« La responsabilité des
citoyens et des membres des conseils syndicaux en matière de sécurité. »
par Christian FREMAUX avocat honoraire au barreau de Paris et élu local,(conférence
« face à l’insécurité, face à la délinquance , face aux terrorismes :
tous concernés ? » pour la FNAIM du Grand Paris lors du salon de la copropriété
à PARIS ) ,24 novembre 2016 .
Notre
société a développé l’assistance dans
tous les domaines et l’on a perdu l’habitude d’assumer ses responsabilités. On
a même fait figurer dans la Constitution le principe de précaution ce qui a
découragé beaucoup de citoyens de prendre des initiatives .Beaucoup croient que
tout problème n’arrive qu’aux autres ou
que si on est face à une difficulté on n’y est pour rien, que c’est la faute
des autres, des circonstances, de l’Etat, et que la collectivité paiera voire l’assurance,
ou la copropriété sinon le syndic quand il s’agit de l’immobilier. En un mot on
estime avoir surtout des droits, on a oublié les devoirs. Cette période
d’attentats nous appelle à plus de vigilance et à plus de responsabilité
personnelle. Le droit nous interpelle et
nous rattrape pour que nous assumions
nos obligations de citoyen en particulier, et aussi quand nous décidons de nous
impliquer dans la gestion de notre immeuble en devenant membre du conseil
syndical, d’abord parce que nous y avons un intérêt personnel , c’est humain et
ensuite parce que nous aimons nous
engager pour que les choses marchent bien en l’espèce la gestion de nos
biens. Certes le copropriétaire fait confiance aux professionnels syndics ou
gestionnaires, mais c’est une confiance mesurée, et il préfère parfois être au cœur des dossiers. Engage t-il sa
responsabilité en droit pour autant : c’est à cette question que je
voudrai répondre dans une matière qui nous préoccupe tous : la sécurité.
Nous sommes
en effet entrés dans un monde nouveau -déjà depuis plusieurs années - où notre
sécurité est au centre des débats .Et cela va durer. Il faut entendre sécurité
au sens large. Les catastrophes
naturelles comme les inondations d’avant l’été nous ont montré qu’il y avait des insuffisances-certains
parlent de fautes- et qu’il y avait des
dégâts considérables à réparer : des commerces n’avaient pas ré ouverts ;
des maisons étaient au bord de la destruction ; de nombreuses personnes avaient tout perdu et
l’ETAT ou les assurances « flottaient »si je peux dire en ne déclarant pas telle zone en catastrophe
naturelle ou en ne versant pas les indemnisations. C’est aussi un problème de
sécurité et il est possible que des procès s’ouvrent où on recherchera la
responsabilité de tel service de l’Etat, de telles mairies, de tel propriétaire
qui n’avait pas fait de travaux d’entretien ce qui a concouru indirectement aux
dommages ,de tel syndic qui n’a pas pris de mesures préventives pour l’immeuble
alors que le risque était connu, de tel syndicat de copropriétaires qui avait
refusé de voter des mesures de protection .Mais il n’y a pas que des
catastrophes naturelles : il y a aussi des fautes qui sont commises
volontairement je parle surtout d’infractions comme le cambriolage ou le vol ou
les trafics divers, ce qui concerne les copropriétaires, ou involontairement , par négligences
souvent, en matière de gestion
immobilière, ou parce que l’on n’a pas envie de décider une mesure qui va avoir
un coût. La sécurité c’est donc la lutte contre la délinquance en général et
comment se protéger, et ce sont aussi des mesures matérielles à prendre pour
éviter tout incident humain ou matériel entrainant des dommages.
Je
n’évoquerai pas la responsabilité des syndics car la jurisprudence est bien
établie à leur encontre s’ils commettent des manquements, ou ne suivent pas les
décisions de l’assemblée générale. Mon propos est de faire un point rapide sur
la responsabilité en droit du citoyen copropriétaire ,et du copropriétaire qui
s’est fait élire, et je l’en félicite, membre du conseil syndical, dans le
domaine de la sécurité qui est une partie des obligations légales mais qui prend de plus en plus d’importance.
1°)LA RESPONSABILITE PERSONNELLE DU
CITOYEN DANS LA GESTION DE SON BIEN .
La sécurité
nous concerne dans notre vie quotidienne
et a pris une dimension nouvelle. Elle est la première des libertés et
quand un pays n’assure plus la sécurité c’est le chaos, l’anarchie et donc des
risques pour les biens et les personnes. Tout le monde peut citer des
Etats-comme l’Afrique du sud, le Brésil et autres, la liste est longue- où les maisons
ou appartements ont les portes blindées ; des grillages aux
fenêtres ; de la vidéo-
protection ; du gardiennage armé, des vigiles… je n’y insiste pas .Les
propriétaires ou habitants ne pouvant plus faire confiance aux pouvoirs publics
organisent eux-mêmes leurs propres protections. Nous n’en sommes évidemment pas
là en France et l’on peut remercier l’Etat et nos forces de l’ordre et de
secours d’être aussi efficaces, même si on voudrait toujours plus et qu’il n’y
ait plus de cambriolages, ou de vols ou de destructions de biens, et que les
trafics disparaissent. Mais l’homme est ce qu’il est et il faut ne pas être naïf,
mais réaliste. Nous devons donc agir aussi à notre niveau personnel. C’est un
devoir, et le droit nous le rappelle : par exemple ne pas porter assistance
à personne en péril, ou mettre quelqu’un en danger par une action ou une abstention,
ce qui est prévu par le code pénal, sont répréhensibles .Le citoyen doit le
savoir : ne jamais rien faire n’est pas une garantie que l’on sera toujours tranquille. Nul n’est
censé ignorer la loi, mais la loi est devenue si confuse et nombreuse que
parfois on n’imagine pas ce qu’il faut
faire ! Mais soyons optimistes .Les
pouvoirs publics ont inventé des dispositifs pour nous rassurer et protéger nos biens. Ainsi par exemple, et
sans être exhaustif, quand on part en
vacances on peut demander à des policiers de venir sur place en notre absence
vérifier que notre domicile n’a pas fait l’objet d’intrusions. Cela renforce la
tranquillité du vacancier. Les mairies peuvent conclure une convention de
« voisins vigilants » qui permet de signaler aux gendarmes tel événement qui parait suspect mais qui
n’autorise pas le citoyen à intervenir lui-même : il y a des limites à ne
pas franchir sous peine de se mettre hors la loi, alors même que l’on aurait
envie de « faire justice ». Des professionnels comme la FNAIM du Grand
Paris ont signé des conventions de partenariat avec la plupart des
autorités : leurs syndics sont parfaitement informés et peuvent intervenir
en cas de signalement quelconque. Le citoyen doit jouer un rôle en matière de
protection de l’immobilier, d’abord pour soi soyons un peu égoïstes.
On a
compris, pour les attentats qui se multiplient désormais, qu’ils émanent de
bandes de radicalisé(e)s ou d’individus qui se donnent des missions et s’auto -proclament
martyrs, outre naturellement tout ce qui est organisé par l’Etat islamique dit
Daech, ou autre structure malfaisante,
que le danger vient de l’extérieur comme de l’intérieur et qu’il y a des
risques permanents, protéiformes et que
chacun -je veux dire tout citoyen - là
où il est, avec ses moyens, doit participer à la vigilance globale, et ne rien
faire qui pourrait faciliter une action qui cause des dommages. Je ne veux pas
dire pour autant que le citoyen doit se substituer aux professionnels et aux
spécialistes, et dénoncer tout ce qui lui parait ne pas être normal. Il ne faut
pas tomber dans la paranoïa : il s’agit d’être attentif et surtout
responsable. C’est le cas dans l’immobilier.
*le propriétaire
occupant doit respecter la destination de son bien (habitation, professionnel,
commerce) et ne pas en changer selon son
bon vouloir ; il doit en profiter paisiblement et assumer ses
obligations :payer ses charges en premier ; se conformer au règlement
de copropriété ; s’intéresser à la gestion de l’immeuble ou de son
lot ; aller aux assemblées générales sauf motif légitime ou s’y faire
représenter et voter, car la gestion
d’un immeuble est une responsabilité collective mais qui dépend du vote de
chacun ;collaborer avec le syndic qui est
présent pour rappeler si nécessaire les règles de droit, conseiller et enfin
exécuter les décisions votées .Il ne décide pas de son propre chef. En matière
de sécurité le copropriétaire -citoyen a
des responsabilités accrues. Il doit accepter-selon moi- s’ il y a les moyens
budgétaires et une raison forte, d’installer des moyens de protection ou de
prévention et de contrôles ; d’entretenir l’immeuble, ses accès , ses
fermetures, vérifier le va et vient dans l’immeuble ; renouveler ou mettre aux normes le matériel,
même si cela revient cher ;il doit réfléchir sur d’éventuelles difficultés
accidentelles (inondations, incendies, explosions ,chutes..) ; il doit
renouveler en assemblée générale tous
les ans l’autorisation pour les forces de l’ordre et de secours de pénétrer en
permanence dans l’immeuble… Cela va de soi comme citoyen, mais s’additionne à
ses obligations de copropriétaire .Autrement dit le copropriétaire citoyen
a les mêmes devoirs que tout individu , mais il doit y ajouter des obligations
spécifiques pour son immeuble, concernant la sécurité.
*Les
articles 1382,1383 du code civil, 1384 dudit code pour les biens que l’on a
sous sa garde et d’autres articles ou textes particuliers du code de l’urbanisme,
du code pénal ou des lois particulières permettent d’engager sa responsabilité
relativement à son bien, pour un comportement personnel
« inapproprié », ou une faute commise dans l’utilisation de sa
propriété, pour des dommages causés aux tiers. D’où d’ailleurs, la nécessité
d’une bonne assurance que l’on soit occupant ou non.
* le
copropriétaire est responsable de son
locataire pour divers manquements que celui-ci commet dans l’utilisation des
parties communes, mais aussi en ce qui
le concerne pour des défauts de construction de l’immeuble, ou insuffisance de
moyens de protection. Le locataire pourrait lui reprocher par exemple s’il a été
cambriolé, que l’immeuble ne soit pas assez protégé et qu’en assemblée générale
des dispositions de sûreté n’aient pas été acceptées ?.
*il est
responsable des fautes de son locataire à travers la jurisprudence dite des
troubles anormaux de voisinage (sur la base de l’art.1382 du code civil et de
l’art. 544. du même code): c’est celui qui joue du violon ou du piano dans la
nuit ; qui fait la fête à toutes heures ; qui fume du cannabis
partout ; qui a des colocataires
inconnus et nombreux … enfin qui fait du
bruit au delà de ce que l’on accepte habituellement ou de façon normale. (à
condition de savoir ce qui est normal).[ cour de cassation ch.civ.3 .16
septembre 2015 pourvoi n°14-14518 pour
la pratique d’un culte religieux contraire à la destination de
l’immeuble ; et Cour de cassation ch.civ.3. 11 février 2016 n ° de pourvoi
14-16.309 transformant un lot en parking pour les clients d’une salle de sport à
l’intérieur de la copropriété].
*enfin, mais
ce n’est que mon avis personnel et je peux me tromper, il pourrait être
responsable s’il refusait systématiquement
toute proposition du conseil syndical ou du syndic en matière de sécurité ,
d’amélioration ou de protection des parties communes, des divers locaux, des
parkings, des caves…et qu’un incident grave survenait ou qu’un copropriétaire
était victime et subissait des dégâts tant matériels que moraux. Naturellement
cet avis se discute, mais l’évolution de notre société tend à trouver des
responsables ET coupables et plus personne n’accepte de n’être pas indemnisé,
et d’accepter la fatalité, personne n’étant responsable de rien. Le citoyen est
exigeant : il veut les avantages pas les inconvénients. Il veut pouvoir
être libre de faire ce qu’il veut de son bien et n’avoir pas à se justifier.
Mais si on y touche, alors attention aux autres, tout devient urgent et il faut
une solution immédiatement… C’est compréhensible.
La qualité
de copropriétaire n’assure donc pas la tranquillité car on peut être rattrapé
par sa qualité de citoyen. Et il ne suffira pas de dire que c’est la faute des
autres ou du syndic. Le copropriétaire a en effet des droits pour tenter de
trouver des solutions.
Il peut
solliciter l’inscription de questions qui l’intéresse à l’ordre du jour de la
prochaine assemblée générale (article 10 du décret du 17 mars 1967) en
respectant le délai de 21 jours avant la date de la réunion ( article 9 du
décret).Et si le syndic résiste ou refuse ,la procédure de référé existe pour
les questions urgentes et sérieuses.
On peut
préciser qu’en cette période d’extrême vigilance liée aux attentats le
copropriétaire ne peut vendre (voir les obligations liées à Tracfin) ou louer
dans n’importe quelles conditions y compris financières, en se désintéressant
de qui est son locataire ; ne pas s’inquiéter s’il s’aperçoit de
mouvements inhabituels ou d’occupation « curieuse » ou de va et vient
qui sort de l’ordinaire ; de propos
provocateurs…Son devoir-selon moi- est de s’en ouvrir à qui de droit, d’abord
au syndic. Il ne s’agit pas de dénoncer, ou de se mêler de la vie privée ou de
la liberté d’expression ou de conscience. Ce n’est pas de la délation. Mais un
citoyen a un devoir même non écrit : celui
de participer à la paix et à la tranquillité collectives et donc de
faire savoir à ceux qui sont chargés d’agir-avec des éléments tangibles et
vérifiés- que tel comportement parait enfreindre la règle générale. Cette
évidence me semble valable pour un copropriétaire qui est d’abord un citoyen.
La sécurité est l’affaire de tous.
2°)LA RESPONSABILITE DE MEMBRE D’UN
CONSEIL SYNDICAL..
Le citoyen
copropriétaire peut vouloir s’investir encore plus et se faire élire au conseil
syndical .Il a raison et j’encourage tous ceux qui le peuvent à le faire et à prendre
le destin de leur immeuble en mains .Il va être bénévole, perdre du temps et
parfois dépenser un peu de frais : il va devoir prendre des décisions. Sa
responsabilité peut elle être engagée ce qui serait injuste ou le
comble ?. Rappelons d’abord quelques principes avant de répondre à la
question.
a) L’article 21 de la loi de 1965 dispose que « dans
tout syndicat de copropriétaires, un conseil syndical assiste le syndic et contrôle sa gestion ». Il est donc obligatoire de
créer un conseil syndical : rapport de M.BONNEMAISON assemblée nationale loi du 31 décembre 1985 doc.parl. AN, 1985,
n°2960 page 16.Il faut donc qu’il y ait des conseillers pour constituer le
conseil syndical, c ‘est une évidence. Les candidats sont les bienvenus
.Cependant une assemblée générale peut
décider, par un vote à la double majorité de l’art.26 de ne pas instituer de
conseil syndical, ce qui n’est jamais recommandé. Une nouvelle assemblée peut
alors décider de revenir sur ce vote à la majorité de l’article 25 et
constituer un conseil syndical. S’il y a blocage ou aucun candidat, l’article
48 du décret prévoit qu’un juge peut désigner les membres du conseil syndical
et fixer la durée de leur mandat. Les copropriétaires ont donc intérêt à se
dévouer plutôt que la justice s’en mêle.
Les membres du conseil syndical défendent les intérêts de la copropriété,
cela va sans dire mais il est préférable que ce soit clair. Ils ne défendent
pas leurs intérêts propres ou ceux du syndic .Ils contrôlent ledit syndic et
l’assiste. Celui-ci doit consulter le conseil syndical pour diverses
questions : dépenses dépassant l’autorisation des décisions votées en AG;
élaboration de l’ordre du jour ; préparation du budget notamment. C’est le
syndic qui représente le syndicat de copropriété (art.18 de la loi du 10
juillet 1965). Il agit avec l’autorisation de l’AG. ( art. 24 de la loi).
Sauf pour les actions en recouvrement de créances (art.55 al.2 du décret du 17
mars 1965) ou en cas d’urgence ou d’une action intentée contre le syndicat.
b) L’article 14 de la loi de 1965 dispose que « le syndicat est
responsable des dommages causés aux
copropriétaires ou aux tiers par le vice de construction ou le défaut
d’entretien des parties communes , sans préjudice de toutes actions récursoires
( ce qui veut dire concrètement que l’on se retourne contre le copropriétaire
qui est présumé responsable).[ Cassation civile 3ème chambre .17 décembre 2015
pourvoi n° 14-16.372 FS-P+B. jurisdata n°2015 -02309].
Si des infiltrations causent un préjudice dans un lot par exemple, le
syndicat des copropriétaires est responsable : [Cour d’appel de paris
-pôle 4. Ch.2 -janvier 2015 RG n°13.04476 jurisdata 2015. 002067].
Le syndicat des copropriétaires voit encore sa responsabilité engagée
s’il procède à des travaux nécessaires voire obligatoires- pour des raisons de
sécurité par exemple- mais qui ont des incidences sur des parties
privatives : par exemple des boutiques doivent fermer plusieurs mois .Il
pourrait être condamné sur le fondement
de l’article 9 de la loi qui dispose « que les copropriétaires qui
subissent un préjudice par suite de l’exécution de travaux… ont droit à une
indemnité ».[Cour de cassation.3ème civ. 14 janvier 2015 arrêt
n°23 FS+P+B+1 pourvoi n° 13.28.030].
c) Les « risques » liés aux
gardiens et concierges de l’immeuble.
Ils sont des salariés mais sont
dotés d’un statut légal spécifique et dérogatoire :[voir jurisclasseur
travail. Traité. Fasc. 5.50 n°1 et s.].
En effet ils assurent la garde de l’immeuble, leurs abords et dépendances
. Leur statut est régi par les articles L.7211-1 à L .7215-1 du code
du travail. Une obligation de sécurité de résultats pèse sur l’employeur, outre
les actions de prévention, de protection , et désormais de la pénibilité au
travail :article L.4121-2 du code du travail (voir aussi pour la
simplicité du code du travail la loi
dite REBSAMEN sur le dialogue social et
l’emploi n°2015-994 du 17 août 2015, et celle dite de Mme EL KHOMRI votée grâce
à l’article 49.3 de la Constitution et promulguée le 9 août 2016 ,mais toujours
contestée).L’employeur doit respecter des principes de prévention ( par exemple
pour que la sortie des poubelles ne soit pas une tâche trop difficile). Il faut
identifier les risques et les éliminer à la source (en tenant le document
unique d’évaluation, pièce obligatoire (art.L.4121-3 du code du travail).
D’où l’intérêt d’avoir des conseillers syndicaux qui s’y intéressent, transmettent
leurs conclusions et proposent des solutions. L’obligation de résultats veut
dire que s’il y a un accident l’employeur devra prouver avoir mis en place tout
moyen pour qu’il n’y ait pas de conséquences en cas de mauvaise manœuvre, ou
erreur, voire mauvaise manipulation du salarié qui a contribué à son propre
dommage. On ne pourra pas dire « je ne savais pas ; ou on en a
discuté mais on n’a pas décidé ; ou on n’avait pas le budget ». On ne
regarde que le résultat, pas ce qui s’est passé avant et s’il y a des circonstances atténuantes.
Certes la Cour de cassation vient de nuancer la sévérité de sa jurisprudence
par un arrêt du 25 novembre 2015 qui indique : « ne méconnait
pas l’obligation légale lui imposant de prendre des mesures nécessaires pour
assurer la sécurité et pour protéger la santé physique et mentale des
travailleurs, l’employeur qui JUSTIFIE avoir pris les mesures prévues par les
articles L.4121-1 et L.4121-2 du code du travail »[Cour de cassation
ch.civ.1 pourvoi n°14-21434].Cela ne veut pas dire que l’obligation de résultats
est devenue une simple obligation de moyens. Elle reste au moins une obligation
de moyens renforcée et les employeurs en cette matière de la sécurité doivent
être très entreprenants. A défaut leur responsabilité peut être engagée.
Et je réponds donc à la question : les membres du conseil syndical
constituent en fait le syndicat des copropriétaires et c’est vers eux que l’on va se tourner s’il
y a une grave difficulté. Ils répondront : « je ne savais
pas ; on ne m’a pas écouté ; les autres ont dit non ; c’est la
faute de X ou Y, de l’entreprise… ». Peut être mais ils devront aussi
répondre aux questions, ce que personne n’aime.
Alors faut il continuer à être conseiller syndical ? Je réponds
fermement oui, car l’immeuble vous appartient, votre bien personnel et vos
finances sont concernés et vous avez intérêt à vous investir. Le droit l’a bien
compris, on peut être rassuré.
d) LE DROIT EST BIENVEILLANT POUR LES
MEMBRES DU CONSEIL SYNDICAL.
Il résulte d’une étude de Me Colette CHAZETTE avocate au barreau de Lyon [informations
rapides de la copropriété n°620 .Juillet-août 2016 page 13 et suivantes] qu’il
y a en réalité une redistribution des rôles au sein des copropriétés, et que si
les professionnels sont indispensables et de mieux en mieux formés, les
copropriétaires doivent plus participer et être soutenus. C’est une bonne
nouvelle .On se dirige vers une nouvelle gouvernance : l’avenir nous dira
si c’est vrai et surtout efficace. Y aura – t il plus de mise en cause de la
responsabilité des membres des conseils syndicaux ?. J’espère que non,
sinon la démocratie dans l’immeuble n’aurait plus de sens : on ne peut
vouloir que les copropriétaires prennent des décisions et en même temps les
sanctionner s’ils se trompent, forcément de bonne foi .La loi évolue et parfois en contredit une
précédente : on ne peut incriminer ceux qui essaient de comprendre et
d’agir. Prenons un petit exemple. La loi ALUR
n°2014-366 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové de Mme
DUFLOT promulguée le 26 mars 2014 a
imposé au conseil syndical une mise en concurrence du syndic lors de chaque désignation,
entre autres diverses et nombreuses mesures qui sont encore décriées à ce jour,
et qui ont fait l’objet de nombreux textes à connaitre , puis à interpréter par
les tribunaux.(c’est ce que l’on appelle l’insécurité juridique même pour les
professionnels du droit).Mais vous le savez dans notre beau pays les
gouvernements changent et ce qu’un ministre a fait , un autre peut le défaire
même s’il est du même parti politique, avec le même chef de l’ETAT.
Ainsi la loi de M.MACRON du 6 août 2015
n°2015-990 pour la croissance,
l’activité et l’égalité des chances économiques contenait des dispositions sur
le logement et a assoupli ce que je
viens de citer pour Mme DUFLOT : désormais l’article 21 dispose que
« tous les trois (3 ) ans le conseil syndical procède à la mise en
concurrence de plusieurs projets de
contrats de syndic ». Sauf si par AG à la majorité de l’article 25,
celle-ci en a dispensé le conseil syndical. C’est donc moins contraignant et il
y a moins de risque d’oubli des membres du conseil syndical, car en la matière
–et c’est logique- le syndic en place ne va pas pousser à sa sortie.
On tend vers plus de pouvoirs pré-décisionnels pour le conseil syndical ce qui ne veut pas
dire plus de responsabilité pour chacun de ses membres. Je vous invite donc à
être candidat et vous faire élire , à travailler collectivement, et à collaborer
avec loyauté avec le syndic, réciproquement naturellement.
Le conseil syndical donc ses membres, a aussi des obligations. Il devra
rendre compte verbalement ou par écrit ce que je conseille, de sa bonne
gestion ce qui n’est pas vraiment
nouveau : [réponse ministérielle 30 novembre 2004 p.9511 n°46780].S’il y
avait carences ou manquements avérés par exemple pas de mise en concurrence au
moment voulu ; défaut de vérifications comptables ; choix d’un
mauvais prestataire ou collusion avec des entreprises, ( ce que personne n’ose
imaginer) il pourrait y avoir engagement de responsabilité pour faute personnelle . D’où l’intérêt de
contracter une bonne assurance pour ces fonctions ? : [lire
J.M.GELINET la responsabilité des membres du conseil syndical Revue des loyers
n°880 octobre 2007].
On peut être rassurés. On ne recherche pas particulièrement la
responsabilité d’un membre d’un conseil syndical pour la raison
suivante :«la complexité des textes juridiques et comptables actuels ainsi
que le manque de formations théorique et pratique des conseillers syndicaux
plaident en faveur d’une bienveillance du juge à leur
endroit »[info.rapides copro. septembre 2011- J.M. ROUX].Le mieux est
évidemment de n’avoir jamais affaire au juge ce qui évite tout stress.
EN GUISE DE CONCLUSION
En matière de sécurité, d’une façon globale, tout le monde doit prendre
ses responsabilités comme citoyen
attaché à nos valeurs, à nos principes de droit, et à notre manière de vivre. Les
pouvoirs publics et les professionnels ne peuvent être partout et tout faire.
Il nous appartient d’être actif.
Un immeuble est un microcosme qui résume à lui seul les problèmes de
sécurité qui nous défient et souvent nous bouleversent, par ses habitants
permanents, ceux qui y passent, ceux qui y travaillent, les professionnels qui
le gèrent, et les forces de l’ordre et de secours qui accourent quand nous en
avons besoin. L’immeuble nous oblige à ne pas revendiquer que des droits, et
nous impose d’accomplir nos devoirs même si notre intérêt direct est concerné.
L’immeuble est un lieu de vie entre des individus différents, un espace de
compromis, de négociations ,de tentatives de comprendre les autres, donc
d’être tolérants.
La sécurité est l’enjeu des prochaines années. Nous devons tous en être
conscients et décidés à jouer notre rôle modeste. Restez citoyen en étant
copropriétaire et la société tout entière y trouvera profit.
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