UN 1ER MAI A OUBLIER
Par Christian
FREMAUX avocat honoraire et élu local .
Les défilés
du 1er mai cette année, surtout à PARIS, ont engendré des violences.
Pour être la fête ce fut la fête mais pas celle que l’on souhaitait, le muguet
ayant poussé tardivement et n’étant pas
non plus en plein épanouissement .C’est vrai qu’il n’y avait pas de quoi être
surpris le climat-social- étant dégradé depuis des mois, et les manifestations contre
la loi dite travail –ou plutôt
anti-emploi selon moi- portée ou « ramassée »
par Mme EL KHOMRI (que je plains à titre personnel) ne cessent pas. On peut à
ce propos s’étonner que certains députés de la majorité (socialiste) au
parlement attendent le texte de pied ferme pour le torpiller et faire plaisir à
la rue, alors qu’ils sont censés
soutenir un gouvernement de gauche,
tandis que l’opposition (de droite) est plus ouverte et pragmatique ,
respectueuse des principes républicains
et des intérêts contradictoires des salariés et du patronat .Notre
parlement n’a pas besoin de cela pour
être critiqué ouvertement sans que, naturellement ,on propose une alternative
aussi démocratique et légitime. Qui doit faire la loi ? Des agités dans la
rue qui ont la vérité révélée ou les parlementaires élus et qui représentent le
peuple ?, même s’ils ne sont pas parfaits-mais qui l’est ?- et
doivent se réinventer dans leur pouvoir
pour ouvrir un dialogue plus
constructif. Il ne suffit pas de vouloir tout changer : il faut dire par quoi,
comment et avec qui.
La journée du
1er Mai 2016 n’a pas été exemplaire et est inquiétante pour l’avenir,
car la violence sociale s’aggrave et l’on ne voit pas à court terme d’union sur
les objectifs, d’accord sur les moyens à mettre en place, et de réconciliation
entre les divers groupes d’intérêts .Avec le terrorisme récurrent qui crée un
climat anxiogène malgré les efforts et
les déclarations du 1er ministre et de son ministre de l’intérieur ;
avec les difficultés de toute nature qui sapent l’optimisme même si la France va
mieux en macro-économie ,donc globalement mais ce qui n’a pas encore atteint l’individu ;avec
la nouvelle querelle religieuse avec l’islam radical qui entraîne des
répercussions dans certaines de nos villes, voire dans nos villages ; avec
une sorte de burn-out généralisé et une exaspération qui monte par capillarité, l’avenir n’est pas
réjouissant. Et on gâche la fête qui
aurait du être un moment de fraternité et de solidarité.
Les rues de PARIS
notamment appartenaient aux salariés (plus ou moins nombreux selon les chiffres
de la préfecture ou ceux des organisateurs) au sens large le 1er
mai. Désormais ce sont tous ceux qui protestent pour n’importe quel motif même éloigné du
droit du travail !, qui marchent. Naturellement les patrons notamment petits et moyens pas ceux du CAC 40
qui travaillent autant que leurs salariés, la responsabilité de l’entreprise et
le devoir de maintenir ou de créer de l’emploi en plus, sont absents voire écartés
des cortèges, car ils sont par définition
des « exploiteurs » : MARX tendance Karl et non Groucho,
n’est pas mort. Les syndicats qui représentent environ 8% des salariés avec une
grosse majorité dans la fonction publique, tiennent le haut du pavé comme si le pouvoir leur appartenait et qu’ils
avaient la légitimité pour représenter le peuple tout entier, y compris la
majorité silencieuse qui exècre les
excès, le désordre, les revendications démagogiques, et qui fait tout pour s’en
sortir en respectant les lois, et les
autres. En ce 1er mai les slogans furent divers mais très dirigés et
vindicatifs-rien ne va et c’est la faute aux méchants(chacun mettant qui il veut dans cette
catégorie), et souvent outranciers en dénonçant les « violences policières »-faudrait-il
que policiers et gendarmes fraternisent
avec les casseurs ou les manifestants ?- Le tract de la CGT accusant la police
républicaine d’être des provocateurs et
de faire des victimes est particulièrement odieux. Il y a eu de nombreux
policiers et gendarmes blessés parfois grièvement pour avoir obéi aux ordres de leur ministre et avoir fait leur
travail, avec discernement et responsabilité , faut-il le préciser ? Imagine
– t- on que le gouvernement décide de ne pas encadrer les manifestations pour
ne pas intervenir s’il y a des débordements, qu’il n’y ait ni CRS ni gendarmes
pour protéger les biens et les personnes ? Pour que ceux qui défilent ne
crient pas à la provocation dans leurs rangs ? Qu’ainsi les casseurs puissent
agir librement ? Que n’entendrait-on comme critiques ou comme cri « où
est la police » face aux dégâts matériels et physiques ! Cette police
que l’on a décriée le 1er mai, alors qu’on l’avait acclamée et
embrassée après les attentats de CHARLIE HEBDO début 2015, puis remerciée après
les attentats du 13 novembre 2015.Esprit versatile et mauvaise foi, quand tu
nous tiens !
En 1970 à
propos du printemps de PRAGUE, Jean FERRAT chantait : « c’est un joli
nom camarade, c’est un joli nom tu sais ; qui marie cerise et grenades aux
cents fleurs du mois de Mai ». Le poète devait penser aux fruits, et non
aux grenades lacrymogènes qui ont été lancées pour repousser les casseurs, très
agressifs, et faire évacuer la place de la NATION.
La NATION c’est
aussi un joli nom camarades syndiqués,
lycéens impatients d’affronter le monde du travail, étudiants prolongés qui s’inquiètent
avant –pour quelques uns –de faire carrière en … politique, et citoyens qui
rêvent d’un autre monde (comme jadis le groupe TELEPHONE le chantait ); ou
particuliers de bonne foi qui croient que l’utopie changera tout (son inventeur
en 1516 le chancelier d’Angleterre THOMAS
MORE « l’utopie ou le traité de la meilleure forme de gouvernement » a mal fini).La nation soude tous les citoyens
au sein d’un communauté qui partage le même destin, qui est au-delà des
contingences partisanes, et qui a permis au peuple de se surpasser dans des
crises majeures qui menaçaient son existence .Beaucoup sont morts pour la
nation, comme les soldats –citoyens de
VALMY. Transformer la place de la nation en un affrontement franco-français est
un contresens historique et une honte.
D’autant plus
que les arpenteurs du bitume venaient de la place de la République où le mouvement
NUIT DEBOUT auto-inorganisé, très
sectaire puisque n’admettant pas d’autre opinion que ceux qui y squattent et
anarchique, fournit des troupes, là où l’autorité
de l’ETAT ne s’exerce plus, au nom de la liberté d’expression et du droit de
manifester. « Ô liberté que de crimes on commet en ton nom » s’écriait
Mme ROLAND , femme des lumières, âme du
pari girondin avant d’être décapitée .Mais il y des limites à tout, les
tribunaux le rappellent, et quand on sait qu’après le couvre-feu les casseurs
envahissent la place de la république, on essaie d’anticiper et d’agir. La République,
res-publica la chose de tous, ne peut tolérer qu’on la provoque, qu’on la
bafoue, que l’on teste sa résistance. La république c’est certes le droit de s’exprimer,
de ne pas être d’accord et de le faire savoir, mais c’est aussi le devoir de
respecter les autres, et la loi votée démocratiquement dans le cadre de l’état
de droit (d’ailleurs accentué par l’état d’urgence actuel), et d’acquérir une éventuelle
légitimité par l’élection et non par une auto-proclamation en niant toute valeur aux institutions ou
aux représentants légaux. Le nihilisme conduit à l’impasse et pour la révolution, on a déjà donné, surtout
avec les exemples contemporains qui
devraient nous faire réfléchir .Ainsi le
mouvement PODEMOS en Espagne qui a eu des députés , barre la route à la droite
qui a quelque peu redressé l’économie de pays, mais refuse de participer à une
coalition de gauche ou à un pouvoir quelconque,
et l’Espagne ne peut trouver un gouvernement. Peut-on dire que tout ceci
est responsable ? Mais ce terme doit être étranger à nos revendiquants. Les
indignés n’ont pas de débouchés. Le peuple n’est pas bien parti !
Nation,
République, ces mots furent dévoyés ce 1er
Mai. Les casseurs ont cassé la fête. Soyons francs, on le pressentait. A force
de ne pas dénoncer clairement et fermement la violence quelque soit la raison (
prétendue bonne ou non)-sauf quelques politiques courageux-à force de comprendre l’exaspération grandissante justifiée ou non, de critiquer élus et responsables
divers, et d’appeler à un quasi grand
soir, certains y ont cru. La faiblesse
engendre toujours des tentatives, même s’il faut un dialogue et qu’il ne
s’agit pas d’interdire au profit d’un
ordre qui n’aurait aucun sens. Certes tout ne va pas bien, et il faut réfléchir
pour créer une société de confiance plus juste et plus égalitaire. Mais pour
réformer encore faut-il l’appui d’une majorité, un consensus des citoyens et un
pouvoir qui propose , met en place, et réussit.
Espérons que pour la future élection présidentielle, des programmes qui rassemblent, cohérents, réalistes,
chiffrés et détaillés permettront d’élire un président qui pourra agir avec une
majorité qui le soutient.
Le soir de ce
1er Mai j’ai regardé BFM TV.J’y ai vu et entendu M.BESANCENOT celui
qui est un révolutionnaire permanent mais qui a choisi d’être postier car la
poste c’est stable, qui revenait du
défilé, se refuser à désavouer les violences, dénoncer la provocation
policière, et s’offusquer que le
gouvernement n’écoute pas la rue en maintenant sa loi dite travail. Bien sûr il
n’a prononcé aucune parole de réconfort à l’égard des policiers et gendarmes
blessés dans l’accomplissement de leur mission. Quand on en est à ce niveau de déclaration, on reste confondu. Heureusement
BFM m’a arraché un sourire en rappelant que M.J.M. LE PEN avait fêté
JEANNE D’ARC avec une poignée de fidèles place des pyramides (qui sont des
tombeaux) sans sa fille, tandis que celle-ci
célébrait la même JEANNE avec ses partisans place SAINT-AUGUSTIN ( l’un des
pères de l’église des 4ème et 5ème siècle qui eut une jeunesse agitée avant de
trouver un sens à sa vie avec DIEU). Un FN ça va, mais deux bonjour les dégâts
si je puis me permettre cette formule, en respectant ceux qui choisissent cette voie,
déçus par les autres.
Oublions ce 1er
Mai 2016 et espérons en des jours meilleurs.