L’insoutenable légèreté de l’être de
pouvoir en tous ses états et les attentes du citoyen et des professionnels.
Par Christian Fremaux président
d’honneur de l’ana-inhesj, avocat honoraire et élu local.
J’ai écrit les lignes qui suivent pendant le
mois d’août-il faut bien que les
vacances soient utiles et que l’on ne grille pas sur la plage béat ou
idiot pour rien , puisque le monde ne s’arrête pas et que les évènements se
succèdent parfois tristement-donc pendant la canicule. J’ai peut être
surchauffé excusez moi mais j’étais parti décompresser sur le lancement du mois
de juillet à Paris qui fut survolté .Il n’était donc pas possible de faire un
commentaire partial des faits du premier semestre 2018 qui m’ont intéressé sans
évoquer en premier lieu l’affaire d’un
anti-héros (alors qu’on recherche des héros à tout prix et des premiers de
cordée) qui comme Icare s’est approché
trop près du soleil et s’est brûlé en
descendant en flammes. La roche tarpéienne reste toujours proche du capitole. Fait-divers qui a mis en lumière par un effet papillon l’exercice curieux du
pouvoir là où il est hyper concentré et plus ou moins mystérieux, par l’égo des
hommes, ceux qui sont grisés par l ‘élection du prince comme si c’était la leur
et qui croient pouvoir faire le bien à travers leurs propres convictions et
sentiment d’impunité .C’est Coluche qui disait que certains sont prêts à avaler
du cirage pour briller. La crème à bronzer la peau n’a pas fait disparaitre les
traces et on va remettre une couche dans les mois qui vont suivre la rentrée.
Même si tout parait lié, l’essentiel et le secondaire, il faut aborder en deuxième lieu les problèmes
récurrents qui plombent notre démocratie ou l’empêchent d’être parfaite si
l’idéal de perfection existe ce qui m’étonnerait, mais soyons relatif car dans le monde notre pays
est un exemple d’Etat de droit. Et il
faut évoquer les difficultés qui affectent
le fonctionnement de notre république,
avec ce qui mine les préoccupations des français, selon ce que mes électeurs me
disent car je ne prétends pas deviner ce
que veulent tous les français comme certaines personnalités se vantent de le savoir . Mes voisins picards du
canton ou de la région hauts de France,
amis et concitoyens de ma petite commune rurale de l’Oise ne se prennent
pas la tête pour savoir si M. Macron à de l’humour ou non car ils sont gaulois
impénitents et fiers de l’être, et parlent surtout des cours du blé et du maïs pour les cultivateurs, des effets du glyphosate , de la pluie et du beau
temps et du climat qui change (que fait- on , qu’a-t-on prévu, les
scientifiques s’accordent ils ?); de travail et d’école et de savoir comment on
fait plus dans les communes alors que
les pouvoirs publics semblent récupérer
ce qui est productif et valorisant en
recentralisant et en octroyant des subventions qui se réduisent avec la volonté du gouvernement de comprimer les
dépenses des collectivités locales, sujet majeur pour les élus locaux, et
pourquoi la bureaucratie d’Etat ne fond elle pas sauf à petit feu malgré quelques milliers de suppression de postes
par an, ce qui semble dérisoire face aux enjeux ,sans faire des fonctionnaires
ou d’autres catégories sociales des bouc- émissaires, chacun convenant que
collectivement l’autre - pas soi - a
vécu au -dessus de ses moyens ; qu’en est -il de l’autorité en général, du
respect des lois et des décisions de justice et de la sécurité quand on sait
qu’un individu serait- il fiché S. de surcroît -toujours déséquilibré cela
va sans dire - armé d’un couteau peut
tuer facilement ?; les salariés s’inquiètent de leur pouvoir d’achat
(l’inflation dépasse la rémunération du livret d’épargne), les retraités se
sentent mal aimés alors qu’ils ont produit toute leur vie ,aident enfants et
petits enfants, et les impôts et taxes qui ne diminuent jamais quelques soient
les transferts de charge ; déplorent la désertification industrielle ou
simplement artisanale, voire médicale et de services ; tous considèrent être
des citoyens de seconde zone que le numérique atteint difficilement, que l’
Europe n’est pas faite pour eux (puisqu’elle ne les protège de rien et oblige
les Etats à prendre des mesures que les peuples contestent), et que leurs
valeurs traditionnelles sont jetées au
rebut, au profit de cultures nouvelles qu’on les somme d’accepter puisque ce
serait une chance pour la France : mais les français de base rurale doutent que ce soit le cas, puisqu’on ne leur
démontre pas en quoi par exemple la migration est positive et pourquoi on ne
consolide déjà pas ce qui a fait ses preuves et est le quotidien de la vie. Ils sont traités de
populistes ce qui les vexe même s’ils ne savent pas exactement ce que recouvre
ce terme, et en habitués de la nature ils savent qu’une hirondelle (ou une
annonce) ne fait pas le printemps. Ils constatent que des oiseaux migrateurs de
nature humaine , qu’ils ne confondent pas avec les réfugiés pour qui ils sont
compatissants, font le voyage du sud vers le nord et non le contraire, et il
leur semble qu’il y a un dérèglement et du climat et de la raison appelée
simple bon sens. Au delà du cas du collaborateur du prince qui a ouvert la
boite de pandore, il va falloir
s’attaquer au fond des dossiers, sur les
plans économiques, sociaux, culturels, en n’oubliant pas de donner du sens, de
réactiver les valeurs, d’en inventer d’autres s’il le faut, de montrer
l’égalité (par exemple pour les retraites ou pour les emplois dits spéciaux
avec leurs privilèges ou petits avantages d’un autre siècle, aussi pour le train de vie de l’Etat et les devoirs
collectifs), et la fraternité que par arrêt du 6 juillet 2018 le conseil
constitutionnel a jugé comme valeur
constitutionnelle . Avec la liberté
, premier terme de la devise républicaine, qui n’aime
ni les fakes news ni la vérité
officielle( le ministère de l’information a été supprimé il y a longtemps et
celui de la vérité n’a été imaginé que par G.Orwell) ni la volonté de limiter-évidemment
pour de bonnes raisons- la liberté d’expression comme certains projets de loi
le laissent présager. Abordons les thèmes qui occupent l’INHESJ, sans oublier
de saluer le préfet Marcel Leclerc,
policier légendaire s’il en est, qui fut directeur de l’IHESI et qui est
décédé en août, et en rendant hommage à un autre disparu de l’été, homme de
paix dans les relations internationales, M.Kofi Anann ancien secrétaire général
de l’ONU . Il y a du travail en la matière ! avec en particulier la Corée du
nord, l’Iran, la Turquie, les sanctions
de M.Trump qui punissent par ricochet les pays alliés aux USA, le terrorisme et
tous les conflits armés régionaux, la
liste n’étant pas exhaustive.
I)Les leçons diverses d’une crise qui fut tout
sauf un scandale d’Etat.
Pour nous éviter d’être déshydraté
l’Etat providence nous a donné à boire du canada dry qui selon la publicité
bien connue est doré comme l’alcool, son nom sonne comme un goût d’alcool, mais
ce n’est pas de l’alcool. Pourtant il nous en a fallu pour suivre les
péripéties de l’affaire dite Benalla
plus proche d’un vaudeville où les portes claquent, où on se croise avec des
malentendus, que d’une tragédie de Paul Claudel.
La vie institutionnelle début juillet
avait pourtant suivi son cours ordinaire quand le chef de l’Etat a convoqué le
congrès à Versailles pour parler aux parlementaires. M.Mélenchon qui ne supporte pas celui qu’il
appelle respectueusement cela va sans dire Macron 1er a refusé de se déplacer
dans le château des rois-il préfère les estrades populaires et la rue- car il
n’aime pas le pouvoir absolu (sauf le sien
dans la France insoumise).Un député LR a déclaré que lui non plus
n’irait pas car il préférait se
consacrer à sa circonscription et parler avec ses électeurs : c’est le droit de
ce parlementaire qui mérite de rester méconnu et qui ne représente que lui. Il
a eu son quart d’heure de gloire. Sic transit gloria mundi. Un parlementaire est l’élu de la nation dans un territoire, et le président l’élu du
peuple au suffrage universel. Il n’y a
pas égalité .L’écouter n’est pas le bagne.
Bouder à ce niveau est une attitude puérile et la politique
politicienne est au civisme ce que
l’abstention apporte à l’intérêt général :
du vide. C’est Nicolas Sarkozy par sa réforme constitutionnelle de 2008
qui a donné au président de la république le droit de s’exprimer devant les
élus nationaux, certes sans dialogue,
mais cela peut être changé un jour. Olivier Faure nouveau 1er secrétaire du P.S. a déclaré qu’en réalité le chef de
l’Etat n’aimait pas les contre- pouvoirs. Je ne savais pas qu’un parti
politique en déshérence et sans proposition était un grand contre-pouvoir, mais il peut ressusciter ce qui est souhaitable dans le débat public. La
compétence fondamentale des
parlementaires est de faire la loi et de contrôler l’exécutif, et subsidiairement
de venir se chamailler devant les caméras.
Un contre-pouvoir par nature se trouve
plutôt en dehors du parlement
pour y contester l’autorité du pouvoir légitimement élu et y substituer
une démocratie d’influence ou de pression, selon la formule consacrée : on ira
jusqu’au bout. Les contre- pouvoirs se trouvent dans les associations, les
médias, les syndicats et partout où les citoyens s’investissent, élisent des
représentants ou participent directement à l’élaboration de projets , ou à la
discussion (voire à l’opposition ) de mesures proposées. C’est ce que l’on appelle la responsabilité
participative. En revanche je ne qualifie pas de contre-pouvoir n’importe quel groupuscule ou mouvement minuscule auto- proclamé qui prétend détenir la vérité
et veut imposer sa différence.
Les élus locaux -dont je suis
modestement- n’ont pas l’heur de plaire au pouvoir actuel car ils dépenseraient
de trop, auraient reconstitué des féodalités avec leur cour ( argument difficile à soutenir après l’épisode
du garde du corps à l’Elysée) et ne seraient pas suffisamment une « courroie » solide de transmission des
volontés de ceux qui gouvernent. Grave erreur : les élus locaux ne sont pas la
voix de son maitre et il est acquis que l’Etat n’est pas efficace dans un certain
nombre de domaines , qu’ il a
d’abord besoin de se réformer en
profondeur et en urgence avant de donner
des consignes car il n’a pas la science infuse .Quoique il dise, Il est totalement absent ou insuffisant en matière de services publics
de proximité, de sécurité dans les campagnes, et d’aides économiques et
sociales sur place ou en cas de coup dur. La macro- économie des experts et
hauts dignitaires échappe au
contribuable qui s’adresse pour toute
difficulté à son maire ou à son conseiller départemental (ex-conseiller général
) d’abord, et qui exige sur son
territoire redistribution, mobilité, internet et assistance de toute nature.
Sans les collectivités locales le message de l’Etat ne passe pas et les
réformes promises ou votées n’ont pas de grande chance d’aboutir. Plutôt que de
détricoter la décentralisation , comme
Pénélope qui attendait Ulysse, il serait préférable de faire confiance aux élus
locaux, de leur fixer des objectifs concertés, de ne pas leur donner toujours plus de moyens
financiers, mais de définir précisément qui fait quoi, comment, et avec quels
budgets. Quant à leurs administrés qui sont revenus à peu près de tout et ont
du bon sens, ils n’imaginent pas que la croissance va revenir par miracle sans
décisions frappantes et trébuchantes ,
que l’insécurité avec les attentats va
disparaitre, et que les campagnes
refleuriront toutes seules. La prochaine échéance électorale municipale est en 2020 après les européennes
dans quelques mois, l’Europe devant se refonder et trouver des solutions concrètes aux multiples
problèmes plutôt que de prononcer des
anathèmes contre des citoyens qui n’abondent pas dans son sens et n’approuvent
pas sa philosophie globale (le libéralisme mais y a-t-il mieux ?) et sa
conception des rapports humains, sociaux
et économiques. Que la majorité en
place qui a peu d’assise locale, c’est un euphémisme de le constater, se
rapproche des territoires et de ses habitants, elle comprendra la
problématique. La vie institutionnelle est aussi celle du quotidien. Laissons donc l’église- sans toucher à la
laïcité ou être accusé de discrimination religieuse- au milieu du village c’est
la meilleure réforme possible.
Les institutions fonctionnaient donc
avant l’apparition de M.Benalla.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Une intense période de vérification de
la loi et de ses dérogations, et de la pratique du pouvoir commença avec la
diffusion anonyme ? - mais pour l’édification de ceux qui n’ont jamais commis
de bêtises, qui ont toujours scrupuleusement respecté la loi, qui ne se
défendent pas face à une violence et ne répondent à rien de provocateur…- d’une
vidéo quasi civique où l’on voyait au
milieu de CRS une arrestation mouvementée.
Que celui qui n’a jamais fauté jette la première pierre, ce qu’avait fait
l’un des protagonistes en projetant une bouteille par « inadvertance »sans
doute . Mais pas question pour autant de sous -estimer l’évènement « grave » à savoir l’arrestation musclée de deux
manifestants du 1er mai 2018. On appris rapidement que le principal suspect et
présumé coupable puisqu’il a reconnu ses torts,
était un certain Alexandre Benalla qui travaillait à l’Elysée comme
adjoint au chef de cabinet de la présidence, comme garde du corps a priori ;
qu’il n’avait rien à faire parmi les forces de l’ordre, en portant un brassard
police… Je passe les détails. L’impétrant passa ainsi de l’ombre à la lumière
selon la belle formule de Jack Lang en 1981. Immédiatement ce fut le délire et
on donna aux vacanciers déjà partis se
badigeonner le corps d’huile solaire, quasiment l’ordre de rentrer car la république était en danger. Pas question de se prélasser à
Brégançon, en bretagne ou sur la côte : c’était une nouvelle bataille de Valmy qui était engagée. Cela me
rappela une déclaration du prince de
Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun , jamais avare d’une manœuvre, d’un coup bas , ou d’une
exagération : « tout ce qui est excessif est insignifiant ». On assista à un gigantesque cafouillage de la
présidence. L’Elysée qui n’avait pas pris vraiment au début la mesure du
problème, ergota puis fit profil bas,
botta vers la haute administration policière qui transmis au ministre de
l’intérieur qui « parlait le moins possible de cette affaire au président » (sic), donc un peu quand même .
L’opposition crut son heure arrivée, non pas par les urnes ou par des propositions innovantes et
concrètes qui donnent espoir, mais sur le tapis de l’indignation, ou par l’ancien
papier bleu qui annonçait une convocation en justice .Ceux qui étaient aphones depuis leur défaite de 2017 hurlaient enfin.
Ont-ils été entendus par les électeurs est un autre débat. On n’a jamais parlé autant de droit
constitutionnel, et de la pratique des institutions, d’ immunité
présidentielle, avec le monarque républicain ( qualification du professeur de droit Maurice Duverger ) ou
présidentiel, de règlement des assemblées,
de droit pénal (sur l’arrestation arbitraire et
le favoritisme entre autre infraction),
que pendant quasi les cent jours de la bataille qui se noya dans une eau
de boudin et se termina début août par
la fin de la session parlementaire pour que tout le monde aille piquer une tête
dans la piscine ou dans la mer …pour se rafraîchir et retrouver du sang froid.
On examina les textes sacrés.
L’article 67 de la constitution
interdit-sauf avis contraire d’éminents exégètes-de convoquer ou
d’entendre, par un organe quelconque , le chef de l’Etat. Grâce à un article
obsolète ou oublié et judicieusement
réactivé du règlement des assemblées, on
constata que la commission des lois pouvait se transformer en commission
d’enquête avec la participation de tous ses membres , plus on est de « fous » plus on rit c’est bien connu. L’assemblée
comme le sénat se mirent aussitôt au travail,
mais avec un ordre du jour différent (l’objectif à atteindre n’étant pas
le même, à savoir quelle était la vérité des faits ?). Comme dans le Cid de Corneille « nous partîmes 500 mais par un prompt renfort nous
nous vîmes 3.000 en arrivant au port » : ces chiffres ont été démentis par la préfecture de police, mais
seule l’intention compte. Par ailleurs
la justice fut saisie ce qui aurait dû mettre un terme à l’agitation. Mais que nenni. Je l’ai déjà écrit à maintes
reprises et je me répète. On aime la justice que l’on veut surtout indépendante (dès l’instant où
c’est le camp opposé qui est concerné), efficace, rapide et respectueuse des responsables
divers, politiques en particulier si elle se conforme à ce que l’on attend
d’elle : avoir un coupable avéré, qui ne met en cause ni autorités ni pratique
de pouvoir ( un peu) limite, ni sincérité absolue et présumée des puissants ; avec des
infractions reconnues donc un droit simple à appliquer ; et une condamnation
exemplaire que tout le monde approuve : auteur, commanditaire ou ayant facilité
la commission des faits mais de bonne foi,
public, avocats et magistrats. Sinon on la «
méprise » , on lui rappelle qu’elle n’est pas un pouvoir, on se méfie du
gouvernement des juges, ces magistrats partisans, ceux qui brisent une carrière
présidentielle, poursuivent des hommes ou des femmes d’Etat et les soupçonnent
de tout et rien, et qui mettent à mal la présomption d’innocence et les grands
principes, même s’il est revendiqué que personne n’est au- dessus ou au
-dessous des lois, et que chacun fait « confiance à la justice de son pays »…
Et pour qui ce raffut ? Pour un
certain M.Benalla dont l’anagramme du
nom donne b.a.n.a.(l).l.e. comme
l’histoire tristement banale d’un jeunot d’un quartier, même pas énarque, qui a
pris la grosse tête, s’est cru tout permis et a demandé aux préfets, officiers
supérieurs, tous expérimentés , sérieux
et naturellement ne voyant que l’intérêt général ,jusqu’au directeur du
cabinet de la présidence, de lui
octroyer des avantages statutaires et matériels quelque peu exorbitants du
droit commun et qui … les a obtenus, jusqu’à vouloir faire le malin et montrer
aux professionnels du maintien de l’ordre ce que la fougue d’un inexpérimenté
de 26 ans savait faire. L’incroyable ,
puisque on est à l’Elysée , est que les plus responsables sont ceux qui l’ont
laissé faire, voire lui en ont donné les moyens et les autorisations et n’ont
pas anticipé un éventuel dérapage personnel , ce qui fut le cas. Heureusement
que le jeune Alexandre n’a pas demandé à jouer avec le bouton nucléaire… Certes
le coupable a été sanctionné de 15 jours
avec non- paiement de salaire mais certains trouvent cette décision
ridiculement faible. L’indulgence est toujours pour soi : aurait -il fallu le
licencier pour faute lourde, saisir le parquet par l’article 40 du code de
procédure pénale à la condition de dénoncer un
délit ou des infractions avérées, voire demander son incarcération
provisoire ? Le délit d’amitié ou de relations existe-t-il ? On peut toujours
faire plus mais le principe reste le même.
Je n’accable pas M.Benalla la
justice s’en chargera, et il a déjà perdu tous ses avantages mirobolants y
compris aussi son honneur ? .N’en faisons pas une victime du système
hiérarchique un peu dévoyé ou mis de côté ou un symbole quelconque. Attaquons
nous au fond du débat : la sécurité du président, la chaine de commandement,
des passe-droits pour des raisons prétendument objectives…Mais il est permis au
citoyen de base que je suis de constater
qu’il y a encore des bastions où les règles de la république s’appliquent
lâchement, et où il y a de plus égaux que d’autres. L’exemplarité doit
commencer au sommet, cela est évident. De
cette histoire tristement quelconque de mon point de vue mais je suis peut être
trop indulgent et peu perspicace-dans un
lieu qui ne l’est pas - on est passé à une séquence politique extraordinaire.
On a crié au scandale d’Etat, au Watergate, les superlatifs manquaient, sans se souvenir qu’il y avait eu les
diamants de M.Giscard d’Estaing, le
rainbow warrior, les écoutes de masse et le logement de la fille de
M.Mitterrand, la condamnation de
M.Chirac pour des faits de la mairie de Paris, et des poursuites en cours
d’instruction -avec des non lieux-de M.Sarkozy, sans oublier quelques
bagatelles comme le coiffeur ou le
scooter de M. Hollande, avec les mensonges de M.Cahuzac. Il n’y avait pas non
plus la certitude que les russes étaient intervenus , ou avaient tenté une sombre machination comme de
tuer -peut être - un espion dans une de nos banlieues avec l’arme de
service d’un certain Alex.B. On a
échappé au pire. Tout n’a pas la même importance. Il fallait raison garder et mettre en
perspective.
J’ai beaucoup appris du fonctionnement d’une
commission d’enquête au parlement, ce qui n’est pas inutile puisque le projet
de réforme constitutionnelle qui doit revenir à l’ordre du jour ? prévoit de réduire le nombre des députés et sénateurs et de leur donner beaucoup plus
de moyens techniques et légaux- comme
aux USA - pour enquêter. A
l’assemblée, la co-rapporteure LREM qui
présidait Mme Yaël Braun-Pivet, avocate de profession, a mis le frein à main et
a tout fait pour que l’on ne monte pas les étages supérieurs qui conduisaient à
l’Elysée. Son co-rapporteur le député L.R. M.Guillaume Larrivé avant de partir d’un seul coup, ne l’a pas
aidée on le comprend, mais on aurait aimé plus de professionnalisme chez l’une
et l’autre. La commission a fermé faute de combattants. Il n’y aura pas de rapport officiel a-t-on
dit. Tout cela pour ça. Heureusement il y a eu les retransmissions télévisées.
Au sénat la commission est présidée
par M.Philippe Bas , énarque et conseiller d’Etat de formation. Les sénateurs
n’ont pas jeté l’éponge et se réservent la diffusion d’un rapport pour la fin
de l’année. Peut- t -on en tirer la
conclusion que le sénat est important, qu’il reste le grand conseil des
communes de France et en lien direct avec les élus locaux, et que vouloir le
faire disparaitre est une absurdité ? Je le pense, même si une réforme est
utile.
Ce qui m’a plu pendant les auditions,
ce fut le comportement de ceux qui avaient été invités à venir se justifier.
J’ai ri - je l’avoue donc je serai pardonné ?- en voyant les puissants en général, de la
préfectorale ou autre administration
centrale d’autorité, plutôt décrits comme sûrs d’eux et dominateurs
(comme disait le général de gaulle à propos d’un Etat-nation toujours en
guerre), répondre de façon modeste à des questions souvent sans intérêt de parlementaires, être
humbles, très humbles en évitant de se mettre réciproquement en cause, tout en
remerciant in petto le chef de l’Etat d’avoir affirmé être le seul responsable,
et n’avoir pas l’intention de faire
sauter des fusibles même pendant l’orage .Le président a bien raison
de vouloir assumer mais à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Il
sait que l’on ne peut « venir le chercher » en droit comme il l’a dit de façon un peu bravache soyons franc, en constatant
que ses amis politiques étaient aux abonnés absents , M.Castaner ayant parlé de
« simple bagagiste » (à l’Elysée !) pour M.Benalla comme on avait parlé de «
petit télégraphiste » à propos d’une initiative diplomatique du président
Giscard D’Estaing, les plus anciens s’en souviendront. C’est court comme
explications. La suffisance et le
mépris de l’autre ne grandissent personne.
Rien n’a donc été dépeuplé au
contraire il y a eu un trop plein d’indignés, et M.Benalla ne va pas nous manquer puisque on partira de son
cas pour améliorer l’exercice du pouvoir en général car ce qui est arrivé à
l’Elysée peut survenir ailleurs, à une moindre échelle et importance naturellement.
Tout ceci sera à rajouter au menu de
la réforme constitutionnelle en débats qui va s’imprégner du cours de droit
constitutionnel appliqué de juillet 2018. Jacques Julliard [ le figaro du 6
août 2018] a rappelé le mot de Laurent Joffrin : « la souris a accouché d’une
montagne ».Fermons le ban sur les dysfonctionnements et tirons des
enseignements.
Soulignons que les juges judiciaires donneront leur part
de vérité à la suite de l’instruction et du jugement, s’il y a lieu.
Politiquement ce fut un peu
pathétique. Ceux qui criaient le plus fort auront peut -être un retour de bâton
s’ils reviennent au pouvoir. Il ne faut jamais hurler avec les loups, et il est
préférable d’ être réservé surtout quand on ne sait rien sauf par la presse et
les rumeurs et que l’on imagine. La
république exemplaire concerne tous les élus, et personne n’est à l’abri d’une
faute personnelle à « son insu de son plein gré ». Vexés que le chef de
l’Etat ne vienne pas avouer spontanément
ses « turpitudes » devant eux à l’assemblée,
les chefs de l’opposition réunie dans un attelage improbable conduit par M.Mélenchon
et ses alliés, et par M . Jacob déposèrent deux motions de censures qui
n’avaient mathématiquement aucune chance d’aboutir à renverser le gouvernement
qui est seul constitutionnellement responsable .Le billard à plusieurs bandes
ne permet pas tout. Le chef de l’Etat ne
peut être destitué - ou empêché comme on menace M.Trump - par les
parlementaires. Il faut toucher aux lois d’une main tremblante, et quand la
Constitution est en jeu ne pas l’instrumentaliser.
On a aussi beaucoup appris en matière
de maintien de l’ordre, qui faisait quoi, et comment. Il ne faut pas oublier
que les faits reprochés à M.Benalla trouvent leur origine dans la manifestation
du 1- er mai 2018 qui avait été annoncée comme difficile par la présence prévue
de très nombreux black blocs , casseurs et voyous de tout poil
et manifestants voulant « faire la fête à Macron » (sic).Ce qui avait
été annoncé arriva on l’a vu sur les images. Il ne m’appartient pas de
qualifier l’intervention de M.Benalla et de son ami employé par LREM. et de
savoir s’il a frappé ou molesté le « gentil » couple de jeunes forcément
victimes car refuser d’être interpellé
et de s’expliquer doit être un droit élémentaire de leur code personnel, que l’on a vu
à la télévision, prétendant être venus au « spectacle du 1er mai » pour boire un verre
(sic), mais insultant les policiers et
jetant au moins une bouteille. Chacun a
sa conception de la violence et ce qui est très grave pour les uns peut être
considéré comme bénin pour d’autres ,
compte tenu du contexte de provocations, répression et excitation totale de
tous les participants. Sauf que la police fait son travail sur ordre, avec professionnalisme et prudence car les caméras
voient tout, et n’a pas demandé à être
insultée, à recevoir des projectiles, à avoir des blessés et à attendre d’être
agressée sans réagir. On connait ce débat
récurrent. La justice dira s’il y
a eu en plus des autres infractions pour lesquelles M.Benalla est poursuivi,
violences volontaires ou blessures légères passibles d’une contravention pénale
ou rien du tout : imagine- t -on un non- lieu pour cet aspect du dossier ?.
Mais ce que j’aurai aimé tout de suite savoir c’est le nombre exact des
interpellés (280 parait il ?), des gardes à vue (109 ?), s’il y a eu des
renvois devant les tribunaux, les éventuelles condamnations, les constitutions
de parties civiles et les demandes d’indemnisation pour les dégâts…Le droit de
manifester est certes constitutionnel mais le devoir des citoyens et de ceux
qui défilent est de se comporter dignement et sans violence. Les organisateurs
des manifestations ne peuvent à la fois demander la protection des forces de
l’ordre et crier à la provocation ou aux violences policières , leur service
d’ordre étant débordé.
Ce furent « les mésaventures de
l’agent double zéro au service , comme observateur, de sa majesté
républicaine ».Attendons la suite du
feuilleton.
Cela m’a rappelé un article que lisent tous les étudiants en
droit (sauf M.Benalla qui serait titulaire d’un master en droit ?) écrit en
1962 par le professeur Jean Rivero associé à mon professeur de droit
administratif, M.André de Laubadère : « le huron au palais royal ». Il s’agit
d’un juriste naïf qui visite le conseil d’Etat
pour mieux connaitre la portée du recours pour excès de pouvoir, et découvre la relativité de ce qui parait
irrésistible, ainsi que les arcanes de ce qui est décrit comme une forteresse,
et qui n’est dirigé que par des hommes et des femmes avec leurs qualités et
leurs défauts. Le visiteur est interloqué par la réalité. M.Benalla va pouvoir poursuivre ses chères
études. Puisque c’est la rentrée
littéraire, j’ai pensé à Jean de la Fontaine et sa fable sur « la grenouille
qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf ». Et pour rire puisque la
république n’est plus en danger , à l’irrésistible récit comique mais grave
s’agissant des migrants de M. Laurent Puertolas (2013) « l’extraordinaire
voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea ».Vous remplacez
fakir par garde du corps, et vous changez armoire par un logement de fonction
de l’Elysée, et nous y sommes.
C’est Salvador Dali qui a peint les
célèbres montres molles qui donnent l’heure de façon bizarre et permettent à
tout un chacun de voir midi à quatorze heures. Je garderai un souvenir
confus des trois semaines de juillet
2018 où tout fut possible pour certains, et qui ont montré dans une lumière
crue la réalité et la pratique du pouvoir. Mais la république n’est pas en cause
car comme la femme de César elle ne peut être soupçonnée. Les institutions de
la 5ème république ont résisté. Il faudra y apporter des ajustements
nécessaires on l’a vu. Inutile de passer à une 6 ème république avec un président qui aurait
des pouvoirs réduits à la portion congrue et révocable éventuellement
sur la pétition d’un nombre donné
d’électeurs ; ou d’un parlement sur puissant qui nous rappellerait les
heures tragiques de la 4 ème république… enfin sur toute mesure qui
contesterait l’autorité liée au suffrage universel, qui affaiblirait la
représentation des citoyens par les parlementaires et donc des débats
publics, qui permettrait d’engager la responsabilité du gouvernement très
facilement pour faire plaisir à l’opinion publique versatile on le sait, et
qui voudrait un débat permanent
pour toute décision ce qui conduit à
l’impuissance et au poids des lobbies…On peut aussi revendiquer avec juste
raison en revanche une justice plus forte qui sortirait de l’état de simple
autorité telle qu’elle est aujourd’hui pour devenir une instance de
régularisation à partir de la loi c’est-à-dire de l’expression du peuple
souverain. La démocratie n’est pas
l’absence de pouvoirs même forts : c’est l’utilisation régulière et contrôlée
de ceux-ci, sous l’arbitrage de la justice, et le respect des élections dans un état de droit objectif. Les démocraties
libérales occidentales ne sont pas immuables .La montée en puissance des partis
dits « populistes » n’est pas conjoncturelle mais constitue le symptôme d’une
crise profonde de notre système politique en voie de « déconsolidation » selon
Yascha Mounk, jeune politologue américain qui a écrit dès après l’élection de
M.Trump « le peuple contre la démocratie
» Editions de l’observatoire qui vient de sortir en librairie.[lire le
figaro du 27 août 2018 page 18 l’article
d’ Alexandre Devecchio : « libéralisme et démocratie sont désormais entrés en
conflit »]. Selon Mounk résume M.Devecchio,
la crise de la démocratie s’explique par la dérive juridique et
technocratique de la politique qui reflète de moins en moins les opinions de la
majorité ; par l’impact des réseaux sociaux qui court-circuitent les médias
traditionnels ; par l’immigration de masse qui bouscule les cohésions
nationales ; et par la stagnation économique qui annihile la promesse du progrès.
L’analyse est juste et reflète le sentiment de ceux que je fréquente et qui
vont voter aux européennes en 2019, puis aux municipales de 2020. Attention à
ne pas avoir de mauvaises surprises chacun , exécutif comme oppositions étant
comptable de ce qu’il peut survenir. Il sera trop tard pour dire : on aurait dû
être plus modéré, moins pousser les feux, et ne pas exiger l’impossible dans
une conjoncture internationale à feu et
à sang, une opinion interne déstabilisée sur les valeurs, et cherchant à concilier
humanisme et autorité. On ne change pas
de république sans prendre un risque ce qui ne veut pas dire qu’il faut tout
accepter et se contenter de ce que l’on a.
Quant aux hommes et aux femmes parité oblige, ils sont ce qu’ils sont c’est une lapalissade
de le dire. Pour leur éviter des erreurs, entourons les de règles discutées
sereinement, réalistes, et faisant consensus.
Quelles leçons de bon sens peut -on
tirer de l’affaire Benalla ?.
-Le fait que l’émotion positive tirée
de notre titre de champion du monde de foot.
s’est dissoute en quelques jours dans la réalité du pouvoir et que l’enthousiasme est de courte
durée ;
- que tout pouvoir absolu est
absolument dangereux quand il est délégué sans contrôle et mesure ;
-que la Constitution de 1958 a certes
besoin d’être rénovée mais qu’elle est protectrice ;
-qu’un abus d’autorité ou une
bienveillance excessive ou une erreur d’appréciation au plus haut niveau ne doivent
pas conduire au chaos et à la paralysie
parlementaire ou institutionnelle ;
-que crier comme un cabri au scandale
d’Etat n’émeut pas les français qui ont de la mémoire et de la retenue, ce qui
est rassurant ;
-que la haute fonction publique, comme
pour les cadres du privé, les patrons, les professions libérales, n’est pas infaillible
et qu’un diplôme de l’ Ena ou l’exercice
de fonctions près du président , n’exonèrent pas de sa responsabilité et de
devoir en rendre compte ;
- que créer un « spoil system
» comme le veut le président qui s’est interrogé sur la citadelle que serait
la préfecture de police de paris, n’est pas la solution. A chaque conseil des
ministres le gouvernement peut révoquer
ou nommer qui il veut, à compétences égales et loyauté cela va sans dire. Puis
tout est ensuite une affaire d’hommes ou de femmes .
-que la volonté de sécurité et d’ordre
public peut être un vilain défaut pour les protestataires permanents et bien-
pensants réunis, mais imagine- t- on des manifestations autorisées sans forces
de l’ordre ?;
-que M.Macron semblait prêt à en
découdre physiquement-comme jadis M.Sarkozy avec les pêcheurs- en disant «
qu’ils viennent me chercher ».Le président se serait il battu comme de
vulgaires rappeurs qui ont saccagé une boutique à Orly et qui se sont dégrisés
quelques jours en prison ?. Jadis sur le fût des canons il était gravé « ultima
ratio regum ». On se plaint de la violence
aux personnes qui ne cesse de grimper, sans raison, souvent gratuite et
de la sauvagerie qui affleure toujours
(lire Pascal Bruckner le figaro du 27 août page 3]. Que les responsables
commencent les premiers à rester courtois et non provocateurs.
Un garde du corps ne protège ni du
climat qui se dégrade, ni des grèves qui coûtent cher, ni du terrorisme ni du chômage.
La croisière s’est déroulée et chacun s’est laissé aller pendant les
vacances. Les croisiéristes sont revenus au port et il faut déballer la
cargaison qui est en vrac. Il convient donc d’aborder désormais les choses sérieuses car on ne va pas passer
l’automne et l’hiver à disserter sur ce qui s’est passé.
II) Quid sur les problèmes de fond qui
intéressent les auditeurs de l’Inhesj ?
L’affaire Benalla n’a cependant pas
éclipsé les problèmes de fond qui durent depuis longtemps et ne sont pas
résolus car le garde du corps n’est pas comme l’artiste David Copperfield
qui fait disparaitre des objets massifs.
« Pour que tout reste pareil il faut
que tout change » disait le prince Salina dans le Guépard de l’écrivain
Giuseppe Tomasi prince de Lampédusa ( l’île
devenue le graal à atteindre pour
beaucoup de migrants).
En plus des promesses électorales,
il va falloir réformer les institutions à l’aune des dysfonctionnements
constatés, et surtout pour donner plus de respiration démocratique entre deux
élections présidentielles ou législatives, pour pouvoir agir vite si on
constate une urgence ou la nécessité de prendre une décision vitale, ou pour
répondre à une attente sérieuse des citoyens qui n’avait pas été envisagée les
mois précédents. Il faut faire « agile » selon le vocabulaire à la mode ! comme
pour le droit du travail. Ces changements qui ne doivent cependant pas modifier
la nature du régime présidentiel ni le
fonctionnement des services publics, ne sont pas qu’une mesure technique et ils
doivent s’accompagner d’une réflexion sur notre identité, nos valeurs , comment
nous voulons être dirigés , avec qui nous voulons coopérer et vivre , par
l’égalité des droits et des devoirs, en un mot sur ce que nous sommes, ce que
nous voulons conserver, être et devenir.
Les élections de 2017 ont créé une vague de dégagisme et la croyance en un
nouveau monde qui ne commettrait pas les mêmes erreurs que celui qui a
précédé, et qui serait exempt des copinages, privilèges et pratiques
diverses au-delà de la loi. L’espoir fait vivre. Et les bons sentiments souvent ne mènent à
rien. Mais les grands principes blanchis
sous le harnais, sont utiles et ont du sens.
Il est commun de combattre le populisme que l’on accable de tous les
maux , parfois avec raison mais sans nuances. « Le populisme n’est pas une
génération spontanée. Il nait de l’impuissance
du système politique existant face aux besoins exprimés par les peuples
qui, désespérés ou désillusionnés ,se lancent alors fébrilement dans les bras
d’un homme fort ou dans l’ivresse de la « révolte ».[ Mme laure Mandeville et M.Joshua Mitchek. Conférence sur la
démocratie occidentale au 21ème siècle. Fondation Tocqueville 6 juin 2018] .
Ces observations rejoignent celles de M.Yascha Mounk.
Il faut donc tenir compte de ce qui se
passe sur le terrain , de la réalité des faits, nommer exactement les
difficultés, souder toutes les couches
sociales sans en discriminer une -par exemple puisque j’en suis un, les retraités qui semblent être dans le
collimateur du gouvernement ou les élus locaux, je cumule les deux défauts-pour
que l’effort soit compris et que la nation ne fasse qu’une. La France vient de
loin et n’a besoin ni de repentance, ni
d’auto- dénigrement ,ni de renier ce
qu’elle est. On peut être généreux et humaniste, tout en étant attaché à la
tradition, à ses propres intérêts , à la loi, préférer l’autorité objective au
désordre ou à l’empathie humaine qui a parfois des effets pires que le mal, croire aux
devoirs collectifs et prétendre à des
droits individuels qui sont compatibles, être plutôt pour les victimes que pour
les délinquants, aller voter quoiqu’il
arrive, être respectueux de l’individu surtout si l’on ne partage pas ses
opinions, et penser qu’avec du simple
bon sens et non des idéologies fumeuses, on peut réussir tout en préservant sa
sphère privée que l’on soit religieux ou
non, en respectant la laïcité. Ce n’est pas être conservateur (forcément borné)
ou libéral (forcément égaré) deux termes que ne tolèrent pas les progressistes
que de croire que l’homme a des constantes désagréables, que le prétendu
progrès n’est pas de dire oui à tout, et que la différence n’oblige pas à
s’effacer. Examinons la situation à l’aune de ces considérations personnelles
et discutables, bien que je me considère comme un démocrate comme un autre, ni
plus ni moins humaniste que les donneurs de leçons patentés.
Le moral des troupes de sécurité.
Le rapport du sénat au terme de 6 mois
d’enquête dévoile l’état de la sécurité intérieure. Face au terrorisme, à la
vague migratoire et à une violence exacerbée, policiers et gendarmes sont au
bord de l’implosion [ lire Christophe Cornevin le figaro page 2 du 3 juillet 2018] en raison
notamment des atteintes à leurs vies privées, des menaces directes sur les
policiers et gendarmes, l’usure du travail sous tension, la non reconnaissance
de ce qu’ils sont et font , et l’effet Magnanville. On constate un taux de
suicide de 36% supérieur à la moyenne nationale. Les véhicules comme les locaux
sont vétustes, l’informatique défaillante, l’accès aux munitions limité ; il y a des millions d’heures
supplémentaires non payées et non récupérées.
On sait que les forces de l’ordre sont depuis des mois sur tous les
fronts pour lutter contre le terrorisme , protéger les grandes manifestations
et célébrations de toute nature, y compris pour le 14 juillet, la coupe de
monde…La fatigue physique et nerveuse est à son paroxysme, et s’y ajoutent les
incertitudes de droit et de légitime défense en cas d’agressions ou
d’interpellations, voire de courses poursuite. Le ministre de l’intérieur qui
sait tout, n’ignore pas cet état de fait et d’esprit qui peut dégénérer. Le
gouvernement étudie des mesures concrètes pour solder au plus vite le passé, améliorer
le présent et donner aux forces de l’ordre en général, avec la sécurité civile
et les pompiers, un cadre sécuritaire et légal plus solide et les moyens
d’agir. Mais il appartient aussi aux
citoyens de faire connaitre leur soutien car la sécurité est l’affaire de tous,
et les professionnels dévoués et républicains ne sont pas des sur- hommes ou
femmes, ou des super- héros comme dans les films. Ils ont droit à la
considération et au respect, avec des
conditions matérielles de travail et de vie décentes. La sécurité de proximité
des personnes et des biens conditionne le fonctionnement harmonieux et en paix
de notre société.
Dans les prisons, ça chauffe.
Je n’évoque pas la chaleur qu’il y a eu dans les cellules et l’inconfort en raison
du nombre croissant de détenus, plus de 70.000 semble- t -il. Il ne s’agit pas
d’avoir des prisons 4 étoiles gîte et couvert compris, avec télévision ,
internet et téléphone portable : cela c’est de la démagogie. Mais il ne s’agit pas non plus d’accabler le
détenu et d’en rajouter à la privation de libertés. La prison est le reflet de notre société et
on ne peut se contenter de penser que ceux qui ont été condamnés l’ont mérité
-c’est vrai pour la plupart-et qu’après tout ils n’avaient qu’à être honnêtes
et respecter la loi. Raisonnement juste, mais court. La prison a pour fonctions
de punir mais aussi de prévoir la libération et le retour dans la vie
quotidienne ce qui veut dire qu’il ne faut pas transformer des délinquants en
revanchards. Je parle de la délinquance «
classique ». Celle qui touche aux crimes les plus graves, avec peu
d’espoir de transformation de l’individu
reconnu coupable, ou celle de ceux qui sont radicalisés et en
qui on ne peut faire confiance puisqu’ils combattent nos valeurs, doit être traitée de façon spécifique. Car la
société a le droit de se protéger et d’empêcher quiconque de lui causer du mal,
quelle qu’en soit la raison. C’est dans
ce domaine en particulier qu’il faut allier humanisme et sévérité, tendre la
main et serrer le poing s’il le faut, considérer l’intérêt de la société et
rasséréner les victimes, n’humilier personne, et sortir de l’émotion pour
suivre une raison ouverte. Autrement dit c’est essayer de concilier les
contraires, faire face à l’opinion publique qui est souvent plus expéditive, et
faire preuve de fermeté et de souplesse. Car n’oublions pas non plus que les
surveillants mal payés, ceux qui accomplissent leur peine de travail tous les
jours sont en contact direct avec les plus dangereux des détenus, qu’ils ont besoin
d’un climat de confiance, et qu’il faut les protéger d’abord. Bien sûr si la
sécurité n’a pas de prix elle a cependant un coût et dans le contexte
budgétaire actuel ou il faut faire flèche
d’économies partout, dépenser pour des méchants est mal vu. On a tort. On
mise sur la quiétude de la société. Si on construit des prisons modernes, où la
détention encadrée fermement est digne, où l’on prépare la sortie-sauf pour la
catégorie de délinquants la plus dangereuse qui nécessite un traitement
particulier- où les conditions de surveillance sont facilitées, où la
promiscuité est moins grande, on peut faire un pari à la Pascal : je ne crois
pas en la bonté spontanée de l’homme et
encore moins du délinquant, mais faisons le pari qu’on peut l’améliorer et le rendre
moins nocif pour la société. Si on échoue, on ne perd rien car on l’avait prévu
; si on réussit on aura gagné.
L’équation n’est pas facile à résoudre mais je suis persuadé que le chef de
l’Etat qui a une pensée complexe dit -on, trouvera avec M.Cédric Villani
mathématicien de génie et député LREM une solution pour résoudre la quadrature
du cercle.
Mme Belloubet garde des sceaux prépare
un projet pour essayer de juguler l’inflation pénitentiaire et le nombre des
détenus . Les peines inférieures à 12 mois
seront aménagées d’office et avec des
substituts d’emprisonnement, tels le bracelet électronique , le travail
d’intérêt général, le placement extérieur
.Les peines d’emprisonnement seront interdites en dessous d’1 mois . Au delà d’un an la peine devra être exécutée
aussitôt, ou du moins au plus vite soyons réalistes. D’autres mesures sont à l’étude et le projet
de loi sera discuté prochainement à l’assemblée .Il est prévu la construction
de 7.000 places de prison grâce à des
règles d’urbanisme plus souples et une accélération des travaux par une
procédure intégrée. Ce qui prendra quand même 4 ou 5 ans. Il y aura une
quinzaine de prisons ouvertes, sans barreaux ni murs ni miradors ni barbelés et
les détenus devront travailler au moins 7 heures par jour.
Mme Belloubet a vécu un été difficile avec
l’évasion en hélicoptère de M. Redoine Faïd - qui s’était repenti à la
télévision et avait suivi son chemin de Damas
du moins apparemment -, ou de
détenus tout simplement par les toits,
sans compter ceux qui cassent les murs de l’établissement . Un condamné doit
pouvoir être incarcéré dans une prison « sûre » c’est le moins que l’on puisse
faire, et y rester c’est une banalité. Sinon la justice perd de son sens. Les
juges de l’exécution des peines seront au centre des regards. Qu’on leur donne
des moyens d’agir .Mme Belloubet doit s’occuper de l’erreur-a priori- d’un juge
d’instruction qui a permis la libération (très surveillée) d’un supposé
djihadiste , et aussi des drones qui survolent les prisons, des téléphones
portables, du voile porté par la mère d’un détenu (à Montbéliard), des rappeurs
privés d’instruments de musique mais pas de contact ou d’images d’eux mêmes,
des lames de scie envoyées dans des colis par dessus le mur de l’établissement (Coulaines)
, du détenu porté absent à la prison «
ouverte » de Casabianca en corse et retrouvé mort, et enfin des
nombreux suicides de prisonniers outre
les agressions de gardiens… Bonne rentrée Madame la ministre.
L’autorité
de l’Etat.
On attend les pouvoirs publics sur ce
sujet qui irrite bon nombre de citoyens
qui voit de la faiblesse et des hésitations souvent, et qui est un marqueur de la confiance que l’on
a ou non dans l’Etat et du comportement civique que l’on se doit d’avoir .Il
faut concilier droits de l’homme et autorité ce qui est possible. On a tous en tête le blocage et saccage des universités, les black-blocs, les destructions de mobilier
urbain pour un prétexte quelconque, puis
les marches blanches organisées pour toute
présumée victime, quelle soit en tort ou non, (on comprend la famille
qui voit toujours son enfant bon ,gentil ,poli, obéissant, sans pouvoir
admettre qu’il a aussi peut être une face plus sombre ) et la contestation de
la loi en permanence ou de la justice soupçonnée d’être favorable systématiquement aux policiers ou gendarmes,
et de protéger ceux qui incarnent l’autorité. Ceux qui sont mis en examen ,
suspendus et convoqués par leur hiérarchie et en justice n’ont pas ce ressenti.
Les médias deviennent des experts et se prononcent à chaud, et personne
n’attend la fin des enquêtes, le verdict final des juges. Il est banal de constater que l’autorité en
général est mal vue, y compris dans l’éducation nationale ou dans les familles.
L’Etat essaie de concilier fermeté , respect des décisions de justice, et
compréhension. Il ne faut pas provoquer
de vagues naturellement et pas question de faire une victime, approche
que tout le monde approuve. L’évacuation
du site de Notre- dame -des landes a été un contre exemple parfait pendant des années, mais il faut
mettre au crédit du gouvernement actuel, qu’il a été habile et qu’il a trouvé
une solution pour récupérer la zone de non droit, pas entièrement certes mais
de manière significative pour croire que le dossier est terminé, sans heurts ou
dérapages humains. La récupération d’un terrain ne justifie jamais la mort ou
la blessure d’un homme ou la mise en danger de gendarmes. On a appris que le
parquet général le 27 août 2018 a formé un pourvoi en cassation après la
relaxe d’un manifestant par la cour d’appel qui n’a vu aucune violence volontaire aggravée sur deux
gendarmes mobiles et pour refus de prélèvement d’ADN (la cour l’a condamné pour ce délit à une
amende de 500 euros avec sursis ) lors d’une opération d’évacuation du 15
avril. Il avait été condamné à 1 an de
prison par le tribunal correctionnel de Nantes.
L’autorité de l’Etat ne se marchande pas, mais
elle peut se découper en tranches. La
démocratie locale et son expression ont disparu dans la bataille de
Notre-dame-des landes, mais l’autorité est sauve. C’est un vrai débat. Le
profane comprend l’état (avec un e
minuscule) de droit comme une obligation pour l’Etat de faire respecter les règles légales
élaborées par les parlementaires qui le représente, et qu’il suit lui quoiqu’il
en pense. Y compris par la force de la puissance publique. Selon M.Jean-Eric
Schoetl, secrétaire général du conseil constitutionnel de 1997 à 2007, pour les
élites éclairées et libérales l’Etat ( avec un E majuscule) de droit
actuellement, c’est « l’Etat soumis au droit, l’Etat restreint par le droit ».[
le figaro 17 Mai 2018 page 16]. Il rappelle la formule de Paul Valéry : « si
l’Etat est fort il nous écrase. S’il est faible nous périssons ».On a réduit la
notion d’ordre public et le curseur « est poussé vers le contrôle et la
répression minimaux ».On répugne à imposer la force légale et plus généralement « les prérogatives de puissance
publique doivent s’incliner devant celles de l’individu ».Par ailleurs des
secteurs entiers de la société « s’ensauvagent
» (voir chiffres du ministère de l’intérieur). M.Schoetl propose que
l’Etat s’implique plus dans le domaine régalien, ne s’excuse plus de nous
protéger et déplace le curseur dans l’intérêt collectif. Selon lui les traités
internationaux comme la convention européenne des droits de l’homme se
renégocient, se dénoncent, se réaménagent. Qu’il soit entendu.
En revanche que ne soient pas écoutés
ceux qui par une tribune dans le journal
le monde du 29 mai 2018 ont exigé
-pas moins-une révision de la constitution
pour que « la loi détermine les mesures propres à assurer que l’exercice
du droit de propriété et de la liberté d’entreprendre respecte le bien commun.
Elle déterminera les conditions dans lesquelles les exigences
constitutionnelles ou d’intérêt général justifient les limitations à la liberté
d’entreprendre et au droit de propriété ».Luc Ferry dans le figaro du 21 juin
2018 s’en étrangle, et moi aussi : « il faut une insondable naïveté touchant la gentille notion de bien commun
pour ignorer qu’à la différence du mal qui est aisément identifiable, le bien
qu’il soit personnel ou collectif est et restera à jamais indéfinissable par la
société ».Il conclut : « sauf à sombrer dans le totalitarisme nos gouvernants
doivent impérativement se limiter à lutter contre le mal, contre l’ignorance ,
le terrorisme, les atteintes aux droits de l’homme, la maladie, le chômage…Mais
de grâce qu’ils ne s’aventurent pas surtout dans la définition d’une société idéale
au nom de laquelle ils s’arrogeraient le droit de limiter nos libertés ».[ lire
aussi Mme Chantal Delsol le figaro du 1er juin 2018 : « devrons nous choisir entre la démocratie et
notre modèle de liberté ? ». Personnellement je vote pour ces principes qui ne
sont pas un programme mais qui posent des bases solides. L’autorité de l’Etat
repose sur la loi qui n’est pas un fourre-tout moralisateur, ou nous
accompagnant dans nos choix de vie individuelle. Ou qui fait plaisir à tel ou
tel groupe. L’intérêt général est la
somme de ce qui convient à la majorité des citoyens, après proposition
discussion et validation, réunis dans la nation qui dépasse les intérêts
particuliers. On sait ce qu’il est advenu des sociétés qui ont voulu créer le
bonheur des citoyens, ou contrôler toutes les libertés pour le « bien commun » défini par une poignée qui
voulait guider le peuple…
La justice poursuit sa réforme.
Le gouvernement a proposé une loi de programmation
sur 5 ans pour moderniser ce qui doit l’être, donc tout. Magistrats et avocats
pour une fois d’accord, greffiers et personnels de justice se battent cependant
contre les projets de la chancellerie, ou pour les amender. Mercredi 11 avril
2018 tous ont battu le pavé en soutenant
que la réforme projetée ne visait qu’à « empêcher l’accès au juge », qu’à déshumaniser
les procédures, qu’à accélérer le flux et réduire les coûts au civil, au pénal,
et même en matière de peine. Serait -ce le cas que cette réforme s’impose car
tous les praticiens et tous les justiciables qui ont eu un dossier au palais de
justice n’importe où sur le territoire
,savent que malgré la bonne volonté des uns et des autres, la justice a besoin
d’être refondée de fond en comble, de s’adapter à la technologie , de sortir de
ses habitudes les plus désuètes et d’en faire une institution moderne, compréhensible, rapide et efficace qui compte dans la régulation
de la société énervée qui a besoin d’arbitres impartiaux pour les nouveaux
problèmes de droit encore jamais évoqués ,de décisions de justice qui comblent
des vides juridiques si le parlement ne s’est pas prononcé sans naturellement
que les magistrats imposent leur vision de la société, de conseils d’avocats compétents et déontologiquement
formés, et de moyens matériels en général pour les professionnels des tribunaux
et cours. On peut diverger sur les méthodes et les mesures à prendre, mais il faut un vrai dialogue -qui
est en cours-pour trouver un consensus car la justice ne peut être l’otage de
personne ni un enjeu politique. Les parlementaires vont en discuter dans le
débat public. Espérons qu’il en sortira un espoir pour le futur c’est-à-dire
une construction cohérente, solide, apte à s’adapter au monde qui va vite, à
l’imprévu, aux contraintes internationales, et dès à présent une amélioration
rapide, le budget de la justice devant être sanctuarisé et suffisant pour réussir.
D’une tour d’ivoire faisons un monument
transparent , ouvert au modernisme,
exemplaire pour le droit , les relations commerciales, sociales et
civiles, sans oublier le droit public
traité à part par des tribunaux administratifs qui viennent de loin, et qui
soit un repère pour le citoyen pour ses
droits et ses devoirs dans le cadre de la république.
Le ministère de la justice est prudent
et a quelque peu reculé en matière de refonte de la carte judiciaire (c’est-à-dire
dissoudre des tribunaux dans des communes ,ce que les élus locaux détestent )
,contrairement à Mme Dati qui avait été plus drastique, et s’il y a suppression
de ou des juges d’instruction, il est prévu
que les chefs de cour d’appel pourront déterminer dans leur ressort
quelle juridiction reste spécialisée. Les avocats en général n’apprécient pas
la mise à l’écart du juge en matière de divorce ou autre contentieux, ou la
disparition de barreaux par l’abandon de tribunaux, s’inquiètent de procédures qui seraient
allégées ou sans leur concours, et
l’informatisation des saisines déplait fortement.
La procédure pénale -qui pèse sur les
policiers et gendarmes selon eux mais qui garantit les droits de la défense
auxquels les avocats sont très « accrochés »-ne semble pas encore
bouleversée. Les parquets garderaient leurs prérogatives voire les étendraient
ce qui ne va pas dans le sens du maintien du juge d’instruction. Les
négociations continuent surtout pour pallier les dysfonctionnements très graves
des logiciels Cassopée et Portalis .La
réforme de Mme Belloubet tend à vouloir fusionner les T.G.I. avec les T.I. Les
juges d’instance sont inquiets avec la généralisation de la conciliation qui
sera payante. Les petits litiges risquent de faire les frais de la nécessité de
réformer. Le tribunal criminel départemental - création phare du projet - sera
l’emblème de la justice anti-terroriste ce que les avocats contestent
vigoureusement. Composé uniquement de magistrats de métier il sera compétent
pour des crimes passibles de 15 à 20 ans de détention au détriment de la cour
d’assises que les français connaissent bien avec ses jurés populaires sauf déjà
pour les crimes terroristes. On soupçonne les magistrats de repenser ainsi la
politique pénale en matière de terrorisme et du traitement des dossiers de plus
en plus nombreux en ce domaine sensible notamment pour tout ce qui a trait à
l’islamisme. On substituerait des délits aux crimes ? Attendons le projet définitif
avant de s’indigner, la procédure parlementaire pouvant faire évoluer les
choses.
Notons que l’on ne parle plus
officiellement de la création rapide du parquet national anti-terroriste.
Le terrorisme .
Concernant l’analyse du terrorisme
signalons la contribution innovante de
M.Jean-philippe Vincent, énarque, maître de conférences d’économie des grands
débats démocratiques à sciences -po qui salue
l’intérêt grandissant des économistes pour l’étude du terrorisme [Le
figaro du 17 août 2018 page 18 : « le terrorisme nouveau sujet de réflexion
pour les économistes anglo-saxons »]. Il écrit
qu’à partir des travaux pionniers de Laurence robert Iannaccone (the market for martyrs.
2003) et d’Alan Krueger (what makes a
terrorist ? 2007), une nouvelle discipline économique est née : l’économie du terrorisme, les économistes s’interdisant
toute considération morale. Selon eux il y a un marché du terrorisme avec une
offre : « celle d’individus prêts pour une raison ou une autre à perpétrer des
actes de terreur » et une demande : « celle d’Etats, de groupes religieux,
d’entités nationalistes… ». M.Vincent affirme que de cette analyse un peu «
formelle » il est possible de démasquer certaines idées fausses sur les
terroristes comme par exemple qu’ils appartiendraient aux populations les plus
pauvres ou les moins bien éduquées, et
de croire que les terroristes sont irrationnels et isolés. Il s’agit en réalité de détruire le contrat
de confiance dans les démocraties et instaurer les dictatures voulues par les
commanditaires avec des conséquences économiques avérées |lire Daron Acemoglu :
economic origin of dictatorship and democracy.2006].M.Vincent conclut : « la
nouvelle science économique souligne
qu’il faut par des moyens différents , lutter contre l’offre et contre la
demande de terreur sur ce qu’il faut bien appeler un marché. Car c’en est un
».Je laisse les spécialistes apprécier cette théorie du marché de gros, et de nous dire ce qu’il faut faire pour
lutter contre le marché de détail celui qui permet à un individu lambda, armé
d’un simple couteau ou d’une voiture de faire beaucoup de victimes.
Mme Belloubet garde des sceaux entend
« insuffler une culture de l’anti-terrorisme » qui est devenu un contentieux de
masse. Elle entend créer une formation spécifique ,un cycle d’un an pour donner des outils
pertinents aux principaux acteurs et former les générations futures. Avec la
promotion 2019 il y aura 17 participants .Les grandes thématiques abordées
seront outre la connaissance du phénomène en France comme à l’étranger, la
gestion du stress, les nouvelles technologies, la cybercriminalité, le
fonctionnement du renseignement, le droit pénal et la jurisprudence .Un parquet
européen anti-terroriste doit être créé fin 2018. Mais spécialisation ne veut
pas dire exception. Mme Belloubet est très attachée au fait que la justice
anti-terroriste « reste inscrite au sein de la justice de droit commun »
. Le projet de parquet national anti-terroriste est revu : il faut accentuer
les liens avec les autres parquets pour répondre à la montée de la menace ».
Depuis janvier 2018 il y a eu 53 nouvelles informations judiciaires (à fin juin
2018) soit une hausse sensible par rapport à 2017.42 dossiers sont sortis des
cabinets d’instruction pour être audiencés dans les deux chambres
correctionnelles dédiées à paris, avec 4 présidents qui se partagent le
travail. A partir de 2019 les cours d’assises vont s’activer notamment pour les
gros dossiers des attentats de 2015 et 2016. Les chiffres parlent : il y a eu
quelques 238 djihadistes condamnés entre 2014 et 2017 au travers de 76 procès
et plus de 1500 suspects dans les affaires (chiffres du centre d’analyse du
terrorisme de M.Jean-charles Brisard).[ le figaro du 25 mai 2018 pages 2 et 3 ]
.Il y aura aussi les « sortants » détenus actuellement à gérer bientôt…
Daniel Zagury psychiatre et expert
judiciaire a publié sur la banalité du mal avec « la barbarie des hommes
ordinaires » éditions de l’observatoire 2018 ces hommes et femmes sans
histoire, discrets, gentils qui commettent un jour les pires atrocités.
Pourquoi puisqu’ils nous
ressemblent ?. Il affirme que « les
terroristes comme les génocidaires renoncent à un minimum de quant-à-soi . Ils
deviennent le courant qui les porte dans lequel ils se retrouvent comme clonés.
Ils n’ont aucune conscience d’avoir commis le mal » .C’est inquiétant ,
surtout quand ils sortiront de prison !.M.Zagury ajoute : « le djihadiste
renonce à sa vie terrestre .Il procède à une dé-métaphorisation de la religion,
et croit dur comme fer aux anges, aux vierges, au paradis avec ses fruits
merveilleux… la société ne peut pas prendre le risque de la naïveté . Elle doit
les garder hors d’état de nuire… ». Le constat désespère. Nous devons nous
protéger et il appartient aux pouvoirs publics de ne pas entendre le chant des
sirènes bien pensantes et toujours optimistes sur la rédemption sincère de ceux qui fautent, ces supposés humanistes déclarés ainsi
officiellement par eux mêmes qui prônent la main tendue et croient que des arrangements sont possibles .On ne dîne avec le diable qu’avec une longue
cuillère.
Dans cette lutte le renseignement joue
un rôle essentiel pour détecter tous les signaux. Les services doivent donc être
performants.
Le renseignement.
« les guetteurs, les patrons du
renseignement répondent » livre d’Alain Bauer et Marie-christine
Dupuis-Danon préface de M.Jean -Yves Le Drian (éditions Odile Jacob.Mars 2018).
Notre ami Alain Bauer professeur de
criminologie et consultant en sécurité
et Mme Dupuis-Danon ont mis à table des (grands )témoins, des directeurs des
services qui ont vécu de l’intérieur notre appareil de renseignement, l’ont
dirigé, y ont réfléchi et ont provoqué la révolution culturelle avec le passage
du contre-espionnage au contre-terrorisme. « Cette révolution a fait du
renseignement la pierre angulaire de la prévention des attentats , élevée au
rang de priorité nationale », le politique ayant du mal à nommer l’ennemi.
Les méthodes du contre-terrorisme (temps court et partage de l’information) ont
dû se substituer à celles du contre-espionnage (temps long et secret). Cette
modification de paradigme a modifié l’équilibre entre sécurité et liberté. Il
faut lire les auteurs de ce livre essentiel pour comprendre l’enjeu des
changements de diverses natures (il y a eu 13 cyberattaques importantes en
France en 2017) et leurs nécessités pour affronter les menaces actuelles et à
venir. Mais « il arrive aussi que l’actualité nous révèle le grand
retour des espions à l’ancienne » .Alain Bauer a commenté notamment l’affaire Skipral ex -espion russe
empoisonné à Londres. Il écrit : « James Bond et OSS 117
viennent de réussir un triomphal retour sur les écrans du réel avec la
tentative d’élimination en Grande-Bretagne d’un traître russe du GRU passé à
l’ouest, et la comédie du vrai-faux assassinat d’un journaliste russe réfugié à
Kiev, Arkadi Babchenko monté par les services ukrainiens. ».Il précise
encore : « depuis l’affaire Snowden le grand public s’était à
peu près persuadé que les intrusions
informatiques avaient supprimé l’espionnage de papa. Erreur funeste, on
ne fait pas que la guerre de loin, avec des manettes de jeu vidéo… ».
Le renseignement avec son importance a
donc son avenir devant lui, même s’il se retourne comme aurait dit Pierre Dac qui fut la voix de la résistance à
Londres.
III) L’avenir sera- il plus calme, plus juste
et plus éclairé ?
On ne peut éviter de parler des
migrants , de leur errances, de leurs rejets ou de leur accueil forcé à bras
fermés, des incohérences de l’union européenne qui ne trouve pas de
solutions consensuelles adaptées, des difficultés
du débat interne et du gouvernement et de sa politique hésitante pour ouvrir
les frontières ce qui correspond
d’ailleurs à un sentiment apparemment
majoritaire voulu par les citoyens. Ceux- ci distinguent bien les réfugiés pour
lesquels ils sont compatissants mais rejettent les migrants économiques ou
climatiques, où qui viennent d’un pays qui n’a plus d’Etat. Je n’aborde pas la
polémique. Tout le monde ne peut pas
être Saint- Exupéry : « si tu diffères de moi frère loin de me léser
tu m’enrichis ». Le bateau Aquarius affrété par des ONG maraude entre les
côtes de Lybie et celles de Malte. On comprend la démarche humanitaire, mais
les passeurs en profitent. L’union européenne flotte si on peut dire, fait le
grand écart entre les pays violemment hostiles et ceux qui veulent partager le
fardeau. Tout ceci pose des problèmes gigantesques de sécurité et déstabilise
peu ou prou les démocraties. On en arrive à des situations ubuesques. Le
gouvernement italien milieu août a d’abord refusé le droit d’accoster - pour
des raisons diverses notamment pour montrer sa nouvelle politique de fermeté,
le mouvement 5 étoiles et la ligue ayant fait des promesses pendant leur
campagne qui les a conduit au pouvoir - à l’un de ses propres garde- côtes
« le Dicciotti » qui avait
récupéré 177 naufragés , puis a ensuite interdit
tout débarquement sauf pour les mineurs. Il a fallu quelques jours pour que
l’union Européenne se réunisse, sans trouver une solution pérenne, et que
finalement un accord ait lieu avec des Etats volontaires dont l’Albanie !
pour accueillir un quota de migrants . On a failli avoir un « hollandais
volant » flottant et dérivant de
port en port. Il va falloir inventer des
solutions juridiques applicables aux 27 puisque Londres a pris le large, peut être négocier avec les Etats ou régions
« émetteurs de migration », et arrêter cette insécurité
fantasmée ou réelle . A défaut les élections européennes de 2019 risquent de
rendre des résultats qui vont faire peur. Je n’ai pas la solution et je ne sais
pas comment on concilie empathie pour l’être humain en souffrance ou qui espère
ne plus remonter son rocher comme Sisyphe, avec la nécessité pour une nation de
maitriser son destin et ses valeurs et d’entendre ses habitants pour les
satisfaire, ce qui est la moindre des choses. Mais j’espère en l’homme de bonne volonté et la mission des politiques , des technocrates et responsables tant décriés de Bruxelles est de trouver la voie pour
montrer qu’ils sont compétents et ont entendu les avertissements. On va donc
beaucoup parler de frontières, de Frontex et de Schengen, de traités
internationaux à renégocier, de protectionnisme, de sécurité internationale, et
de la souveraineté des peuples, dans les mois qui vont venir.
Mais pendant ce temps là la vie
interne continue.
L’observatoire national de la
délinquance et des réponses pénales a analysé la violence au quotidien , les
violences « gratuites » comme les rencontres sportives qui
dégénèrent, les pompiers et médecins caillassés, les rixes diverses , dans la
famille, entre amis, dans les
transports, entre automobilistes, pour un stationnement… Ces faits d’agression
ont dépassé en 2017 le record historique
des 600.000 infractions. Notre ami Christophe Soullez directeur de l’ONDRP
indique que les causes de cette violence sont à rechercher « dans un monde
sans doute plus anxiogène, avec des individus de plus en plus stressés, avec une
pression sociale et sociale plus forte aujourd’hui ». Il a raison on ne
peut douter de ses analyses scientifiques et confortées par des faits avérés.
Mais rappelons quand même que dans le passé
il y avait aussi des motifs d’être violent et que malgré les rappels
quotidiens, les explications, les mesures des pouvoirs publics, Etat et
collectivités locales, aides diverses et assistance qui sont prises pour éviter
toute inégalité ou discrimination , sans compter la dénonciation du racisme,
les leçons de tout bord, l’éducation … la violence augmente. Cherchez l’erreur
et surtout les solutions . On y ajoute la pression migratoire, la baisse de
l’autorité des parents en général, et la réponse pénale que l’on taxe à tort de
laxiste. Il y avait 777 faits de violence par jour [ le figaro du
14 février 2018 page 2].Il y en aurait désormais près de 1.000 !
Il y a des espoirs ou des pistes
semble- t- il mais il va falloir une détermination sans faille pour tenter d’y
recourir, si on en partage la
philosophie :
*Nicolas Baverez [ le figaro du 7 mai
2018 page 15] indique que « dans le cadre de l’Etat de droit il est grand
temps que les démocraties donnent la priorité
à leur première raison d’être à savoir la sécurité et l’existence d’un
ordre public sans lesquels la société se trouve ramenée à l’état de jungle
.Contre la violence les démocraties n’ont d’autre choix que de nouer un nouveau
pacte citoyen. Elles doivent réarmer non
seulement au plan militaire, mais au plan politique, intellectuel et moral.
C’est la mission des dirigeants mais surtout le devoir des citoyens… ».
* Le philosophe Pierre Manent
-disciple de Raymond Aron- estime que la doctrine des droits de l’homme seul
principe de légitimité encore accepté en Europe, rend impossible la
délibération publique et l’art de gouverner [ lire « la loi naturelle et les droits de l’homme ». PUF. Juin
2018].Il estime que « les droits individuels règnent sans
contrepoids jusqu’à faire périr l’idée du bien commun (dont parle Luc Ferry
voir précédemment) et que « la vie sociale
réclame nécessairement des discriminations » (des bonnes de
préférence si je peux me permettre). J’entends les cris de rage et les insultes
contre cette argumentation.
*Enfin Francis Fukuyama celui qui
avait prévu la fin de l’histoire et du dernier homme en 1992 c’est-à-dire la
victoire par K.O des démocraties, des
sociétés occidentales et du libéralisme et qui revient un peu sur son erreur en disant qu’on l’a mal
compris , pense qu’il y a désormais une
possible défaite des démocraties [ le figaro magazine du 6 avril 2018 pages 49 et s.].Il
affirme : « dans la fin de l’histoire et le dernier homme je mettais déjà en garde contre une prolifération massive de droits
nouveaux ». Mon commentaire : les progressistes qui adorent les
droits acquis à jamais et l’extension du
domaine de la lutte pour créer des droits ne vont pas aimer cette affirmation,
mais ils n’ont pas la vérité révélée ! M.Fukuyama insiste :
« les programmes de discrimination « positive » ont eu pour
résultats un envahissement croissant des droits des groupes spécifiques à la place
des droits individuels et universels dans la législation américaine. Il n’y a
plus de communauté nationale unique ou de bien commun… ».
Puisque il faut en terminer de ce bavardage , trop long je le
sais.
Il convient en Europe de resserrer les
rangs pour faire face aux menaces indiscutables, proteïformes ou ce qui
sont considérées comme telles par les citoyens malgré les
appels au calme des élites et des dirigeants. L’union Européenne qui devait avancer par
l’harmonisation du droit notamment selon le traité de Rome a le devoir d’être
réaliste et constructive. Les Etats-nation ont besoin de cohésion sociale, de culture commune en y intégrant
celles des autres s’ils acceptent nos règles,
de valeurs reconnues, avec moins
de violence, plus de devoirs collectifs et des droits individuels qui
n’empiètent pas et ne dominent pas la sphère publique. On n’est pas obligé de détruire ce qui a fait
ses preuves dans des sociétés ouvertes avec un libéralisme constitutionnel ce
qui est d’une grande insécurité. [lire
David Goodhart : the road to somewhere. Penguin books 2018].
Le débat ne doit pas être binaire
entre les progressistes qui sont pro- europe et ne voient l’avenir que par son
extension pour répondre à la mondialisation, et les nationalistes avec les
populistes annexés qui sont anti-europe-mais veulent des députés
européens ?- par un repli vers la nation pour combattre les
excès de la globalisation , avec des coopérations sélectives et choisies et une
souveraineté intacte qui permet de
prendre des lois et des mesures spécifiques .Il faudra les deux car personne de
sérieux ne plaide qu’il faut supprimer
l’Europe mais chacun s’accorde à demander qu’elle soit plus conforme à ce
qu’attendent les européens à savoir le citoyen qui subit et s’effraie ,et
qu’elle devienne une entité solide qui ne remet plus sa sécurité internationale
par exemple aux seuls USA qui ont fait savoir qu’ils dépensaient trop de
dollars dans les missions de l’Otan. Dont acte .Il va falloir innover à tous les étages et dans
tous les domaines. On veut aussi que les
élus munis de mandats précis dirigent les institutions , fassent appliquer les
décisions politiques et ne laissent plus la technostructure de la commission
juger ce qui est bon ou non et détermine l’intérêt général de l ‘union
européenne. L’excuse « c’est la faute à Bruxelles » signe
l’impéritie des responsables ! Au lieu de s’invectiver et monter sur leurs
ergots à la moindre critique comme des coqs pour montrer qui est le plus ferme
et vouloir être le leader au delà de son pays,- on a élu un président de la
république française et non le président des états unis d’Europe comme le
rêvait Victor Hugo ce qui ne nous rajeunit pas - les dirigeants européens devraient mettre de côté leurs différences
légitimes et trouver des compromis pour
lutter efficacement contre toutes les menaces et les déferlantes qui
envahissent nos rivages . On veut des
résultats et pas des bavardages et moins de polémique pour créer un espace
concret européen de libertés, de prospérité économique et sociale , de
protections et d’espoirs.
Enfin
c’est le devoir de chacun de croire que, nouveau monde ou assimilé ou pas , seule la république avec ses
principes stricts dont la laïcité ,est la solution. En juillet la politique
politicienne a fait naufrage, et il n’y avait pas d’ONG pour la secourir.
Mais les français sont de vieux loups de mer qui en ont vu d’autres et se
sont sortis des tempêtes. Attention à ne
faire pas comme Ulysse que j’ai déjà cité, ce héros mythologique qui a mis des années à revenir à la maison. Partout dans le monde ce ne sont que guerres,
famines, tensions, affrontements , élections contestées, catastrophes naturelles ou techniques comme le
pont Morandi à Gênes qui s’est effondré. Nous avons la chance de vivre en paix
et d’avoir des crises de « privilégiés » si on compare avec les
autres peuples ,même s’il est légitime de vouloir moins d’inégalités et plus de bénéfices concrets, plus de
redistribution fraternelle. Retroussons
tous nos manches , modérons nos exigences personnelles , remisons nos égos. Ne
nous barricadons pas derrière des frontières symboliques. En restant ferme et
ouvert nous réussirons tous ensemble.