vendredi 26 septembre 2025

L’implosion de la justice pénale

 

                               L’implosion de la justice pénale

                        Par Christian Fremaux avocat honoraire

Tous ceux qui par besoin ont saisi la justice dans tous ses états sur le plan civil, social ou administratif qui sont l’essentiel des litiges du quotidien, ont compris que c’était un monument en péril et que l’aléa judiciaire n’était pas un vain mot. Les délais de jugement n’ont plus de fin, les juges se disent débordés avec un manque chronique de moyens et les appels sont lointains. L’exécution des jugements quand le greffe a envoyé la décision ce qui prend du temps, est devenu un combat. Bien sûr ce n’est la faute de personne ni des juges qui travaillent sur leurs ordinateurs et aux audiences de façon inhumaine, énormément, ni du greffe où les fonctionnaires ne se ménagent pas, ni de l’organisation judicaire ! Que des innocents. L’Etat anonyme est forcément responsable et c’est l’effronterie du justiciable qui a eu le toupet de saisir un service public à l’agonie, qui est la raison du désastre. Sur l’indice de satisfaction on est proche du zéro sur une échelle qui va de 1 à 10. La Justice est en redressement judiciaire proche de la faillite. Ceux qui veulent engager une procédure après avoir écouté les explications de leur avocat, prennent la fuite sauf nécessité absolue.

En revanche la presse et le grand public s’intéressent prioritairement à la justice pénale qui représente quelques pourcentages du contentieux général, aux affaires criminelles ou correctionnelles surtout s’il y a un mystère ou une personnalité politique qui est impliquée. Sans rien connaitre du dossier et des pièces accusatoires ou non, on prend position pour ou contre. On aime le sang surtout celui des autres et on se compare moralement : moi je suis bien car je n’aurai jamais fait ceci ou cela, ou telle personne connue a une attitude honteuse. En toute impunité et bonne conscience on crie mort aux vaincus et on se réjouit de la chute de celui qui tenait le haut du pavé ou donnait des leçons ou ne pensait pas comme vous. En direct parfois dans les médias qui comme on le sait ne rapportent que des faits et sont neutres !

 Les grands principes comme celui de la présomption d’innocence ou la liberté comme principe et la prison l’exception sont à géométrie variable et ne sont réservés qu’à ceux qui sont catalogués comme victimes par genre ou statut social. Si vous avez le malheur d’être représentatif et d’avoir quelque peu réussi vous partez avec un handicap. L’égalité réclamé à cor et à cris et la justice sont du domaine et de l’apanage d’une minorité qui est rangée par de prétendues élites ou des partisans dans le camp du bien appelé aussi l’arc républicain en politique. Il faut savoir plaire et vivre à plat ventre en adorant les idoles que l’on vous désigne. C’est de la démocratie sélectionnée. Tous les autres étant à éliminer et devant subir le sort tragique qu’ils méritent. Même si les principes ont été malmenés. La fin justifie les moyens.  C’est la justice pénale augmentée par le fait qu’elle est parfois orientée avec les magistrats du syndicat de la magistrature et ceux qui ont bâti le mur des cons, mais c’était pour la bonne cause ont-ils dit ! S’y ajoute la justice d’atmosphère qui fait de la moraline : il faut que les puissants paient judiciairement et qu’ils soient des exemples. Peu importe la loi qui s’interprète. Ou le manque de preuves.  Le juge pense être l’incarnation physique de ce que l’opinion publique est supposée vouloir quand elle est conforme à la subjectivité du magistrat. La justice se transforme en justicière. Elle se prend pour un pouvoir alors qu’elle est une autorité. Sans légitimité autre qu’un concours. L’état de droit s’en trouve affecté. Les juges ne rendent de comptes à personne et toute critique est considérée comme une agression. Une remise en cause par des tentatives de réformes consensuelles devient une blessure inadmissible de son pré-carré, de sa dignité et de son rôle. On s’attaque à l’organisation et à la procédure mais pas à ceux et celles qui sont les auteurs. Ne pourrait-on revoir leurs statuts et missions en leur donnant peut- être plus de moyens matériels ce qui est une question de budget. Mais qu’ils changent d’état d’esprit et d’idéologies et sortent de leur entre soi. Entend- on parler de sanctions pour des juges qui se trompent, qui remettent en liberté des délinquants avérés qui récidivent ou qui rendent des jugements manifestement aberrants et excessifs ou qui font connaitre publiquement leurs opinons politiques ou qui refusent d’appliquer une loi qui serait liberticide selon eux ? Le peuple au nom de qui des juges se prononcent s’en aperçoit et le malaise grandit comme la perte de confiance.

Mais ce qui compte pour le public c’est quand la cour d’assises ou le tribunal correctionnel se prononcent sur une affaire médiatique. On bave devant le spectacle. On a eu l’exécution provisoire du jugement contre Mme Le Pen. Ce qui m’a choqué qu’elle soit coupable ou non. Les juges ont appliqué le droit de façon extensive selon moi, avec arrière-pensées. En plusieurs décennies de barreau et ayant plaidé dans des affaires sensibles, j’ai rarement vu en matière pénale l’exécution provisoire être prononcée et ainsi entacher la présomption d’innocence et l’appel. La justice creuse sa tombe en voulant être un parangon de vertu et de transparence en s’alliant avec des lanceurs d’alerte bidons et intéressés. Qui peuvent produire des faux documents. Elle descend de son piédestal d’arbitres impartiaux.

Le jugement contre M. Sarkozy m’a consterné. Qu’on aime cette personnalité ou non. Il a fallu 400 pages de motivation pour tous les prévenus dans une très vieille affaire pour relaxer M. Sarkozy de trois délits sur quatre poursuivis dont celui de détournement de fonds publics et absence de corruption, et ne retenir que le délit d’association de malfaiteurs pour le condamner à 5 ans de prison ferme avec mandat de dépôt différé. Quel risque existait ? Heureusement on a supprimé le bagne de Cayenne. Ce qui est sinon une revanche corporatiste au moins une humiliation voulue. Dans un dossier où d’après les comptes rendus il n’y a qu’un faisceau d’indices. Je croyais qu’au pénal le doute profitait à l’accusé ?  L’individu Sarkozy n’est pas au- dessus des lois mais je supporte mal comme citoyen qu’un ancien président de la République soit considéré comme un vulgaire malfaiteur. Attention à l’effet boomerang pour les ricaneurs qui se réjouissent. La justice n’est pas gagnante même si sa cible est atteinte.

 Le tribunal en outre a reproché à M. Sarkozy de se défendre et de nier les faits ce qui devient une circonstance aggravante. Les arguments ou les négations de la défense deviennent des griefs et peuvent plomber la cause : on l’a vu dans le dossier Depardieu. L’avocat que je suis est révolté. Si la justice pénale persiste dans ces voies elle implosera.           

dimanche 21 septembre 2025

Peut-on encore parler de l’état de droit ?

 

Peut-on encore parler de l’état de droit ?

                                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Schématiquement car cela se discute comme tout désormais et des dictatures se baptisent démocraties, on définit l’état de droit comme une nation qui a une Constitution texte suprême et indépassable, des institutions avec la séparation des pouvoirs, une justice indépendante et des élections libres. Ce n’est pas l’Etat celui qui exerce les pouvoirs publics en gérant et en dépensant à perte, et qui devenu obèse ne voit plus le bout de ses pieds. Il n’a aucun droit personnel ni raison par principe.

Le souverain est le peuple- l’Etat c’est nous- et on doit non seulement l’entendre mais gouverner selon ses directives. Pas comme en 2005 où par référendum le peuple a jeté par la fenêtre le projet concernant l’Europe. En 2008 les politiques réunis en congrès on réintroduit par la porte avec un bras d’honneur le quasi même texte sur Maastricht que celui que les citoyens n’avaient pas voulu. Ce fut le début de la méfiance entre les citoyens et les prétendues élites. On en voit le résultat en 2025 : puisque c’est la chienlit allons y à fond ! La dissolution a complexifié.

D’autant plus que nos politiciens en s’insultant vont à la soupe électorale et travaillent dans leurs intérêts pour conquérir le pouvoir. Sans globalement se remettre en cause. Et en trouvant des boucs émissaires chez les autres, les riches notamment ou ceux qui ont un petit patrimoine ou de l’épargne. Qui votent et respectent l’ordre public. Des ploucs, quoi ! Comme si nos parlementaires champions du concours Lépine de la bêtise de mauvaise foi, avaient la science infuse et que leurs solutions feront des miracles. On prend le citoyen pour un ignare crédule : les élus devraient se méfier de ne pas prendre le coup de pied de l’âne. Il appartient aux citoyens d’être plus raisonnables que leurs élus sectaires. Et de voter utile. En donnant une majorité fiable.  

La définition classique de l’état de droit est la théorie tout le monde le voit, car le peuple a été confisqué par de prétendus élites relayées par des médias qui sont « neutres » cela va de soi ! Surtout le service public payé par nos impôts qui sait ce qu’il faut faire même si le peuple rechigne. D’autant plus que quand on parle de peuple on constate que celui-ci n’est plus homogène, puisque on a saboté toutes nos valeurs républicaines universelles ; qu’il y a des clans qui font pression, des communautés, des groupes illégaux qui s’en mêlent. En exigeant des droits. C’est un peuple fracturé qui ne suit que ses émotions. Alors que la loi est censée refléter la volonté générale.

La légalité est devenue une option en France, on la suit si on veut. Elle est secondaire.  

La France s’est transformée en un melting-pot comme dirait M. Trump champion de ne pas suivre la légalité et faire fuir les juges ou ceux qui lui résistent. L’état de droit dont on se gargarise pour avoir satisfaction est moribond. La loi est acceptable si elle va dans votre sens. La justice fonctionne si vous gagnez ou si votre idéologie triomphe : comme privilégier le délinquant puisque la société est coupable et bannir la prison au détriment des victimes. Sinon c’est de l’autoritarisme et de la partialité sans cœur, donc d’extrême droite, raisonnons court. Prenons des cas que je choisis arbitrairement.

Avec le débat sur la Palestine on est dans la provocation. Malgré les interdictions des préfets validées par les tribunaux administratifs, des maires persistent à afficher le drapeau palestinien au fronton de leurs mairies. Pas l’Israélien. Uniquement le palestinien au prétexte qu’il faut être solidaire contre un génocide en cours ou avéré ?  En oubliant les massacres et le chantage du Hamas et le pogrom du 7 octobre. Et le fait contrairement au drapeau ukrainien, que le drapeau palestinien regroupe toutes les luttes y compris du genre ! au-delà de la défense de la population de Gaza.  

Or les maires sont élus par tous les électeurs de la commune même ceux qui ne soutiennent pas un mouvement terroriste. Ils sont surtout officiers de police judicaire : ils ont des missions déléguées par l’Etat qui doit être absolument neutre. Certains se moquent du ministre, des préfets, et des tribunaux. Car ils sont maîtres sur leurs territoires, disent-ils. Vont- ils être sanctionnés ? Je fais le pari que non ou que ce sera en s’excusant avec un minuscule rappel à la loi. M. Ménard maire de Béziers qui avait refusé de marier un étranger sous OQTF est lui poursuivi devant le tribunal correctionnel. Que déduire ?

On se gargarise de l’état de droit qui - par avance- interdirait un référendum sur l’immigration. Ce ne serait pas compatible avec la constitution et le conseil constitutionnel le retoquerait comme il a rejeté la loi augmentant les délais de rétention des délinquants les plus dangereux. Alors que le parlement l’avait votée. Après débats.  L’avis subjectif de 9 juges nommés et inamovibles fait la loi du pays. Notons que je suis pour des arbitres impartiaux car une démocratie ne peut vivre qu’avec une justice forte et insoupçonnable. Mais responsable et rendant des comptes.

La loi votée de M. Duplomb concernant les pesticides fait l’objet d’une pétition des verts signée par deux millions de citoyens pour qu’on la revoie. Il parait que la pétition sur l’immigration lancée par M .de Villiers qui frôle les deux millions de signataires n’a pas à être examinée car elle ne serait pas régulière et peut cliver en stigmatisant des individus ? Y-a-y-il deux poids et deux mesures ? Il y a des sujets qui dérangent.

 Des magistrats en exercice font savoir qu’ils n’appliqueront pas telle loi existante ou la videront de ses objectifs et par avance récusent un texte en préparation car cette législation leur parait liberticide. Qui donc défend l’intérêt général, et tous les magistrats jugent-ils encore au nom du peuple français, lequel d’ailleurs ? Dont les opinions sont connues sondages après sondages et votes après votes. Les élites n'ont pas à décréter ce que les citoyens devraient vouloir et approuver. Je suis leur chef donc je les suis. Interroger par les urnes les citoyens c’est démocratique.  Ce serait la loi.

Bien que non formellement inscrit dans la Constitution mais c’est un usage le président de la République a seul un domaine réservé. Ainsi veut -il faire naitre l’Etat de Palestine, a priori sans vraies conditions ? Et donner des milliards à l’Ukraine alors que l’on cherche des sous à économiser. En cas de désordre inouï et de blocage du pays et des institutions l’article 16 de la Constitution serait -il activé ? A tirer sur la corde elle casse. Serait- ce encore l’état de droit ?   

  

mercredi 10 septembre 2025

Le juge et son jardin secret

 

                                           Le juge et son jardin secret

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Dans un état de droit qui est encore le notre malgré l’instabilité politique et les soubresauts violents de la société et des contestations contradictoires permanentes, la Justice est au centre des institutions et tout ce qui l’affaiblit doit être combattu. Notre Constitution n’évoque qu’une autorité judiciaire. Le général De Gaulle voulait faire savoir qu’il n’y avait que deux pouvoirs : le législatif et surtout l’exécutif avec l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel. M. Macron flotte mais ne coule pas, pour l’instant. Et ne se passionne pas pour la Justice qui est un monument régalien en péril.

La société a beaucoup évolué. Les français n’ont plus confiance dans la classe politique qui offre un spectacle lamentable avec des arrangements divers et se défient de la Justice avec ses délais très longs, ses moyens matériels défaillants, son langage abscons, et des magistrats que l’on accuse d’être partiaux. Notamment en matière pénale. Une grosse minorité agissante comme les membres du syndicat de la magistrature qui penche à gauche, veut changer la société sans aucun mandat des citoyens et a choisi de s’intéresser plutôt aux délinquants qu’aux victimes et pas à la nation qui a le droit de se défendre. Les justiciables ne supportent pas de subir des juges qui font connaitre leurs croyances et états d’âme et qui par leurs jurisprudences veulent éduquer le peuple selon leurs principes. Ou redresser les injustices sociales.

Et ils s’indignent contre les magistrats qui commettent exceptionnellement des manquements parfois graves de procédure qui entraînent des conséquences dramatiques. Sans sanction véritable pour eux. L’erreur est humaine et les juges croient bien faire en toutes circonstances. La loi complexe peut être un couperet.   

Ou en considérant des juges comme étant laxistes pour les affaires de sang qui défraient la chronique et sont en lien avec l’insécurité et la violence exponentielles. A ces sujets je ne partage pas l’analyse de mon excellent confrère Dupond-Moretti et je ne crois pas que certains médias soient irresponsables en parlant de faits qui entrainent la peur des Français. Ils ne sont pas comptables des agissements de meurtriers endoctrinés ou non.  La plupart se disant déséquilibrés ou possédés, ce qui est une excuse fumeuse. L’homme est responsable de ses actes, sauf exception très rare.

Je n’aborde pas le contentieux civil qui concerne la plus grande partie des justiciables où l’on met rarement en cause les mêmes magistrats. En y ajoutant bientôt l’intelligence artificielle et la justice prédictive.  Je ne sais pas si l’introduction de la machine et des algorithmes sera un progrès ? Le progressisme n’apporte pas que des bienfaits. 

 Heureusement la grande majorité des juges remplit ses fonctions avec dévouement et conscience en appliquant la loi bonne ou mauvaise que les parlementaires votent. Et qu’ils n’assument pas ou rejettent si elle ne vient pas de leur camp. L’électoralisme est la priorité. Notre législation est instrumentalisée. On peut mourir de nos libertés infinies.   

M. Gérald Darmanin Garde des Sceaux le 5 septembre 2025 a fait modifier à juste titre dans le sens de la laïcité le règlement interne de l’école de la magistrature, celle qui forme les juges qui vont officier dans les décennies qui viennent. Toute une nouvelle génération qui constate tous les jours les problèmes à résoudre. Il n’y aura pas de voile possible pour une magistrate ni d’abaya pour un magistrat ni d’ailleurs de signes ostensibles de religion pour tous ou d’appartenance à telle ou telle obédience. Ou courant de pensées. La filière prépa-talent qui permet à des étudiants défavorisés ou de quartiers dits sensibles d’être admis dans les grandes écoles ne doit pas conduire à des débordements ou de l’entrisme cultuel sinon culturel particulier. La France est laïque qu’on le veuille ou non. La sphère privée doit rester à l’entrée des tribunaux. 

C’est évident sinon le justiciable va se renseigner sur les opinions de son futur juge, pourra le choisir ou le récuser et les jugements et arrêts ne seront plus rendus au nom du peuple français tout entier. Outre l’impartialité qui est demandée aux juges au -delà de leurs convictions personnelles, il y a la nécessité de la neutralité absolue du service public. Et de sa dignité attachée à l’autorité.  Aucun affichage qui heurte. Seule la robe noire est autorisée.

Je ne suis pas certain que la décision de M. Darmanin soit définitive. Je ne serai pas étonné que des futurs magistrats contestent l’interdiction et qu’une juridiction annule l’arrêté du ministre courageux. Par exemple au nom de la liberté de croire, d’une discrimination, de l’atteinte à la vie privée ou autre grand principe des droits de l’homme /de la femme ou de la jurisprudence européenne qu’on ne maitrise pas. 

Tout le monde est d’accord pour dire que la Justice est indépendante et doit le rester. On a besoin d’arbitres insoupçonnables qui participent à l’union de la société et qui la rassurent. Depuis de très nombreuses années on débat d’une réforme. Mais on ne dit pas comment on fait en pratique et selon quelle légitimité pour rendre des comptes et à qui, puisque la Justice n’est pas un pouvoir. Les politiques dans le viseur des juges n’osent pas trancher. De même pour le statut des procureurs qui sont sous la hiérarchie du ministre de la Justice. Ce qui fait douter même si les instructions individuelles n’existent plus.    

Les hauts magistrats intègres et compétents aux commandes ne sont pas responsables de l’élaboration de la loi et de l’impéritie des politiques incapables de décider. Il appartient aux promotions de jeunes magistrats qui vivent dans la société actuelle avec des problèmes existentiels nouveaux ou qui ne s’imposaient pas avec une telle intensité il y a quelques années, de bâtir une Justice moderne adaptée aux besoins des Français, sans déni, sans idéologie et dans l’intérêt général.   

Voltaire écrit dans Candide : «il faut cultiver son jardin ». Que les magistrats fassent pousser des jugements mais ne montrent pas leurs jardins secrets et qu’ils réussissent à apaiser la société. Leur devoir est de prendre de la hauteur. Sans soumission. Que leurs tenues ne soient ni voilées ni ornées de fioritures. Sauf les décorations qu’ils mériteront.      

 

mardi 2 septembre 2025

Boum cela peut faire mal

 

Boum cela peut faire mal

           Par Christian Fremaux avocat honoraire

Vu le déficit abyssal avec les perspectives de faillite et la désignation de boucs émissaires chacun défend ses acquis et pas l’intérêt général, c’est humain bien que regrettable pour le collectif. C’est une partie du blocage, outre le fait que les citoyens veulent être entendus et qu’on respecte leurs votes. On a le sentiment que nos parlementaires actuels qui veulent conserver leurs avantages et tous arriver au pouvoir, savent tout avec la science infuse. Mais sont déconnectés de leurs électorats plus raisonnables qu’eux et qui n’ont pas envie de payer une facture alourdie en supportant le désordre pour régler des problèmes d’ego et d’ambitions. Car personne n’a la vérité unique et des mesures miracles pour résoudre le problème de la dette-entre autres problèmes régaliens- ou certains bénéficiaires parmi les Français ! Il va falloir choisir entre les solutions les moins pires. Quel que soit le 1er ministre. Et être plus cool.

On ne dit pas merci aux jeux politiciens de nos élus qui prennent les citoyens pour des ignares naïfs. Les chantages des uns et des autres sont pathétiques et scandaleux. Attention au dégagisme qui balaiera les partis dits républicains car à force de tirer sur la corde elle casse.  Et en demandant toujours plus de sacrifices aux mêmes et à ceux qui ont été des fourmis, en criant au loup sans rien proposer de faisable concrètement, on est viré. Les fronts républicains mariant ceux qui se détestent sont des leurres. Pour les conséquences on appréciera. En attendant on démolit les mouvements spontanés repris en main par de vrais pros.  Il est certain que les citoyens trouveront des solutions que la masse parlementaire rejette. La république est en danger et ce sera une responsabilité partagée de nos excellences.  Ce sera trop tard pour dire « on n’y a pas cru ».

 Je suis un boomer mais pas au sens de fêtard comme ceux des raves- party qui se moquent de la loi et des gens, en malheur ou non. Ce sont des égoïstes délinquants de première catégorie : leur plaisir d’abord. D’autres pays ont choisi d’être judiciairement sévères à leur encontre. On peut y ajouter les désobéisseurs professionnels et les casseurs pour tout sujet. Être ferme et faire respecter les règles en général est un devoir personnel outre une obligation de l’Etat. Et des prétendus puissants.

Je suis un boomer classique et je connais les coupables : mes parents. Ils avaient choisi de repeupler la France, et de travailler à la reconstruire, avec un système de retraite qu’ils ont assumé. Je ne vais pas leur faire un procès post mortem en leur reprochant de m’avoir fait naitre après- guerre et de devoir assumer les conséquences de mon statut actuel. J’ai fait mon devoir : un service militaire, puis des études pas faciles et pas payées, et travailler beaucoup, casquer de trop, assurer les retraites de mes ainés, terminer les guerres de décolonisation dont on nous reproche encore aujourd’hui les effets, subir des crises graves, préparer le pays pour les actifs actuels. Eux qui se plaignent des 35 heures et de petits salaires, de ne pas avoir suffisamment de jours fériés ponts et viaducs et de vacances pour concilier ce qui est devenu un dogme : vie professionnelle et vie privée avec une préférence pour celle- ci. En pensant qu’ils n’auront pas de retraite. Et les jeunes qui viennent ? Et la solidarité ?

 La société et les états d’esprit ont évolué ce qui explique les dialogues de sourds actuels. Personne ne veut être convaincu par l’autre qui doit supporter ce qui ne va pas.  Le séparatisme culturel sous toutes ses formes est le début de la désunion. Et quand ça fait boom tout le monde regrette et est ébahi. Il faut commencer par parler la même langue, avoir les mêmes valeurs républicaines et se mettre d’accord sur un socle commun, un cap et des objectifs au moins dans les grandes largeurs. Ce qui n’est pas accepter un diagnostic unique qui entraine des prises de mesures décidées dans une tour d’ivoire. Le mieux serait d’interroger officiellement les Français par un mécanisme démocratique prévu par la constitution. Ceci souderait et les vieux papys qui paient aussi pour leurs enfants et petits- enfants et les actifs actuels. Il y aurait égalité dans le constat. Et la responsabilité.

Des boomers sont réapparus eux qui ont participé activement ou par partis interposés depuis des lustres à des découverts chroniques du budget et à l’augmentation de la dette, pour de bonnes raisons disent- ils : cela se discute. Ainsi M. Barnier, puis M. Bayrou qui ainsi s’auto- accuse et joue Saint Sébastien en recevant les flèches. Avec M. Mélenchon qui persiste en faisant simple : on renverse tout, les riches paieront, les méchants disparaitront et on verra ensuite. Ils ont tous LA solution mais personne n’en veut. Il y a même M. Cohn-Bendit chantre du désordre en Mai 68 qui dans les médias nous apprend comment se calmer et être modéré. On croit au film « retour vers le futur ». M. De Villepin entre au club. Compter sur le passé n’est pas bon signe.

 Ces papy-boomers sont talonnés par des presque sexagénaires ou un peu plus, que les médias citent pour prendre la main, tels MM. Philippe en avance et Retailleau, avec Olivier Faure et Bernard Cazeneuve voire M. Hollande et Mme Royal sinon Mme Le Pen. Mme Sandrine Rousseau voulait participer mais son camp lui a demandé de ne pas insister : dommage pour le fun ! La jeunesse éternelle veut le pouvoir ! On a écarté M. Sarkozy qui ne demande rien et n’accable personne et M. Giscard d’Estaing ou M. Barre voire M. Chirac sont décédés. S’il ne l’était pas M. Mitterrand nous aurait rappelé son tournant de la rigueur en 1983 et la retraite à 60 ans.  On l’a échappé bel comme boomers !  

Boom est le bruit de l’explosion qui pulvérise, éparpille et laisse des dégâts et des victimes. Je crains que nos parlementaires actuels jouent avec le feu : eux ou rien. Juridiquement et constitutionnellement parlant il y aura un budget qui ne plaira à personne s’il n’y a pas des compromis. Il creusera encore la dette et fragilisera le pays. En fracturant la nation. On le sait mais on ne peut faire avancer les ânes qui se bloquent sur leurs pattes. Notre démocratie se déshonore. Charles Trenet chantait « quand votre cœur fait boum...c’est l’amour qui s’éveille... ». Il donnait l’espoir. Avant que mon palpitant ne cède je ne veux pas partir avec l’étiquette de celui qui a failli, qui a profité et qui laisse une situation ingérable. Je ne suis pas plus coupable qu’un autre. Je voudrai être acquitté. Dans le cadre d’une réconciliation nationale. Il est temps.