jeudi 20 décembre 2018

Terminons 2018 par des vœux pieux d’une grande banalité.


Terminons 2018 par des vœux pieux d’une grande banalité.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.


Par ces temps agités que l’on qualifie d’insurrection ce qui me parait exagéré car il ne faut pas ajouter de la peur à de l’agitation brutale qui a lieu le samedi exclusivement , et dont on a connu des épisodes de même nature dans le passé,  il convient d’être prudent dans la formulation de ce que l’on veut dire, car on en a pendu à diverses époques de notre histoire pour peu ou des maladresses, et pour une expression méprisante ou un silence suspect.  Le mois de décembre 2018 a été sanglant puisque un terroriste de l’intérieur s’est rappelé à nous , peut  être motivé par le climat délétère ambiant  mais je ne veux faire aucun lien  avec la violence liée au mouvement des gilets jaunes qui sont des pacifiques, et qu’il y a eu plusieurs morts et des centaines de blessés y compris chez les forces de l’ordre à la suite des revendications soudaines et spontanées a priori de ceux qui réclament plus de pouvoir d’achat et  de justice fiscale en particulier, qui se battent pour toucher ce qui  correspond à leurs efforts ce qui leur parait juste et qui  dénoncent leurs fins de mois difficiles, qui veulent que leur travail paie plus que l’assistanat  ou l’aide accordée trop facilement à certains même si on est pour la redistribution et la solidarité outre l’humanisme.  Ils veulent aussi être reconnus comme des êtres humains qui méritent le respect, bénéficier de la mondialisation qui n’atteint pas les territoires où ils vivent où les médecins, les petits commerces, les services publics ont disparu, et où le numérique ne fonctionne pas ou mal et  où ils ne participent pas à la pollution comme on en  leur serine le cerveau. Mais ils paient  à l’heure et rubis sur l’ongle impôts et  taxes, subissent de plein fouet toutes les augmentations, et ils ne veulent plus baisser la tête et dire en plus un merci muet  en n’étant pas considérés et pris pour ceux qui ne comprennent rien  à la pensée réputée complexe du chef de l’Etat et aux donneurs de leçons bien au chaud dans les grandes métropoles et ayant souvent la garantie de l’emploi et le respect pour leur « vive  intelligence  très subtile »  que le peuple ne saisit pas  comme l’a dit en toute modestie et inconscience le président du groupe des députés LREM. Fermez le ban à ce niveau de prétention. Ces français de base-je n’écris pas de souche c’est connoté- veulent désormais dire leur mot sur les problèmes qui les concernent, s’exprimer plus souvent, se passer des corps intermédiaires qu’ils estiment ni compétents ni efficaces ou utiles -ce qui est faux-et envers qui ils ont perdu confiance. Ils renvoient au président de la république Macron  ce que le candidat Emmanuel avait promis : un dialogue direct, sans partis politiques , sans syndicats, les yeux dans les yeux, avec pour objectif un nouveau monde, l’ancien ayant failli. Le président est servi et il a demandé au gouvernement de manger son chapeau et de faire droit aux demandes financières des manifestants qu’il a estimé légitimes, ne serait- ce que pour éteindre les incendies immédiatement. J’ai ri jaune si je puis dire quand j’ai vu que nos éminents technocrates ne savaient pas comment mettre en pratique les mesures  immédiates promises par le président par exemple les 100 euros nets pour le smic. Il ne suffit pas d’avoir fait de grandes études et de travailler dans les palais  pour savoir faire ,ce qui est  souvent exigé sous peine de sanctions pour le citoyen de base perdu dans l’informatique et l’interprétation des textes. Mais cette  réflexion est quasiment du populisme car il faut des élites qui réfléchissent à l’avenir, et nous empêchent de tomber  encore plus dans les travers de la dette et du déficit, Maastrich nous guette, comme pendant  des décennies de gauche et de droite passées ! où des technocrates similaires étaient déjà au pouvoir. C’est la période de noël où tout le monde s’aime : les cadeaux ont été annoncés, et il faut désormais savoir qui va payer, car c’est toujours le cas  certains souvent les mêmes  mettent  la main à la poche. Le financement de dépenses ne vient pas de nulle part même si on renvoie vers les générations futures. L’égalitarisme  dangereux souffle et l’inégalité réelle, exagérée ou supposée est ce que l’égalité des droits et devoirs oblige. Des rapports sociaux nouveaux sont réclamés et la majorité  jusque  là silencieuse, s’exprime bruyamment par  la voix d’une minorité ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Finis les lieux de pouvoir, les ministères, les préfectures, le parlement. Désormais les ronds points tiennent le haut du pavé. On ressuscite l’agora athénienne et la parole circule librement, un peu décousue,  contradictoire souvent, mais avec fraternité. On place l’humain au centre des débats. Je me réjouis de cette évolution de la pensée officielle, en espérant que l’on aboutira à satisfaire les exigences souvent contraires et j’attends avec  impatience le grand débat national qui ne doit pas être un déballage de rue, ni un règlement de comptes pour ce qui est ou a été. Les élus locaux , les maires en particulier qui sont des bénévoles et à portée  de la première engueulade justifiée ou non possible, n’ont ni démissionné, ni se sont mis aux abonnés absents. Ils reçoivent les citoyens qui sont  leurs électeurs régulièrement et discutent avec eux. Ils ont fait remonter l’information, ont prévenu de la grogne mais en vain. Les élus bénéficient d’un CDD électoral qu’ils aiment transformer en CDI. Ils n’aiment pas les licenciements brutaux. La plupart des gilets jaunes étant des salariés devraient approuver ce souhait ? Personnellement j’ai  commencé  le débat dans ma famille car j’y ai une voix prépondérante, et bien que domicilié à Neuilly où je ne fréquente personne pour ne pas être taxé de riche, je préfère discuter avec mes amis et voisins de ma campagne rurale  de l’Oise où je suis élu depuis des siècles ; place aux jeunes !.  Mes gilets jaunes picards ont gardé leurs habits de cultivateurs et ont continué à préparer la terre pour la future moisson et à bien  soigner les bêtes pour ceux qui en ont conservé, pour ne pas être attaqué par les végans ou les anti spécistes. Mais les paysans ont aussi des revendications. Mes gilets jaunes qui sont des travailleurs dans les industries, ou chez les artisans, dans  les commerces ou les services ont continué à prendre leurs voitures pour leurs déplacements obligatoires et  aller faire des courses ou conduire les enfants à l’école et sont furieux d’être désignés comme les responsables de ce qui ne va pas.  Bien que « ploucs » et ne plaisant pas à l’immense écrivain BHL germanopratin (habitants de saint- germain- des prés à paris) ,ils estiment avoir le droit de vivre selon leurs critères et choix, surtout de leur travail. Bien sûr tous exècrent la violence physique notamment et la destruction de biens fussent-ils publics. Ils ne refusent pas l’impôt sur le revenu pour les 50% qui le paient . Ils demandent simplement un retour sur investissement et veulent en voir les réalisations concrètes. Espérons que 2019 sera  l’année du renouveau et du vrai changement après l’immobilisme sophistiqué que nous avons vécu et que l’effort collectif  paiera avec les réformes qui ne doivent pas s’arrêter mais plutôt vraiment commencer sur les dépenses publiques, le périmètre de l’Etat, la notion de service public, une décentralisation reprise  car le cadre départemental (les anciens cantons) ou communal rapproche les exécutifs  du citoyen, et si l’on veut  de la proximité il faut faciliter le travail des élus y compris nationaux avec le terrain. Ce n’est pas la revanche des girondins sur les jacobins. Un pouvoir exécutif fort et central est nécessaire et  il est compatible avec l’irrigation des territoires et leur vitalité. Avant de viser à l’universel traversons la route jusque les centres de la France et accompagnons ceux qui y habitent avec les moyens appropriés¸ c’est notre première richesse.  Enfin il ne s’agit pas de vouloir l’ordre par principe qui conduit à l’autoritarisme. Ce qui ne fait pas partie des cahiers de doléances en préparation. La sécurité est la première des libertés et l’ordre républicain permet de réfléchir sereinement  et de bâtir des solutions avec  des fondations solides en évitant la précipitation qui en général conduit à des erreurs et à des insatisfactions. La discussion oui, la chienlit non  comme le disait un général qui après mai 68 a connu une chambre bleue horizon  et qui a choisi de partir volontairement  après l’échec du référendum qu’il avait proposé aux français. Comme quoi  le mieux n’est jamais certain.
Le président de la république a décidé  avec raison d’un grand débat avec  quelques thèmes prédéfinis  obligatoires compte tenu de la crise : j’espère que l’immigration qui touche à ce que nous sommes et avec  qui et comment on veut continuer le chemin dans un monde multi polaire et menaçant  va en faire partie puisque tout tabou est exclu. Le président de la république a décidé sans délibérations publiques sauf erreur de ma part-ce qui est faire de la politique à l’ancienne !-  de signer le pacte de Marrakech  sur les migrations approuvé par la majorité des Etats de l’ONU, ce qui a fait cependant  tomber le premier ministre  belge récemment .Il est mieux et exemplaire de mettre ses actes en conformité avec ses principes.  Mais une demande nouvelle a surgi : l’instauration du référendum d’initiative citoyenne qui permettrait sous certaines conditions , de révoquer les élus à tout moment (aucun élu ne partage évidemment ce point de vue la révocation renvoyant à la faute grave ou l’insuffisance avérée).Un  élu ne veut pas  être révocable « ad nutum » comme un vulgaire PDG ou un gérant de société commerciale qui a commis une faute de gestion ou qui a fraudé ou piqué dans la caisse. Un élu local est un bénévole qui a le goût de la chose publique et qui se dévoue pour faire ce que les gens ne veulent pas faire et prendre des responsabilités. Il ne faut pas  le décourager et  le placer  sous l’œil d’un inquisiteur même de bonne foi soyons positif (jadis j’aurais écrit sous l’œil de Moscou, mais c’est périmé). Le référendum d’initiative citoyenne permettrait  aussi d’exiger telle ou telle mesure , voire de changer la constitution, le texte fondateur qui organise le fonctionnement des services  publics et qui prévoit  la séparation des pouvoirs. Au secours Montesquieu ils sont devenus fous !. Pitié, on a connu les défauts de la 3ème et de la  4ème république et on sait comment cela peut finir : mal en général avec une demande d’ordre ou d’autorité renforcée, avec limitation des libertés individuelles  et publiques. Ne jouons pas avec le feu en créant  une 6ème république (ce que M .Melenchon admirateur de MM. Chavez et Maduro réclame ce qui m’incline à la méfiance) , bavarde, instable et soumise aux minorités agissantes .Ce serait le coup d’insurrection permanent et des réclamations sans fin puisque quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites. Les parlementaires  seraient les scribes de la rue à mandat impératif et  n’auraient plus aucune vraie utilité. Il ne faudrait donc pas en diminuer le nombre comme c’est annoncé dans la prochaine réforme constitutionnelle,  mais carrément dans l’absolu  les supprimer ce qui satisfera ceux qui veulent des économies par l’exemple et qui pensent qu’un pays se gouverne simplement par la volonté exprimée d’un petit nombre, sur les réseaux sociaux de préférence, avec un parlement élu à la proportionnelle intégrale avec certains membres  tirés au sort (comme les jurés de cour d’assises) donc avec un gouvernement de coalition,  et où l’exécutif obeït en prenant l’argent là où il peut, le président de la république n’incarnant plus l’autorité de l’Etat ni la cohésion nationale, et devant demander la permission pour tout et rien sous la menace d’être destitué, « l’impeachment » à l’américaine pouvant être institué.  Ce serait un retour dans le futur.   Les institutions de la 5ème république ont encore fait leurs preuves dans la tourmente actuelle même s’il est acquis qu’il faut les améliorer, les aérer , les rendre plus souples, pour permettre l’expression citoyenne entre deux élections sans attendre les échéances légales, par exemple pour retirer un projet qui a échoué ou le modifier, et pour initier des idées concrètes nouvelles.   
 Je suis pour la démocratie  active et électorale et contre la démagogie, l’utopie ou l’essai pour voir : est -ce compatible ? J’ai posé cette question  à une élite de ma commune-un agriculteur- et la même question à l’un des rares membres de LREM qui ose encore se revendiquer comme tel -encore un agriculteur  . J’ai interrogé aussi un électeur de base que j’ai choisi au hasard pour avoir son avis, mais il n’a pas compris l’interrogation. De mon sondage il résulte  que mon opinion est majoritaire et que la démocratie représentative est la  pire des solutions à l’exception de toutes les autres. Nous sommes dans un village global que l’on le veuille ou non et il faut en tirer des avantages pour tous. On vient d’ouvrir les yeux sur ceux qui sont  les vaincus du progrès, et que de surcroit on dénigre avec condescendance. Mais ils ont le droit de s’exprimer et de réclamer comme toutes les catégories sociales qui vont vouloir aller désormais à la soupe puisque la table est en libre service, pour l’instant. La démocratie active consiste à écouter, il faut donc des capteurs jusque dans les plus petites communes  et proposer des mesures sans attendre que le couvercle de la marmite explose. Dans chaque conseil municipal il y a chaque année un débat  prospectif  d’orientation, auquel les citoyens peuvent d’ailleurs participer. Développons cet outil. Les gilets jaunes ont posé de bonnes questions ; où va le pognon ? Qui en bénéficie ? Pourquoi travailler sans pouvoir pleinement vivre ? A combien par mois est- on riche, et le travail et l’épargne sont- ils bien vus ? Peut- on exister  dans l’injustice fiscale, sociale, territoriale ? Qui décide et de quoi ? Qui est le souverain : le peuple, le prince,   l’Europe ou les GAFA ? (réponse aux prochaines élections européennes).Quel est notre avenir collectif ? Avec quelles valeurs …
Les gilets jaunes qui sont sans dieux ni maîtres  à les écouter, se déconsidéreraient si certains d’entre eux acceptaient de figurer sur les listes électorales pour les prochaines élections européennes, et les partis politiques qui voudraient les récupérer par opportunisme ne mériteraient pas d’avoir du succès. Le jeu politicien est grandement responsable de la situation qui vient de loin, et les partis politiques ne vont pas toucher une prime comme les smicards. Ils sont indispensables dans le débat public mais qu’ils se renouvellent et apprennent le principe de responsabilité et la modestie en ne se contentant pas de critiquer et de s’invectiver les mardi et  mercredi  à l’assemblée ou dans les couloirs comme des gamins impubères mais en faisant des propositions  réalisables.  La démocratie c’est avant tout l’art du débat contradictoire sur des projets sérieux. Les «  il faut que» , « y a qu’à » sont inaudibles et participent à la dégradation du climat  qui se réchauffe, lorsqu’on  attise les braises. Les ronds points  ont servi de forums et ont obligé les autorités à aller à Canossa comme le sous- préfet allait aux champs, mais cela ne peut durer .Il faut trancher entre plusieurs légitimités, et la fraternité et le devoir d’humanité sont nécessaires mais pas suffisants pour construire un monde meilleur.  «Soyons réalistes demandons l’impossible » disaient en mai 68 M.Cohn Bendit et ses amis qui ont tous fait des carrières honorables voire brillantes y compris en politique ou dans les médias et qui conseillent ce qu’il faut changer forts de leur vécu (sic) .Mais à l’époque la France s’ennuyait et les garçons voulaient aller dans le vestiaire  ou la chambre des filles . En 2018 on veut tout simplement le possible c’est à dire une meilleure répartition des richesses.  Le grand soir n’est pas pour demain et il n’est pas souhaitable, car 1789 nous a appris que la révolution tuait ses propres enfants et thuriféraires. Il n’est d’ailleurs pas réclamé sauf mauvaise interprétation de ma part : on souhaite simplement un peu de remise en ordre et moins d’injustice, ce qui est très raisonnable.  Que d’une grande injustice ne sorte pas un grand désordre. On connait la formule « je suis leur chef donc je les suis ». Faisons en sorte d’être des facilitateurs et des transmetteurs d’une société plus juste et plus éclairée, solidaire entre les générations et généreuse pour tous. Tout en améliorant l’existant- on disait l’ordinaire quand j’ai fait mon service militaire - car il n’y a pas de raison de sacrifier ceux qui ont beaucoup donné et continuent à s’impliquer (au hasard et comme exemple les retraités dont je suis et qui ont cru dans les engagements de l’Etat).  
Ces vœux que je n’espère pas uniquement  pieux sont d’une grande banalité, mais il faut y croire. 




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