Je
dirai malgré tout que 2020 sera une bonne année.
Par
Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Jean
d’Ormesson reste vivant puisque je me suis inspiré de son œuvre pour le plagier
dans mon titre et essayer de rester
optimiste malgré l’état guerrier du monde, les menaces qui pèsent sur notre
pays et qui devraient nous inciter à être moins exigeant même si défendre ses
intérêts est légitime, avec le
climat qui se réchauffe en entrainant
des affrontements entre les sceptiques et ceux qui hurlent à la
fin des temps ce qui est anxiogène, et les catastrophes naturelles qui font des
victimes avec le désespoir de certains qui ont besoin de la solidarité
nationale. Il me semble que le débat public devrait baisser de plusieurs
tons, car la vindicte n’apporte rien, les leçons de morale non plus, et lorsque
on exclut ou on interdit en particulier des porteurs d’opinions même
détestables ou désagréables en demandant aux tribunaux de sanctionner on ne se
grandit pas. Il faut des intellectuels qui émettent des idées, qui analysent
les valeurs, et qui guident la pensée qui doit être libre. Les responsables
politiques perdent parfois l’occasion de se taire en voulant être opportunistes
pour se rapprocher du pouvoir ou le conquérir. Une société moderne doit être
tolérante, ouverte aux débats y compris sur des sujets sensibles car il ne peut
y avoir de tabous ou de non-dits ce qui est la porte ouverte sinon à
l’explosion. On progresse collectivement quand on décide après avoir pesé le
pour et le contre d’arguments objectifs et vérifiés, entendu tous les
contradicteurs et que l’on a choisi d’agir car marcher vers l’immobilisme ne
fait pas faire un pas en avant si je puis m’exprimer ainsi. On a besoin de plus
de compréhension et de sérénité puisque personne ne détient la vérité. On ne
fait rien de sérieux sous la pression, la force.
L’actualité
qui concerne la sécurité et la justice c’est d’abord la mort de héros, de
militaires qui bataillent au Mali, qui
combattent pour la démocratie la nôtre et celle des africains, pour aider les
peuples du sahel qui vivent ou
survivent pétrifiés de peur , pour nos libertés aussi et que l’on puisse parler en s’écharpant par exemple … de nos
retraites et s’il faut ou non appliquer
la clause dite du grand-père, ce qui devient dérisoire au vu des problèmes de
civilisation qui sont posés . C’est aussi la mort des serviteurs de la sécurité
civile qui se battent contre les éléments naturels pour sauver des vies. On en
parle quelques heures et puis on passe à autre chose comme le climat social.
Ce sont
ensuite les diverses protestations et les défilés dans la rue avec ce qui va de
pair -binôme étonnant - l’ordre public
lié aux violences de toute nature, mais aussi celles qui concernent les
pompiers et les médecins : qu’ont fait ces derniers pour être
attaqués ? pour être des cibles que l’on attire dans des guets apens comme
les forces de l’ordre qui ne font que leur devoir et obéissent aux ordres de
leur hiérarchie et celle-ci à son
ministre donc au gouvernement responsable de la stratégie et du choix
des armes . La justice a jugé de nombreux gilets jaunes qui avaient confondu
colères et exactions et fait des enquêtes en cas de bavures supposées ou
d’interventions brutales et disproportionnées des policiers ou gendarmes, eux
qui sont accusés d’être à l’origine des heurts et de faire de la provocation
par leur simple présence ! La justice ne protège personne ce n’est pas son
rôle quoiqu’on en pense hâtivement.
C’est aussi
l’appel à la vigilance du président de la république après l’attentat à la
préfecture de police. On a bien compris car on ne l’aurait pas accepté qu’il ne
s’agissait pas d’aller vers une société de délation, de soupçon, de
dénonciation comme on a pu la connaitre dans l’histoire récente ou pendant la
terreur du grand « démocrate » Robespierre qui en a perdu la
tête. Il ne s’agit pas d’édifier
une république de la méfiance, de l’exclusion, du bouc-émissaire. Nous sommes
dans un état de droit avec des libertés publiques très enracinées. On ne va pas
changer de mode de vie et de réflexes qui consistent à protéger les droits
personnels. Chacun connait bien la formule consacrée selon laquelle la sécurité
est l’affaire de tous. En matière de terrorisme, de radicalisation qui y
conduit, de comportements déviants qui peuvent y mener, tout le monde
s’accorde pour être attentif et faire savoir aux autorités le risque que l’on
pressent. Je vais plus loin en rattachant le souhait du président à la notion
de devoirs que l’on a tendance à esquiver, car sans obligations le citoyen ne
l’est pas pleinement. Ce qui n’enlève aucun droit à personne, droits
individuels dont les demandes exponentielles y compris pour satisfaire des caprices
peuvent fracturer l’ensemble et parfois créer des tensions, ce qui pourrait
être un trouble à l’ordre public ?
L’actualité
c’est d’assurer le continuum du fonctionnement des institutions, des services
publics qui n’appartiennent pas à ceux qui y travaillent et défendent des
intérêts corporatistes, avec la justice sociale dont le contenu est à géométrie
variable, et la justice tout court qui est indispensable dans un état de droit
qui se respecte avec des juges qui appliquent les lois que les parlementaires
qui représentent le peuple discutent et votent. La justice participe pleinement
à la sécurité qui selon un autre principe vérifié en pratique est la première
des libertés. J’espère au passage que les condamnations concernant les black
blocks qui défient l’Etat donc nous les humbles citoyens payeurs que nos
excellents services de renseignement vont retrouver, seront exemplaires.
L’actualité
c’est aussi la préparation du scrutin de mars 2020 pour les élections
municipales puisque nous avons la chance de pouvoir choisir librement nos élus,
ce qui nous distingue d’une grande partie des pays du monde. Que tous ceux qui
critiquent ne se privent pas d’aller voter ou d’être candidats pour montrer ce
qu’ils savent faire. L’élection n’est un
piège à cons que pour ceux qui ne participent pas. La sécurité se joue aussi au quotidien et
surtout peut être dans les détails je veux dire dans la plus petite des quasi
36000 communes de France souvent rurales car dans les villes et certaines
banlieues (ex. Chanteloup-les- vignes récemment) les problématiques sont
différentes.
L’exécutif vient de s’apercevoir que les élus
locaux servaient à quelque chose tant dans la gestion des territoires que pour
le maintien de la cohésion des populations sans distinguer le citoyen des
villes et celui des champs : on s’en réjouit. Mais il ne faut pas
qu’il les aime comme la corde soutient le pendu. Il faut leur donner les
moyens pérennes d’agir, de la considération, les protéger dans leurs fonctions,
les assurer au sens propre du terme contre les velléités de certains habitants
plus prompts à engager judiciairement des responsabilités que d’aller voter ou
de se dévouer pour l’intérêt communal, et ne pas les cajoler uniquement
jusqu’au jour des élections. Ils ont besoin aussi de stabilité et de sécurité
puisqu’on leur confie le soin de protéger et de rassurer leurs concitoyens chaque
jour. Des politiques vont changer d’étiquette pour suivre le vent en espérant
avoir la réussite opportuniste. Mais les citoyens déjà désabusés et qui se sont
habitués au dégagisme ne seront pas dupes. Pour les élections locales on vote
pour le terroir, pour celui qui parait le plus disponible et le plus compétent.
On veut des bâtisseurs pas des carriéristes ; des batteurs de terrain et
pas des bateleurs ; des personnalités ouvertes et pas des idéologues. La
gestion communale exclut la démagogie ou le communautarisme qui est l’antithèse
de la république qui défend l’intérêt général et non une portion égoïste de la
nation et qui se fonde sur les libertés,
l’égalité des citoyens d’où qu’ils viennent et quel que soit ce qu’ils
pensent ou croient .La fraternité doit être de plus en plus renforcée
autant que faire se peut sans inventer toujours des excuses sociologiques et
psychologiques qui n’ont plus de fin et sans crier au racisme et à la
discrimination pour tout et rien sans pour autant nier ce qui est inacceptable
et que la justice doit punir fermement car on n’est pas naïf . L’émotion ne fait pas une politique mais elle
n’y est pas absente surtout en matière de violences contre les femmes et les
enfants en particulier. Sujets malheureusement d’actualité.
L’actualité
c’est donc d’être ferme sur les principes et valeurs républicains ; de ne
pas céder aux pressions et aux sentiments et de prendre des mesures qui
conduisent au progrès collectif. La sécurité avec la justice qui malmène les
puissants ou se croyant tels réduits à l’état de justiciable lambda et incarcéré
parfois on le voit, et on le verra peut-être encore plus bientôt, sont
fondamentales. Faut- il rappeler que l’intérêt général n’est pas la somme
des intérêts particuliers.
Je parie que
l’année 2020 sera belle malgré les difficultés en cours. Bonne fin d’année
2019.