Terminons 2018 par des vœux pieux
d’une grande banalité.
Par Christian Fremaux avocat
honoraire et élu local.
Par ces
temps agités que l’on qualifie d’insurrection ce qui me parait exagéré car il
ne faut pas ajouter de la peur à de l’agitation brutale qui a lieu le samedi
exclusivement , et dont on a connu des épisodes de même nature dans le passé, il convient d’être prudent dans la formulation
de ce que l’on veut dire, car on en a pendu à diverses époques de notre
histoire pour peu ou des maladresses, et pour une expression méprisante ou un
silence suspect. Le mois de décembre
2018 a été sanglant puisque un terroriste de l’intérieur s’est rappelé à nous ,
peut être motivé par le climat délétère ambiant
mais je ne veux faire aucun lien avec la violence liée au mouvement des gilets
jaunes qui sont des pacifiques, et qu’il y a eu plusieurs morts et des
centaines de blessés y compris chez les forces de l’ordre à la suite des
revendications soudaines et spontanées a priori de ceux qui réclament plus de
pouvoir d’achat et de justice fiscale en
particulier, qui se battent pour toucher ce qui correspond à leurs efforts ce qui leur parait juste
et qui dénoncent leurs fins de mois
difficiles, qui veulent que leur travail paie plus que l’assistanat ou l’aide accordée trop facilement à certains
même si on est pour la redistribution et la solidarité outre l’humanisme. Ils veulent aussi être reconnus comme des
êtres humains qui méritent le respect, bénéficier de la mondialisation qui
n’atteint pas les territoires où ils vivent où les médecins, les petits
commerces, les services publics ont disparu, et où le numérique ne fonctionne
pas ou mal et où ils ne participent pas
à la pollution comme on en leur serine
le cerveau. Mais ils paient à l’heure et
rubis sur l’ongle impôts et taxes,
subissent de plein fouet toutes les augmentations, et ils ne veulent plus
baisser la tête et dire en plus un merci muet en n’étant pas considérés et pris pour ceux
qui ne comprennent rien à la pensée réputée
complexe du chef de l’Etat et aux donneurs de leçons bien au chaud dans les
grandes métropoles et ayant souvent la garantie de l’emploi et le respect pour
leur « vive intelligence très
subtile » que le peuple ne saisit
pas comme l’a dit en toute modestie et
inconscience le président du groupe des députés LREM. Fermez le ban à ce niveau
de prétention. Ces français de base-je n’écris pas de souche c’est connoté-
veulent désormais dire leur mot sur les problèmes qui les concernent,
s’exprimer plus souvent, se passer des corps intermédiaires qu’ils estiment ni
compétents ni efficaces ou utiles -ce qui est faux-et envers qui ils ont perdu
confiance. Ils renvoient au président de la république Macron ce que le candidat Emmanuel avait promis :
un dialogue direct, sans partis politiques , sans syndicats, les yeux dans les
yeux, avec pour objectif un nouveau monde, l’ancien ayant failli. Le président
est servi et il a demandé au gouvernement de manger son chapeau et de faire
droit aux demandes financières des manifestants qu’il a estimé légitimes, ne
serait- ce que pour éteindre les incendies immédiatement. J’ai ri jaune si je
puis dire quand j’ai vu que nos éminents technocrates ne savaient pas comment mettre
en pratique les mesures immédiates
promises par le président par exemple les 100 euros nets pour le smic. Il ne
suffit pas d’avoir fait de grandes études et de travailler dans les palais pour savoir faire ,ce qui est souvent exigé sous peine de sanctions pour le
citoyen de base perdu dans l’informatique et l’interprétation des textes. Mais
cette réflexion est quasiment du
populisme car il faut des élites qui réfléchissent à l’avenir, et nous
empêchent de tomber encore plus dans les
travers de la dette et du déficit, Maastrich nous guette, comme pendant des décennies de gauche et de droite passées !
où des technocrates similaires étaient déjà au pouvoir. C’est la période de
noël où tout le monde s’aime : les cadeaux ont été annoncés, et il faut
désormais savoir qui va payer, car c’est toujours le cas certains souvent les mêmes mettent la main à la poche. Le financement de
dépenses ne vient pas de nulle part même si on renvoie vers les générations
futures. L’égalitarisme dangereux
souffle et l’inégalité réelle, exagérée ou supposée est ce que l’égalité des
droits et devoirs oblige. Des rapports sociaux nouveaux sont réclamés et la
majorité jusque là silencieuse, s’exprime bruyamment par la voix d’une minorité ce qui n’est pas le
moindre des paradoxes. Finis les lieux de pouvoir, les ministères, les
préfectures, le parlement. Désormais les ronds points tiennent le haut du pavé.
On ressuscite l’agora athénienne et la parole circule librement, un peu
décousue, contradictoire souvent, mais
avec fraternité. On place l’humain au centre des débats. Je me réjouis de cette
évolution de la pensée officielle, en espérant que l’on aboutira à satisfaire
les exigences souvent contraires et j’attends avec impatience le grand débat national qui ne
doit pas être un déballage de rue, ni un règlement de comptes pour ce qui est
ou a été. Les élus locaux , les maires en particulier qui sont des bénévoles et
à portée de la première engueulade
justifiée ou non possible, n’ont ni démissionné, ni se sont mis aux abonnés
absents. Ils reçoivent les citoyens qui sont
leurs électeurs régulièrement et discutent avec eux. Ils ont fait
remonter l’information, ont prévenu de la grogne mais en vain. Les élus bénéficient
d’un CDD électoral qu’ils aiment transformer en CDI. Ils n’aiment pas les
licenciements brutaux. La plupart des gilets jaunes étant des salariés devraient
approuver ce souhait ? Personnellement j’ai commencé
le débat dans ma famille car j’y ai une voix prépondérante, et bien que
domicilié à Neuilly où je ne fréquente personne pour ne pas être taxé de riche,
je préfère discuter avec mes amis et voisins de ma campagne rurale de l’Oise où je suis élu depuis des
siècles ; place aux jeunes !.
Mes gilets jaunes picards ont gardé leurs habits de cultivateurs et ont
continué à préparer la terre pour la future moisson et à bien soigner les bêtes pour ceux qui en ont
conservé, pour ne pas être attaqué par les végans ou les anti spécistes. Mais
les paysans ont aussi des revendications. Mes gilets jaunes qui sont des
travailleurs dans les industries, ou chez les artisans, dans les commerces ou les services ont continué à
prendre leurs voitures pour leurs déplacements obligatoires et aller faire des courses ou conduire les
enfants à l’école et sont furieux d’être désignés comme les responsables de ce
qui ne va pas. Bien que
« ploucs » et ne plaisant pas à l’immense écrivain BHL germanopratin (habitants
de saint- germain- des prés à paris) ,ils estiment avoir le droit de vivre
selon leurs critères et choix, surtout de leur travail. Bien sûr tous exècrent
la violence physique notamment et la destruction de biens fussent-ils publics.
Ils ne refusent pas l’impôt sur le revenu pour les 50% qui le
paient . Ils demandent simplement un retour sur investissement et veulent
en voir les réalisations concrètes. Espérons que 2019 sera l’année du renouveau et du vrai changement
après l’immobilisme sophistiqué que nous avons vécu et que l’effort collectif paiera avec les réformes qui ne doivent pas
s’arrêter mais plutôt vraiment commencer sur les dépenses publiques, le périmètre
de l’Etat, la notion de service public, une décentralisation reprise car le cadre départemental (les anciens
cantons) ou communal rapproche les exécutifs
du citoyen, et si l’on veut de la
proximité il faut faciliter le travail des élus y compris nationaux avec le
terrain. Ce n’est pas la revanche des girondins sur les jacobins. Un pouvoir
exécutif fort et central est nécessaire et
il est compatible avec l’irrigation des territoires et leur
vitalité. Avant de viser à l’universel traversons la route jusque les centres
de la France et accompagnons ceux qui y habitent avec les moyens appropriés¸ c’est
notre première richesse. Enfin il ne s’agit
pas de vouloir l’ordre par principe qui conduit à l’autoritarisme. Ce qui ne
fait pas partie des cahiers de doléances en préparation. La sécurité est la première
des libertés et l’ordre républicain permet de réfléchir sereinement et de bâtir des solutions avec des fondations solides en évitant la précipitation
qui en général conduit à des erreurs et à des insatisfactions. La discussion
oui, la chienlit non comme le disait un
général qui après mai 68 a connu une chambre bleue horizon et qui a choisi de partir volontairement après l’échec du référendum qu’il avait
proposé aux français. Comme quoi le
mieux n’est jamais certain.
Le président
de la république a décidé avec raison d’un
grand débat avec quelques thèmes
prédéfinis obligatoires compte tenu de la crise : j’espère que
l’immigration qui touche à ce que nous sommes et avec qui et comment on veut continuer le chemin dans
un monde multi polaire et menaçant va en
faire partie puisque tout tabou est exclu. Le président de la république a
décidé sans délibérations publiques sauf erreur de ma part-ce qui est faire de
la politique à l’ancienne !- de
signer le pacte de Marrakech sur les
migrations approuvé par la majorité des Etats de l’ONU, ce qui a fait cependant
tomber le premier ministre belge récemment .Il est mieux et exemplaire
de mettre ses actes en conformité avec ses principes. Mais une demande nouvelle a surgi :
l’instauration du référendum d’initiative citoyenne qui permettrait sous
certaines conditions , de révoquer les élus à tout moment (aucun élu ne partage
évidemment ce point de vue la révocation renvoyant à la faute grave ou l’insuffisance
avérée).Un élu ne veut pas être révocable « ad nutum » comme un
vulgaire PDG ou un gérant de société commerciale qui a commis une faute de
gestion ou qui a fraudé ou piqué dans la caisse. Un élu local est un bénévole
qui a le goût de la chose publique et qui se dévoue pour faire ce que les gens
ne veulent pas faire et prendre des responsabilités. Il ne faut pas le décourager et le placer sous l’œil d’un inquisiteur même de bonne foi
soyons positif (jadis j’aurais écrit sous l’œil de Moscou, mais c’est périmé). Le
référendum d’initiative citoyenne permettrait aussi d’exiger telle ou telle mesure ,
voire de changer la constitution, le texte fondateur qui organise le
fonctionnement des services publics et
qui prévoit la séparation des pouvoirs.
Au secours Montesquieu ils sont devenus fous !. Pitié, on a connu les
défauts de la 3ème et de la 4ème république
et on sait comment cela peut finir : mal en général avec une demande d’ordre
ou d’autorité renforcée, avec limitation des libertés individuelles et publiques. Ne jouons pas avec le feu en créant
une 6ème république (ce que M .Melenchon
admirateur de MM. Chavez et Maduro réclame ce qui m’incline à la méfiance) ,
bavarde, instable et soumise aux minorités agissantes .Ce serait le coup d’insurrection
permanent et des réclamations sans fin puisque quand les bornes sont franchies
il n’y a plus de limites. Les parlementaires
seraient les scribes de la rue à mandat impératif et n’auraient plus aucune vraie utilité. Il ne
faudrait donc pas en diminuer le nombre comme c’est annoncé dans la prochaine
réforme constitutionnelle, mais carrément
dans l’absolu les supprimer ce qui
satisfera ceux qui veulent des économies par l’exemple et qui pensent qu’un
pays se gouverne simplement par la volonté exprimée d’un petit nombre, sur les réseaux
sociaux de préférence, avec un parlement élu à la proportionnelle intégrale
avec certains membres tirés au sort
(comme les jurés de cour d’assises) donc avec un gouvernement de coalition, et où l’exécutif obeït en prenant l’argent là
où il peut, le président de la république n’incarnant plus l’autorité de l’Etat
ni la cohésion nationale, et devant demander la permission pour tout et rien sous
la menace d’être destitué, « l’impeachment » à l’américaine pouvant être
institué. Ce serait un retour dans le futur.
Les institutions de la 5ème
république ont encore fait leurs preuves dans la tourmente actuelle même s’il
est acquis qu’il faut les améliorer, les aérer , les rendre plus souples, pour
permettre l’expression citoyenne entre deux élections sans attendre les
échéances légales, par exemple pour retirer un projet qui a échoué ou le
modifier, et pour initier des idées concrètes nouvelles.
Je suis pour la démocratie active et électorale et contre la démagogie,
l’utopie ou l’essai pour voir : est -ce compatible ? J’ai posé cette
question à une élite de ma commune-un
agriculteur- et la même question à l’un des rares membres de LREM qui ose
encore se revendiquer comme tel -encore un agriculteur . J’ai interrogé aussi un électeur de base
que j’ai choisi au hasard pour avoir son avis, mais il n’a pas compris l’interrogation.
De mon sondage il résulte que mon opinion
est majoritaire et que la démocratie représentative est la pire des solutions à l’exception de toutes les
autres. Nous sommes dans un village global que l’on le veuille ou non et il
faut en tirer des avantages pour tous. On vient d’ouvrir les yeux sur ceux qui sont
les vaincus du progrès, et que de
surcroit on dénigre avec condescendance. Mais ils ont le droit de s’exprimer et
de réclamer comme toutes les catégories sociales qui vont vouloir aller
désormais à la soupe puisque la table est en libre service, pour l’instant. La démocratie
active consiste à écouter, il faut donc des capteurs jusque dans les plus
petites communes et proposer des mesures
sans attendre que le couvercle de la marmite explose. Dans chaque conseil municipal
il y a chaque année un débat prospectif d’orientation, auquel les citoyens peuvent d’ailleurs
participer. Développons cet outil. Les gilets jaunes ont posé de bonnes
questions ; où va le pognon ? Qui en bénéficie ? Pourquoi travailler
sans pouvoir pleinement vivre ? A combien par mois est- on riche, et le
travail et l’épargne sont- ils bien vus ? Peut- on exister dans l’injustice fiscale, sociale, territoriale ?
Qui décide et de quoi ? Qui est le souverain : le peuple, le prince, l’Europe
ou les GAFA ? (réponse aux prochaines élections européennes).Quel est
notre avenir collectif ? Avec quelles valeurs …
Les gilets jaunes
qui sont sans dieux ni maîtres à les
écouter, se déconsidéreraient si certains d’entre eux acceptaient de figurer
sur les listes électorales pour les prochaines élections européennes, et les partis
politiques qui voudraient les récupérer par opportunisme ne mériteraient pas d’avoir
du succès. Le jeu politicien est grandement responsable de la situation qui
vient de loin, et les partis politiques ne vont pas toucher une prime comme les
smicards. Ils sont indispensables dans le débat public mais qu’ils se renouvellent
et apprennent le principe de responsabilité et la modestie en ne se contentant
pas de critiquer et de s’invectiver les mardi et mercredi à l’assemblée ou dans les couloirs comme des
gamins impubères mais en faisant des propositions réalisables. La démocratie c’est avant tout l’art du débat
contradictoire sur des projets sérieux. Les « il faut que» , « y
a qu’à » sont inaudibles et participent à la dégradation du climat qui se réchauffe, lorsqu’on attise les braises. Les ronds points ont servi de forums et ont obligé les
autorités à aller à Canossa comme le sous- préfet allait aux champs, mais cela
ne peut durer .Il faut trancher entre plusieurs légitimités, et la fraternité et
le devoir d’humanité sont nécessaires mais pas suffisants pour construire un
monde meilleur. «Soyons réalistes
demandons l’impossible » disaient en mai 68 M.Cohn Bendit et ses amis qui
ont tous fait des carrières honorables voire brillantes y compris en politique
ou dans les médias et qui conseillent ce qu’il faut changer forts de leur vécu (sic)
.Mais à l’époque la France s’ennuyait et les garçons voulaient aller dans le vestiaire ou la chambre des filles . En 2018 on
veut tout simplement le possible c’est à dire une meilleure répartition des richesses.
Le grand soir n’est pas pour demain et
il n’est pas souhaitable, car 1789 nous a appris que la révolution tuait ses
propres enfants et thuriféraires. Il n’est d’ailleurs pas réclamé sauf
mauvaise interprétation de ma part : on souhaite simplement un peu de remise en
ordre et moins d’injustice, ce qui est très raisonnable. Que d’une grande injustice ne sorte pas un
grand désordre. On connait la formule « je suis leur chef donc je les
suis ». Faisons en sorte d’être des facilitateurs et des transmetteurs d’une
société plus juste et plus éclairée, solidaire entre les générations et généreuse
pour tous. Tout en améliorant l’existant- on disait l’ordinaire quand j’ai fait
mon service militaire - car il n’y a pas de raison de sacrifier ceux qui ont beaucoup
donné et continuent à s’impliquer (au hasard et comme exemple les retraités
dont je suis et qui ont cru dans les engagements de l’Etat).
Ces vœux que
je n’espère pas uniquement pieux sont d’une
grande banalité, mais il faut y croire.
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