
elle ne doit pas entraver les efforts d’amélioration de ce qui existe. Etre
insoumis pour tout, a été pris en compte par les électeurs mais ce n’est pas un
programme d’action. De même faire de la surenchère, sécuritaire en particulier
ne rime à rien : ce ne sont pas les lois qui éradiqueront la violence,
extrême en particulier, ou les polémiques qui clivent les français. On se doit
de faire des propositions réalistes , mesurées, sans exclure personne sauf
ceux qui nuisent et s’attaquent à nos
valeurs. On peut être ferme sans être excessif et on doit soutenir les pouvoirs
publics même si on a évidemment le droit de ne pas être d’accord sur telle ou
telle mesure et de se battre pour le pouvoir suprême. Ni Jupiter ni un ou une autre demi- dieu ou se prenant pour tel de son olympe ne détiennent la vérité.
Résister
c’est accepter aussi que l’on rogne quelque peu ses propres droits et
avantages, à la condition que ce soit utile pour la collectivité. Le débat
entre les libertés et la sécurité à chaque fois qu’il y a une nouvelle loi ou
disposition anti -terroriste me parait surréaliste. Certains sont contre car on
n’en fait pas assez et exigent que l’état d’urgence soit permanent ; d’autres
sont aussi contre car ils estiment que l’on glisse vers un régime autoritaire
et que nos libertés sont gravement menacées, ou que toute législation d’exception peut
ensuite devenir la norme pour tous les citoyens, devenus suspects putatoires. Enfin
ceux qui votent pour sont taxés d’être d’horribles laxistes. Quand on interroge
le quidam , ou un habitant d’une ville ou d’un petit village pour savoir s’il
peut donner un exemple concret du rétrécissement de ses libertés il ne sait que dire : les lanceurs d’alerte sont sur le plan des
principes. Depuis Trèbes ( 5000 habitants)
qui a été touché dans sa chair je me demande si les habitants des 25. 000
petits villages de moins de 500 habitants (sur 38000 communes) et ceux des villes,
ne seraient pas désormais d’un état d’esprit plus… répressif ? A force de
s’asseoir sur les principes, ils cèdent disait Talleyrand non pour le
regretter, mais pour s’en réjouir car il atteignait son but. Il va de soi que
nos valeurs et principes doivent être maintenus pour que notre état de droit
soit exemplaire et que nos adversaires puissent éventuellement saisir les
tribunaux (ce que certaines victimes ou autres déplorent soyons franc). Ceux
qui ne respectent rien et sont en pleine illégalité se retranchent derrière nos
lois soutenus par des professionnels ou des intellectuels. Comme avocat je ne peux qu’approuver, mais
comme citoyen je m’interroge car il faut
s’adapter aux menaces classiques comme nouvelles. Mais il faut résister à la
tentation d’ajouter des textes nouveaux, sauf si on a vu une faille dans le
dispositif de protection.
Résister
c’est accepter d’ être en guerre et ne
pas céder un pouce d’autorité, avec discernement cela va sans dire, quelque
soit la difficulté ; c’est de ne pas croire les prétendus prophètes qui prônent
le changement ou la révolution du
peuple sans dire où et comment on va aboutir ; ou le repli sur soi
derrière sa ligne Maginot en étant entouré de murs, de fils barbelés sous des interdictions diverses. On n’arrête
pas l’eau qui coule parce qu’ailleurs c’est la sécheresse absolue des cœurs
comme du terrain, dans le chaos ,dans la
misère. Il faut plutôt construire des ponts qui mènent au possible et des
barrages qui permettent de produire de l’énergie, régulée et créatrice.
Tout ceci est
l’esprit français de résistance.
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