vendredi 28 juin 2024

Après le 2ème tour, la désobéissance civile ?

 

               Après le 2ème tour, la désobéissance civile ?

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

J'ai écrit ces modestes réflexions peu avant le 1er tour des législatives qui seraient celles de tous les dangers. Pourtant la Vème république a déjà connu des crises sévères, des cohabitations et des coalitions au pouvoir. Elle a survécu. Les citoyens seront- ils plus responsables que certains de leurs dirigeants aveuglés par la haine et leurs idéologies ?  Dans tous les camps.

On a pris l'habitude ce qui n'est pas une approbation d'entendre des militants affirmer qu'ils ne se conforment  pas à  la loi qui est liberticide ou contraire à leurs convictions, au nom de principes supérieurs à tout fondement républicain qui constitue l'état de droit. Ils désobéissent et demandent l'impunité. Outre qu'on change immédiatement la loi ou la politique !  Ils agissent par la violence dite défensive qui serait légitime face à celle de l'Etat. Or l'Etat n'a pas de droits spécifiques. C'est nous l'Etat, l'ensemble des millions de citoyens qui ont délégué leur pouvoir de souverain, respectent les institutions et les corps représentatifs, qui votent et paient impôts et taxes. Et qui veulent la tranquillité quoiqu'ils pensent. On appelle cela de la démocratie qui est une valeur rare dans le monde.

Chacun a le droit de réagir avec son raisonnement, ses émotions, sa sensibilité, ses certitudes, ses peurs y compris si elles sont irrationnelles. Dans l'absolu on peut considérer que la loi élaborée et votée après débats dans l'intérêt général est faite pour les autres, au service des puissants, des dominateurs, et qu'il faut l'écarter. Les tribunaux ont cette fonction pas le coup de force. Ni l'avis d'élites prétendument éclairées. On connait tous un exemple de ce qui nous parait injuste. Mais il doit nous dépasser et toucher à l'intérêt public s'il faut ne pas appliquer le règlement commun. Comme en copropriété.   

François Mitterrand avait évoqué la force injuste de la loi. En 2018 le conseil constitutionnel a érigé la fraternité au même niveau constitutionnel que la liberté et l'égalité. Chacun admet que lorsque la loi devient obsolète ou a des effets pervers il faut l'abroger ou la modifier. Mais il faut respecter la règle du jeu collectif. Car quand les bornes sont franchies il n'y a plus de limites. Si l'émotion et le ressenti dominent la raison tout est permis.

C'est le philosophe du Massachussetts David Henry Thoreau mort en 1862 qui a pratiqué puis théorisé la doctrine de la désobéissance civile. John Rawls décédé en 2002 a réfléchi sur la Justice sociale : il a défendu une société basée sur une justice redistributive qui réduirait les inégalités. Il a prôné des actes non violents, publics et politiques. Or le concept de désobéissance civile est de nos jours mis à toutes les sauces. On peut résumer vulgairement et partialement cette posture par : "je suis ému, je suis choqué, je détiens la vérité, cette décision est injuste.  Je suis donc libre de m'affranchir de toute contrainte collective et de décider ce que je veux dans l'intérêt des autres. Ma conscience est la seule boussole possible. Je veux faire progresser la société".

La question est : qui décide de l'intérêt public ? Ou du danger contre la République et les libertés ? Et sur quels critères objectifs ? La subjectivité peut- elle l'emporter ? Quelles sont les valeurs dites supérieures et non écrites qui permettent de mettre au ban les valeurs républicaines faisant consensus.  Certes l'humanité que personne ne représente est essentielle. Et la nature doit être protégée. Mais personne n'a le monopole du bien. La vie en société est un compromis permanent.

On entend des hauts fonctionnaires, des enseignants et aussi malheureusement des magistrats qui bien qu'indépendants sont tenus au devoir de réserve et de neutralité puisqu'ils jugent au nom du peuple français, tenir des propos étonnants et graves. Ils n'appliqueront pas les directives gouvernementales d'un pouvoir issu des urnes mais qui serait extrême et qui ne conviendrait pas à ce qu'ils souhaitent. Ils l'estiment dangereux. Ils parlent des extrêmes de droite naturellement mais comme ils sont présumés de bonne foi, on peut aussi supposer de gauche ? Ils peuvent démissionner par avance ou non - personne n'est à l'abri d'une bonne surprise - ce qui serait à leurs honneurs. Se soumettre ou se démettre disait Gambetta à Mac-Mahon. Sinon ils vont devoir respecter le scrutin quelques en soient les résultats. On ne peut éliminer des millions d'électeurs qui auraient fait un mauvais choix et recommencer le match.  

 Je ne doute pas que ces vigies auto-désignées morales de l'Etat payées par le contribuable connaissent leurs devoirs. On ne peut ajouter au chaos politique actuel et peut être futur de la désobéissance civile par ceux et celles qui sont les exécutants de l'Etat profond, qui doivent assurer la stabilité des institutions et les faire fonctionner avec objectivité. On leur fait confiance.  D'autant plus que le Président de la République a des pouvoirs pour contrer toute déviance ou tentation autoritaire bien que l'article 20 de la constitution dispose que le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. Sous le contrôle des tribunaux. Pas de la rue ou d'entraves diverses.

Appeler publiquement à la désobéissance civile est dangereux et sera contre- productif. Pour des serviteurs de l'Etat c'est inadmissible même s'ils sont citoyens par ailleurs avec leurs opinions.  La théorie légale des baïonnettes intelligentes permet à un fonctionnaire de ne pas exécuter un ordre manifestement illégal. Mais qui qualifiera de manifestement inapplicable telle consigne ou politique publique décidées par des élus du suffrage universel ?  Les magistrats. Ce qui avec le conseil constitutionnel étendant largement sa compétence et ses interprétations des textes ou des grands principes du droit avec le concours des cours suprêmes et des juridictions européennes formerait un gouvernement des juges. Le peuple est -il d'accord ?  Attendons l'après 2ème tour.

mardi 18 juin 2024

Je voterai pour moi

 

                             Je voterai pour moi

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

Enfermé dans une cabine téléphonique M. Ciotti s'est auto -dissous. M. Macron seul dans son bunker a dissous. Le peuple taquin et dissolu va- t- il dissoudre ceux et celles qui donnent aux autres des leçons de démocratie selon leurs goûts ou de civisme ou de sensibilité orientée mais qui magouillent dans leurs coins en se contemplant dans la glace pour dialoguer avec eux- mêmes ?

Les enfants bien élevés et sages consultent leurs parents qui ne sont pas wokistes avant de faire une bêtise. Mais cette évidence concerne le monde passé et avec la soudaineté de la campagne électorale personne ne serait prêt ? Il faut improviser dans une obscure clarté. Clarté le mot qui percute. Je ne connais pas de professionnels qui oseraient soutenir une telle ânerie qui est une faute grave conduisant à un licenciement sans indemnités.  On sort de la campagne européenne, on a parlé relations internationales avec des polémiques ardentes et les répercussions sur le plan national, et nos futurs élus n'auraient pas réfléchi à un programme interne sur l'insécurité, le terrorisme, l'immigration, le niveau de vie, l'autorité en général et les devoirs en plus des droits. Puisque tout est prioritaire. Qui va payer alors que les dettes sont abyssales ? Les Mozart de la finance ont perdu le chef d'orchestre qui a cassé sa baguette. Plus de jouet va au coin. Et nos athlètes de la politique, des rappeurs, n'auraient jamais pensé à des alliances qui sont contre nature ? Sinon honteuses.

De qui se moque-t- on ? De l'électeur c'est certain.  L'opposition proteste : on manque de temps pour affiner nos propositions. Mais votez pour nous et on verra après ! Faites un chèque en blanc puisque la carte bleue qui vaut quitus immédiat ne peut être utilisée. Je crains donc le pire si personne n'est en capacité de gouverner sérieusement dans la conjoncture très difficile. On n'a pas le temps de laisser les amateurs se former et attendre des lustres qu'ils soient performants. Ils n'auront pas de médaille aux jeux olympiques puisqu'ils seront tout juste sélectionnés et qu'on ne connaitra pas leurs performances passées ou prévisibles. Carton rouge. On ne sait pas si tous les remplaçants qui veulent être titulaires feront mieux que l'équipe sortie qui a beaucoup fauté et déçu. Il est vrai qu'elle n'a pas été aidée et qu'on a plutôt saboté toute initiative ferme et utile au nom de l'émotion ou de ce qui se termine en-isme. Et que le pouvoir s'est tiré de crises graves avec les honneurs. Les entreprises et les particuliers le savent. Ce qui ne veut pas dire que l'on doit tout pardonner. Il faut comparer les offres. 

La roulette Russe ne doit pas exister en politique. Et l'électeur citoyen qui choisit n'est pas une cible. C'est le souverain. Il doit être respecté et n'a pas à être critiqué. Les politiques n'ont qu'à agir ou proposer mieux. Cela s'appelle l'intérêt général.    

Les pompiers pyromanes de la classe politique qui offrent un spectacle désolant à l'Assemblée devraient baisser d'un ton. Ils soutiennent la violence physique ou verbale pour imposer leurs idées car leurs combats seraient légitimes et ils se battent contre le totalitarisme (sic) et pour le bien. Leurs adversaires voudraient -ils le contraire soit la dictature et le mal, c'est grotesque! L'électeur mérite mieux que les ambitions personnelles en perdant ce qu'on nomme l'âme -je ne sais pas bien ce que cela veut dire -et les règlements de comptes.

Au secours je vois revenir la IVème République. Les partis faisaient les rois, mais désormais le monarque est nu quel qu'il soit. On parlementait sans fin. Et on se compromettait pour un plat de lentilles.  La gouvernance par l'homme providentiel n'a pas de sens. Une vraie majorité sur des projets est nécessaire et on doit se parler et pas s'invectiver ou s'exclure. Les institutions de la Vème République sont solides et on peut les réformer vers plus de participation civique. Sans déconstruire la table et les humains autour. Les corps intermédiaires doivent jouer leurs rôles. On doit interroger régulièrement tous les Français, pas des experts ou des citoyens tirés au sort. Les idéologies qui enferment peuvent servir dans les débats publics mais pas s'appliquer aux besoins de la collectivité. Voilà mon programme c'est rapide et facile à rédiger !

Je vais donc voter pour mes intérêts, ceux de ma famille, de mes voisins et amis et de ma conception de la France qui n'est pas plus nulle que certaines propositions. Je n'ai pas besoin qu'on me fasse un dessin et qu'on me désigne le bon bulletin de vote. Il ne faut pas s'abstenir. Il faut prendre ses responsabilités et ne pas laisser les clés du camion roulant à l'électricité à des conducteurs sans permis et sous cannabis en buvant de la bière. Sans GPS. Ni énergie alternative.  

La haine n'est pas dans mon camp. Je suis républicain et respecte les majorités même si je les critique. Car rien n'est jamais assez. Je veux que la nation avance.  Les minorités, les communautés et les partisans de la table rase ne doivent pas gouverner le pays. J'écarterai les extrêmes qui peuvent poser de bonnes questions mais qui clivent trop car on a besoin d'apaisement et d'union. Je n'aime pas les tenailles je ne suis pas bricoleur.  Je suis pour le bloc central avec les humanistes et démocrates de gauche comme de droite et qui sont pragmatiques en ne faisant pas des dénis de réalité. Je n'approuve pas ceux et celles qui s'estiment toujours victimes des autres, du système ou de discriminations pour tout et rien et qui ne font aucun effort pour être positifs et conforter nos valeurs traditionnelles, dans le respect de leurs croyances. Voter pour moi est donc ma solution.

Comme tout le monde je suis candidat au poste de premier ministre. Je suis en retraite j'ai du temps libre. En votant pour le député de ma circonscription qui remplit tous mes critères je ferai œuvre collective utile. "Je suis leur chef donc je les suis "a dit Ledru-Rollin. Il faut que nos élus nous pistent. L'avant garde du prolétariat ou des prétendues élites a fait faillite morale.  Aux urnes, citoyens. Et réservons-nous une bonne surprise sans un 3ème ou 4ème tour dans la rue ou en convulsions. Votons pour une chambre introuvable.         

jeudi 13 juin 2024

avec qui voulez vous cohabiter?

 

                                  Avec qui voulez-vous cohabiter ?

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

Quoiqu'on fasse les récents élus au parlement européen le resteront. Il est possible que compte tenu de la vague populaire ou populiste selon le vocabulaire des uns et des autres la politique européenne change et que les défauts pointés soient corrigés ? Le message envoyé à Bruxelles portait sur moins de bureaucratie, sur moins d'hégémonie des juridictions qui entravent notre souveraineté en droit. Mais aussi sur plus de lutte contre l'insécurité et la délinquance et la maitrise de l'immigration. Sans oublier le renforcement de nos valeurs républicaines pour conserver notre identité face à l'islamisme. En quoi ces souhaits réfléchis et pas seulement sous le coup de la colère sont- ils extrêmes ou indignes ? Perdrons-nous notre âme - ce qui ne veut rien dire car chacun se détermine selon ses convictions - en voulant conserver ce qui a fait notre gloire et qui nous sommes ? Et à condition que ce principe spirituel éthéré se substitue à de la responsabilité concrète ce qui reste à voir ! Parole verbale de politiques perdus sans conséquences.  

C'est ce que m'ont dit mes amis de ma campagne rurale, pas plus ploucs que de prétendues élites urbaines auto -proclamées. Personne n'a le monopole du vrai et annoncer l'apocalypse est manquer de raison et de mesure dans une démocratie. Moi ou le chaos n'a pas de sens surtout quand on est pompier pyromane par la violence et les manifestations interdites et qui dégénèrent pour tout et rien.

Tous les hommes et femmes politiques professionnels prétendent qu'eux seuls peuvent redresser le pays et qu'il faut voter pour leur parti. Cela se discute car ceux et celles qui peuvent vraiment faire quelque chose ce sont les citoyens.  Nous avons appris à agir et à défendre nos intérêts donc celui de la France malgré la représentation légale qui donne un spectacle désolant à l'Assemblée nationale. Et dont certains jettent de l'huile sur le feu.  Le citoyen a compris que l'Etat était devenu impuissant, que les paradigmes avaient changé et que les générations ne se ressemblaient pas. Quelles que soient les politiques publiques suivies ou essayées, les pouvoirs n'arrivent pas à régler les problèmes notamment du niveau de vie et les parlementaires confondent l'hémicycle avec une cour d'école et la comparaison est faible.  Comment respecter ceux et celles qui ont pour fonctions de défendre l'intérêt général et qui se contentent de faire voter leurs idées pour conserver leurs sièges ?

 La démocratie est en péril puisque les minorités ou communautés veulent l'emporter et imposer leurs points de vue. Et que la majorité ne réagit pas suffisamment car il ne faut faire de la peine à personne. La loi devient à option et doit s'effacer devant l'émotion. Le gouvernement est sommé de dire oui à la moindre injonction et à défaut il fait partie des réactionnaires. Seuls les progressistes doivent porter la lumière. L'ordre public serait devenu fasciste, il n'y aurait qu'un sentiment d'insécurité, les institutions seraient des obstacles pour exercer ses libertés personnelles et le travail une exploitation. Les devoirs, la nation, la collectivité ne sont plus admis aux débats.  

On a bien compris le choix pour les législatives. On n’est ni sourd ni aveugle.  Le fort Chabrol de M. Ciotti qui s'est enfermé dans son bureau est pitoyable. Son exclusion du mouvement par l'interprétation du bureau politique de la lettre des statuts des républicains aussi. C'est un peu flottant sur le plan juridique !  C'est une pantalonnade.  Le tribunal tranchera peut-être et c'est remettre un parti politique et une élection aux mains des juges, au droit.  Ce qu'on a déjà connu. Dans d'autres formations aussi où on parle de traîtres, d'illégitimités. Quel apaisement !  On prend l'électeur pour un nul. C'est réciproque. Comment suivre les recommandations de prétendus leaders qui agissent seuls à tort ou raison ? Dans une entreprise on est viré pour moins que cela. 

A gauche ce n'est pas mieux. Dans mes bras camarade malgré les insultes et avoir soutenu un mouvement terroriste en mettant le bazar pour un ou des conflits extérieurs pour récupérer un électorat. Il n'y a pas de déshonneur à se renier !  Seule compte la fin pas les moyens. En y ajoutant un peu de révolutionnaire anticapitaliste qui renait de ses cendres.  Comme si l'extrême gauche était meilleure et moins dangereuse que l'extrême droite ! On connait l'Histoire et on se souvient.

Au vu de ce qui se passe depuis des mois voire années et des résultats électoraux avec les tambouilles politiciennes, personne n'a ni l'aura ni l'autorité morale pour donner des conseils. Il y aura cohabitation puisque le président de la République a dit qu'il restait jusqu'à la fin de son mandat. Sauf ultime coup de théâtre !  Il faut donc choisir avec qui il va gouverner puisque selon l'article 20 de la Constitution le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Ce n'est pas forcément le leader du groupe majoritaire même si c'est la tradition. Le président peut choisir telle personnalité.

Il n'y a jamais eu autant de candidats auto -nommés pour le poste de premier ministre !

Je me déterminerai selon ma conscience. Heureusement pour élire un député il n'y a pas de scrutin de liste avec d'illustres inconnus mais un scrutin majoritaire à deux tours. On connait le sortant, ses opinions, ce qu'il a fait ou va faire pour la circonscription donc pour ma commune et moi. Et s'il prône la tolérance, le respect, l'union en général. On vote pour un individu de chair et d'os. Pas pour une idée désincarnée. La nature humaine et l'ambition sont ce qu'elles sont et expliquent des attitudes curieuses. Si un candidat nouveau se présente j'étudierai son parcours, son comportement, son programme. Un pur militant parachuté n'est pas ma tasse de thé. Je voterai pour celui qui sera le plus compatible avec le président car avec la cohabitation autant avoir un minimum d'harmonie plutôt qu'une bataille au couteau. Car c'est moi qui subis.

Comme beaucoup je suis fatigué par les invectives, les exclusions, le bruit et la fureur. La démocratie a besoin de paix. Et que l'on débatte sereinement et sérieusement des défis qui sont devant nous. L'avenir de la France nous appartient.